Dans « la Grosse Pomme », quatre membres de la Team Jeunes Talents ont encore un peu plus mûri. Luca Van Assche, Arthur Cazaux et Elsa Jacquemot ont tous trois joué le tableau final de l’US Open pour la première fois de leurs carrières ; Ksenia Chasteau, poursuivant son ascension fulgurante, s'est 'imposée en tennis-fauteuil chez les juniors, son premier sacre en Grand Chelem.
Bien que battu lors de son entrée en lice, Luca, 19 ans et 67e mondial, a encore gagné en expérience en ferraillant pendant quatre sets (6-3, 3-6, 6-2, 7-6³) avec Nicolas Jarry, 25e du classement ATP. Et il est même passé à un cheveu d’emmener le duel au cinquième round, en se procurant une balle de set à 5-4 sur son service dans le quatrième, avant que le Chilien ne le coiffe sur le fil.
En plein boum depuis le début de l’année, le corps enfin épargné par les blessures, Arthur, a brillé pendant les qualifications en éliminant Zizou Bergs (6-3, 6-2) puis Shintaro Mochizuki (6-1, 6-2) avant de buter sur Stefano Travaglia (6-7⁴, 6-4, 6-1). Mais, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le forfait de dernière minute d’Emil Ruusuvuori lui a permis d’intégrer le tableau final en tant que lucky loser. De quoi engranger de « l’XP », comme disent les gamers, en se frottant pour la première fois à un top 10 : Andrey Rublev, 8e de la hiérarchie planétaire et concasseur de balle réputé. Vaincu 6-4, 7-6⁵ 6-1, l’espoir de 21 printemps est 130e mondial cette semaine. Un an en arrière, il était 432.
Elle aussi passée par les qualif’, Elsa, au deuxième tour de celles-ci, a disputé un match à sensations fortes. Après sa victoire contre l’ancienne 50e mondiale Jana Čepelová pour débuter son parcours, la joueuse de 20 ans est venue à bout de Diana Shnaider : 6-7⁵, 7-5, 6-3. En sauvant sept balles de match ! Deux à 6-7⁵, 3-5, 15-40 sur son service, puis, encore plus fort, cinq à 6-7⁵, 4-5 alors que la Russe a mené 40-0 sur son propre engagement. De quoi s’offrir la 84e du classement WTA, sa première top 100. Sans doute, aussi, grâce au vécu d’une première finale ITF douloureuse en 2022, dont elle avait beaucoup appris pour progresser dans la gestion des émotions et finalement ouvrir son palmarès professionnel en fin de saison. Après un troisième tour passé contre Marianne Hartono (7-6³, 6-1), la championne du monde junior 2020 s’est inclinée contre Lesia Tusrenko, 46e mondiale, dans le tableau final. Avec les honneurs, 7-5, 3-6, 6-1, malgré la fatigue et deux appels au soigneur pour se faire strapper les pieds.
Avant le Majeur new-yorkais, plusieurs autres Jeunes Talents se sont illustrés. Diane Parry, 20 ans, est allée jusqu’en demi-finale à Lausanne, sa deuxième sur le circuit principal. Après une première demi-finale en Challenger à Lyon, en juin, en s’offrant Pedro Martínez (120e), Ivan Gakhov (147e), et Benoît Paire (152e), soit les trois plus belles perf’ de sa jeune carrière, Gabriel Debru, 17 printemps, est allé jusqu’en finale du Challenger de Prague fin août. Dans le sillage de ces figures de proues,Gabriel Debru, Sarah Iliev, Geoffrey Jasiak et Cindy Langlais ont eux aussi eu des résultats brillants.
Gabriel Debru
Âge : 17 ans
Classement : 318e mondiale (au 11/09/2023)
Performance : première demi-finale en Challenger, à Lyon en juin, puis première finale sur ce circuit, à Prague fin août
Finaliste contre l'ancien grand espoir allemand Rudol Molleker sur la terre battue du Challenger de Prague, après s'être extirpé des qualifications, Gabriel Debru s'était déjà illusté un peu plus tôt sur celle du Challenger de Lyon. Bénéficiire d'une wild card, il était allé jusqu'en demi-finale après avoir battu Pedro Martinez (120e), Ivan Gakhov (147e) et Benoît Paire (152e) : les trois meilleures perf' de sa carrière sur le plan du classement.
Avant Lyon, ta meilleure perf’, sur le plan du classement, était une victoire contre le 220e mondial (Andrea Pellegrino, à Roanne en novembre 2021). À lyon, tu as enchaîné des succès contre Pedro Martinez (120e), Ivan Gakhov (147e) et Benoît Paire (152e). Sur quels aspects penses-tu avoir franchi un cap pour battre des joueurs de ce calibre ?
