Sákkari : « Je ne m’étais pas assez rendu compte de la chance que j’ai »

27 sept. 2023 à 17:12:07 | par Mathieu Canac

Gagnante du WTA 1000 de Guadalajara sans perdre un seul set en route, María Sákkari a séché les larmes de l’US Open. En trouvant un nouvel état d’esprit.

Des larmes, au sourire. Le grand. Ce n’est pas (qu’)une image. C’était littéralement le but de María Sákkari. « Je n’avais qu’un seul objectif cette semaine : être heureuse », a-t-elle expliqué pour le site de la WTA après son titre à Guadalajara le week-end dernier. Son premier sacre en WTA 1000, et son deuxième trophée en simple sur le circuit principal, quatre ans après le précédent. Un besoin ressenti après avoir moralement sombré dans les abysses. Trois semaines avant le début du tournoi mexicain, l’actuelle 6e joueuse mondiale avait quitté l’US Open dans les pleurs, frappée par le désarroi. Après une défaite contre Rebeka Masarova, 71e de la hiérarchie planétaire. Au premier tour. Sa troisième élimination consécutive d’entrée en Grand Chelem.

Un revers prolongeant une série : bien qu’ancrée dans le top 10 depuis le 27 septembre 2021, la native d’Athènes n’a plus atteint les huitièmes de finale en Majeur depuis l’Open d’Australie 2022, en n’ayant manqué aucune des sept levées suivantes. « Si j’avais joué 10 % mieux, j’aurais gagné ce match, a-t-elle déclaré à New York, lors d’une conférence de presse où la détresse et les pleurs ont pris le dessus. Ce sont des matchs que je dois gagner, j’en ai perdus trop cette année. Mon niveau était (ce jour-là) et a été (à différents moments de la saison) faible. Je dois faire quelque chose pour changer ça. C’est encore très incertain pour le moment, je ne sais pas ce que je vais faire, si je vais prendre une pause ou non. »

Finalement, pas de pause. Mais la joueuse de 28 a trouvé ce qu’elle devait faire : se rendre compte de sa chance. « Si vous regardez mes matchs (à Guadalajara), vous verrez que je souris plus que d’habitude, a-t-elle expliqué, toujours pour le site de la WTA. C’était mon but. C’était la clef pour rebondir et me sentir à nouveau bien sur le court, être heureuse et apprécier ce que je fais. » Un état d’esprit trouvé en s’inspirant de la nouvelle reine de Flushing Meadows, Cori Gauff. « J’ai vraiment aimé ce que Coco a dit à l’US Open, à propos des gens qui ont de plus gros problèmes que perdre un match de tennis, elle a totalement raison, s’est-elle exprimée. J’ai gardé ça en tête, et ça m’a rendue plus forte. Au final, c’est juste un match de tennis. »

« Si vous regardez mes matchs (à Guadalajara), vous verrez que je souris plus que d’habitude » -  María Sákkari

« Je suis en bonne santé ; mes proches sont heureux et en bonne santé aussi, c’est le plus important, a ajouté celle qui a notamment battu Caroline Garcia en demi-finales à Guadalajara. Ce sont des choses auxquelles je prends le temps de penser, pour me rappeler ce qui compte vraiment dans la vie. Chacun se concentre sur ses propres problèmes, qu’ils soient grands ou petits, et oublie ce qu’il se passe dans le reste du monde. (...) Je vis de ma passion, le tennis, c’est plutôt cool. Je ne m’étais pas assez rendu compte de cette chance que j’ai, par le passé. » Et, indirectement, en prenant exemple sur “Coco” Gauff, “Sakkattack”, son nom sur Instagram, a suivi la philosophie adoptée par un autre talent précoce : Carlos Alcaraz.

« À Cincinnati, Carlos (qui a été finaliste, en offrant un duel épique avec Novak Djokovic) a perdu un set à chaque rencontre, a rappelé Gauff devant la presse à l’US Open. Il n’était pas à son meilleur niveau, clairement. Et pourtant, contre "Hubi" Hurkacz par exemple (en demi-finale), alors qu’il a même dû sauver une balle de match, il continuait à sourire. Je me suis dit : "S'il sourit alors qu'il est numéro 1 mondial, qu'il a toute cette pression, qu'il est censé battre Hubi sur le papier, je peux au moins le faire dans des situations où je ne suis pas favorite. J’ai beaucoup appris de cette joie. J’en ai beaucoup en moi, mais j’avais l’impression de l’enfermer quand je jouais. Maintenant, je m’amuse, je souris et je ris sur le court. »

Dans la foulée de sa victoire contre Taro Daniel au deuxième tour de Roland-Garros, Carlos Alcaraz avait eu ces mots, lâchés, évidemment, en souriant : « Je gagne parce que je souris. Le plus important, c’est de prendre du plaisir. Le sourire est la clef de tout pour moi. » Après avoir trouvé cette clef pour déverrouiller son esprit, María Sákkari s’en est servie pour s’ouvrir à nouveau les portes d’une victoire en simple sur le circuit principal. Et entrer dans l’histoire du tennis en devenant la première femme grecque à voir son sourire se refleter sur le trophée d’un tournoi WTA 1000.

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