Je pense avoir passé un cap sur l’aspect mental, en terme de concentration, et sur le plan de ma capacité à garder encore plus d’intensité sur plusieurs matchs consécutifs.
En quart de finale, tu t’imposes 6-2, 6-7(9), 6-2 contre Benoît Paire. Tu perds le deuxième set après un tie-break intense (des points haletants) et sous haute tension (quelques doubles fautes des deux côtés), sur la troisième balle de set contre toi après avoir eu trois balles de match. Peux-tu nous décrire ce que tu as ressenti pendant ce tie-break ?
J’étais plus tendu qu’au premier set, car Benoît jouait bien mieux, il mettait beaucoup plus de pression, et faisait moins de fautes. Il était dangereux car il était au pied du mur, après avoir sauvé trois balles de match. Avec l’interruption, j’étais assez frustré. Juste après l’interruption du match à cause de la nuit, je suis allé m’entraîner sur un court annexe éclairé, à 23h30. Je devais faire un contrôle anti dopage donc je me suis dit, avec mon coach : autant en profiter pour travailler les domaines dans lesquels j’avais été moins bon ce jour-là pour pouvoir être meilleur le lendemain. J’ai fini le test anti dopage à 00h30, et je me suis endormi vers 1h45….
Après ce jeu décisif, le match a été interrompu par la nuit et reprogrammé au lendemain. Est-ce que cette interruption t’a aidé à digérer plus facilement les balles de matchs sauvées par Paire ?
L’interruption m’a permis de me recentrer sur ma tactique de jeu afin de pouvoir arriver le jour suivant en étant prêt à en découdre.
Lors de la poignée de main, Paire t’a glissé quelques mots. Que t’a-t-il dit ?
Benoît ma glissé des mots positifs mais je pense que c’est personnel, je préfère ne pas les dévoiler.
En demi-finale, tu t’inclines 6-7(3), 6-3, 6-2. Est-ce le fait d’avoir déjà un set dans les pattes (le troisième contre Paire) ce jour-là qui t’a un peu coûté physiquement à la fin ?
Je pense qu’ avoir joué un troisième set le matin même contre benoît m’a demande énormément de concentration et d’énergie après la perte du deuxième set avec trois balles de match la veille, en plus du fait de m'être couché très tard en raison du test anti-dopage. L'après-midi (défaite contre Alexander Ritschard en demi-finale, ndlr), mon physique a été limité à partir de la fin du deuxième set, mais je me suis accroché. Malheureusement, ça n'a pas suffi pour gagner contre un très bon joueur.
Il y a un an, tu nous avais expliqué avoir beaucoup travaillé sur ton attitude, pour "rester très positif tout le long d’un match, s’encourager, montrer de la détermination". En estimant que c’était désormais une force. Sur quel aspect penses-tu avoir le plus besoin de progresser désormais ?
Je pense qu’il faut continuer de travailler sur tous les aspects. Bien sûr, il faut que je renforce mon jeu, mais aussi mon physique afin de tenir pendant les matchs plus longs, de pouvoir les enchaîner comme le font les grands champions. Donc je dirais que j'ai davantage besoin de travailler mon physique et ma concentration.
Grâce à cette demie, tu as fait ton entrée dans le top 500. Est-ce anecdotique pour toi, où as-tu un objectif de classement d’ici la fin de saison ?
Oui, forcément, c’est une petite victoire. Ça faisait un moment que j’étais entre 500 et 550, ça fait du bien de passer un petit cap au niveau du classement, ça donne le sourire après des mois de travail.
Sarah Iliev
Âge : 16 ans
Classement : 573e mondiale (au 11/09/2023)
Performance : premier match sur le circuit principal, à Strasbourg, en sortant des qualifications
Sur la terre battue de Strabourg, juste avant Roland-Garros, Sarah Iliev a fait honneur à sa wild card. Invitée par les organisateurs pour prendre part aux qualifications, Sarah est parvenue à intégrer le tableau final en éliminant au passage la 209e mondiale, Bai Zhuoxuan. Le meilleur résultat de sa jeune carrière, sur le plan du classement, juste devant son succès contre une Harmony Tan 210e à Saint-Gaudens la semaine précédente.
Qu’est-ce qu’on ressent quand on entre sur le court, à 16 ans, pour disputer son premier match sur le circuit principal ?
J’étais extrêmement excitée à l’idée de jouer mon premier match sur le circuit principal. J’avais envie de bien faire, mais surtout j’avais envie de profiter du moment et de me donner à fond pour ne pas passer à côté de cette chance.
Étais-tu plus stressée que d’habitude ? Comment travailles-tu en amont pour gérer au mieux possible le stress une fois en match ?
J’étais stressée, mais c’était un bon stress, qui m’a aidée. Quand je suis sur le court, j’essaye de penser au maximum à mon jeu et non au score, même si ce n’est pas le plus facile à faire. Mais le contexte me le permettait, et j’y suis parvenue.
Lors des qualif’, au deuxième tour, tu as battu Zhuoxuan Bai, 210e mondiale (la Chinoise est désormais 128e). Sur quels aspects penses-tu avoir le plus progressé ces derniers mois pour battre une joueuse de ce calibre ?
Sur mon jeu, je sens que j’ai réussi à progresser dans ma frappe de balle, je trouve qu’elle est plus rapide. Et au niveau des sensations aussi ; notamment ce jour-là, je sentais vraiment bien la balle.
Contre Bai, tu es sortie gagnante d’un combat de 2h52 - 6-4, 4-6, 7-6 - après avoir sauvé quatre balles de match à 5-2 sur le service de Bai. Avais-tu déjà réussi une telle remontée ? Est-ce le plus beau match de ta carrière (par le résultat, le contexte etc.) ?
J’avais déjà réussi une belle remontée comme celle-ci, mais dans ce contexte et contre une fille de ce niveau-là, jamais. C’était encore plus dur et plus stressant. C’est ma plus belle victoire pour le moment, d’autant plus par rapport à la manière dont ce match s’est déroulé.
Au premier tour du tableau principal, tu t’es mesurée à Lauren Davis (7-5, 6-0), 58e mondiale à ce moment-là et ancienne 26e. Sur quels aspects, selon toi, y a-t-il le plus de différence, pour le moment, entre ton tennis et celui d’une joueuse de ce niveau ?
La plus grande différence, je trouve, est sur le plan physique. Et concernant mon tennis, c’est sur la stabilité et l’endurance de mon jeu. Par stabilité et endurance, je veux dire ma capacité à tenir mon plan de jeu tout au long du match contre des adversaires qui vont me poser plus de problèmes, qui jouent très bien.
Pour la suite de la saison, vas-tu continuer à jouer en parallèle sur les circuits dames et juniors, où as-tu pour objectif de te concentrer sur le circuit dames ?
Je suis limitée en tournoi pro femmes (entre ses 16 ans et ses 17 ans, une joueuse ne peut participer qu’à 12 tournois professionnels, ndlr), ce qui est compliqué. Mais à partir de mon anniversaire en fin d’année (le 3 octobre) j’aurai la possibilité de jouer plus de tournois pros (entre ses 17 ans et ses 18 ans, une joueuse peut participer à 16 tournois professionnels, ndlr), alors j’en ferai plus et je participerai peut-être encore à quelques tournois juniors à côté.
Geoffrey Jasiak
Âge : 30 ans
Classement : 32e mondial en tennis-fauteuil (au 11/09/2023)
Performance : finaliste des Championnats de France de tennis-fauteuil début juillet, vainqueur du tournoi de Turin fin juillet, 5e titre de sa carrière.
Comme l’an passé, Geoffrey Jasiak est allé jusqu’en finale des Championnats de France. Bien que le résultat soit le même, il témoigne, par son contexte, les adversaires - et notamment un succès contre Guilhem Laget, lui aussi membre de la Team Jeunes Talents - de la progression de Geoffrey.
Comme l’an passé, tu fais deuxième des Championnats de France. Mais, cette fois, tu as battu Guilhem Laget, le double tenant du titre. Celui qui t’avais battu en finale l’an passé, et en demie en 2021. C’est le type de victoire qui peut te faire franchir un cap ? As-tu changé quelque chose dans ton jeu pour le battre ?
Effectivement, c’est la troisième fois de suite que je joue contre Guilhem aux Championnats de France. Cette année, j’ai réussi à le battre en demi-finale et cette victoire permet d’engendrer de la confiance, de noter une progression dans mon jeu. Je ne l’ai pas changé, mon jeu, mais je pense avoir réussi à mettre en place ce qu’on travaille à l’entraînement. Par rapport à mon identité de jeu, être assez agressif. Ce genre de match peut aider à passer un cap, oui.
En finale, tu perds contre Frédéric Cattanéo, qui faisait son retour aux Championnats de France depuis son titre 2018, et grand favori avec les absences de Peifer et Houdet. Estimes-tu donc que, même si tu fais deuxième comme l’an passé, c’est un meilleur résultat qu’en 2022 ?
Je pense que, malgré le même résultat final avec cette place de vice-champion de France, le niveau de jeu de la première série évolue d’année en année. Donc, oui, c’est un meilleur résultat qu’en 2022.
La finale s’est jouée dans des conditions difficiles, avec beaucoup de vent, et Frédéric Cattanéo a notamment expliqué que tu lui avais “donné beaucoup de points au début”. Était-ce dû aux conditions ? À l’enjeu ? Un peu des deux ?
Oui, les conditions étaient difficiles, mais c’était valable pour les deux joueurs. Frédéric a mieux géré cette situation, ainsi que l’enjeu avec sa forte expérience. Ça fait partie de mon apprentissage et de ma progression.
Tu t’es incliné 6-1, 6-3, contre Frédéric Cattanéo (top 20, ex top 10 ) en poule, et 6-0, 6-3 en finale. Sur quels aspects penses-tu avoir le plus besoin de progresser pour rivaliser sur la durée, tout au long d’une saison, avec des joueurs de ce niveau et pouvoir intégrer le top 20 ?
Il faut que je progresse sur le plan de la manipulation du fauteuil, et sur la régularité de mon jeu. Être plus constant contre ces joueurs-là est très important.
Avec ce résultat aux Championnats de France et la condamnation de Nicolas Peifer (suspendu), te sens-tu comme le numéro 3 Français derrière Stéphane Houdet et Frédéric Cattanéo ?
Effectivement, Stéphane et Frédéric dominent notre classement national, mais je ne me considère pas comme le numéro 3 français. Avec Guilhem (Laget, 31e) et Gaëtan (Menguy, 25e) le niveau est très proche, ça peut se jouer sur un match entre nous ! Il faut continuer à travailler pour essayer de gagner cette place de numéro 3 Français, avec plus de régularité.
Guilhem Laget étant lui aussi membre de la Team Jeunes Talents, quelles sont vos relations ? Avez-vous l’occasion d’échanger régulièrement, de vous entraîner ensemble ?
Oui, avec Guilhem, depuis janvier 2023, on a intégré le Pôle France à Paris donc on s’entraîne ensemble au quotidien. On joue un maximum de doubles ensemble sur le circuit international et on communique pas mal entre les tournois.
Cindy Langlais
Âge : 14 ans
Classement : 643e mondiale juniors (25e des joueuses nées à partir de 2009, au 11/09/2023)
Performance : deux demi-finales consécutives en mai, à Jönköping puis Dijon, ses deux premières en junior J60.
Comptant parmi les plus jeunes membres de la Team Jeunes Talents, Cindy Langlais a fait ses débuts sur le circuit international junior en fin de saison 2022, à 13 ans. Une demi-saison plus tard, la voilà déjà avec plusieurs bons résultats en poche.
Tu as fait tes débuts sur le circuit juniors en fin de saison dernières (à 13) ans, puis tu as joué une demi-finale en J30 en mars, et deux demies de suite en J60 en mai. T’attendais-tu à ces résultats aussi rapidement, ou t’es-tu surprise toi-même ?
Oui, je m’attendais à ces résultats, je voulais même faire mieux.
Sur le circuit junior, il t’arrive régulièrement de jouer des filles de deux, quatre ans de plus, comme Josefine Falster à Jönköping. As-tu parfois un déficit de puissance face à ces joueuses plus âgées ? Si oui, quels atouts utilises-tu pour rivaliser avec ces joueuses plus puissantes ?
Il m’arrive de jouer contre des filles plus puissantes, dans ces cas-là je rivalise avec ces joueuses par ma précision, mes effets et surtout mon mental.
Cette victoire contre Falster t’as d’ailleurs permis d’avoir une assimilée -15 à ton palmarès français. C’est la deuxième -15 de ta vie, si je ne me trompe pas ? T’es-tu fixée un objectif de classement à atteindre d’ici la fin de la saison ?
Non, je ne me suis pas fixée un objectif de classement à atteindre d’ici la fin de la saison.
Au classement mondial juniors, tu es 860e (au 10 juillet). Le classement juniors est-il, pour le moment, anecdotique pour toi, ou aussi important (voire plus) que le classement français ?
Le classement junior est, pour moi, plus important que le classement français, il comprend toutes les filles dans le monde !
Comment décrirais-tu ton style de jeu ? Quels sont tes points forts ?
Mon style de jeu est agressif, je fais mal grâce à ma puissance.
Dans quel domaine estimes-tu avoir le plus besoin de travailler ?
Je pense devoir travailler ma précision.
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