Le Hall of Fame de mars

29 mars 2022 à 14:00:00 | par Régis Delanoë

Ashleigh Barty
Alors que février avait vu le circuit ATP changer temporairement de roi, mars a été marqué par un séisme dans le petit monde de la WTA : la retraite de Ashleigh Barty à 25 ans, qui laisse au passage Iga Swiatek enfiler le costume de reine. À noter également : la confirmation Alcaraz, les bourrasques de Taylor Fritz et une énorme perf’ de Gaël Monfils. En avant pour le récap’.

Le MVP du mois : Taylor Fritz

Il n’est pas le plus connu de la Next Gen, mais Taylor Fritz, 24 ans, mérite aussi son coup de projecteur. Mi-mars, l’Américain a même su saisir sa chance dans son jardin californien et a remporté le Masters 1000 d’Indian Wells, soit le premier gros trophée d’un palmarès jusqu’ici seulement rempli d’un succès à Eastbourne en juin 2019. Résultat : le voilà aujourd’hui installé au treizième rang mondial. « Mes attentes sont beaucoup plus élevées. Je veux entrer dans le top 10 », a-t-il cependant prévenu, lui qui sort des « six meilleurs mois de sa carrière » et qui a notamment poussé Stefanos Tsitsipas à un cinquième set lors du quatrième tour du dernier Open d’Australie. Fritz est un dur au mal et son sacre à Indian Wells face à Rafael Nadal en est la meilleure preuve : touché à la cheville droite lors de sa demi-finale remportée contre Andrey Rublev, le Californien ne savait même pas s’il pourrait rentrer sur le court. Bonne idée : « Au final, je suis allé sur le court et j'ai joué sans la moindre douleur. Je n'ai rien senti ! Je ne sais toujours pas comment c'est possible d'être passé d'un extrême à l'autre en quelques heures… » Peut-être aussi qu’en face, Nadal, touché aux côtes, était encore plus éclopé. 

 

La sensation du mois : Ashleigh Barty

Elle a finalement dit stop. Usée et rassasiée, Ashleigh Barty, victorieuse haut la main du dernier Open d’Australie, a décidé cette semaine de ranger ses raquettes. La voix pleine d’émotion, la numéro 1 mondiale a fait cette fracassante annonce sur son compte Instagram via une vidéo toute simple, à son image d’anti-star, assurant être « tellement heureuse et tellement prête », persuadée que « c’est la bonne chose à faire ». À savoir : partir au sommet, au top de la hiérarchie WTA, en ayant disputé un dernier match à Melbourne, avec trois Grand Chelem remportés sur le CV. Aucun signe avant-coureur ne laissait cependant présager d’une telle annonce, même si, à y regarder de plus près, Barty semblait limiter de plus en plus ses déplacements loin de son Australie chérie, où elle doit prochainement se marier avec son amour de longue date, Gary Kissick. Ciao l’artiste, et merci.

 

La série du mois : Iga Swiatek

Instable depuis de nombreuses années, le haut du classement WTA a donc carrément perdu sa tête ! Suite au départ d’Ashleigh Barty, c’est donc Iga Swiatek, quasiment imbattable depuis le début d’année et victorieuse à Indian Wells, qui reprend le trône. « Il n’y a pas de meilleure personne qu’elle pour devenir numéro 1, l’a alors adoubé Barty. Elle est incroyable et le mérite totalement. » Un bel hommage en direction de la jeune polonaise, amatrice de Rafael Nadal, qui vient de remporter son troisième Masters 1000 en trois finales disputées, son deuxième en 2022. À 20 ans, Swiatek a surtout un avenir énorme devant elle et peut profiter d’une concurrence qui peine à se montrer régulière. La reine est partie, vive la reine ! 

 

Le coup de pompe du mois : Rafael Nadal

Oui, l’ogre Nadal, le quasi invincible Nadal, a finalement fini par céder, rattrapé à Indian Wells par une douleur alors inconnue. « Quand je respire, c'est comme une aiguille qui s'enfonce, expliquait-il en conférence de presse d’après sa défaite en finale contre Taylor Fritz. J'ai des petits vertiges parce que c'est douloureux. C'est une douleur qui me limite beaucoup. » Beau joueur, il a malgré tout tenu à conclure ainsi : « J'ai fait le maximum, mais ce n'était pas mon jour. C'était celui de Tayor, il mérite sa victoire. » Le lendemain, le verdict médical tombait : cette douleur au pectoral gauche était la conséquence d’une fissure de stress à une côte nécessitant au moins un mois de repos. Le guerrier espagnol, apparu fatigué tout le long du tournoi californien, va enfin pouvoir souffler. C’est peut-être un mal pour un bien avant de se tourner vers Roland-Garros, où l’on espère que l’Espagnol, qui a dû tirer un trait sur le début de saison sur terre battue, sera à 100%. Ce serait quand même dommage de ne pas profiter plus longtemps de sa version effrayante de 2022.

 

Le rookie du mois : Carlos Alcaraz (oui, encore)

Comment pourrait-il en être autrement ? Demi-finaliste à Indian Wells, Carlos Alcaraz ne cesse de confirmer son statut de “baby Nadal” : une puissance implacable, un gros mental et des coups de génie qui comptent déjà de nombreux fans, dont Gaël Monfils, séché en huitième de finale par le prodige. « Il a toute la vie pour accomplir des trucs exceptionnels, ce qu’il va faire je pense, a alors salué le Français. Il est très sympa. Il a un côté très athlétique. Son jeu a plein de panache : il tape, il vient à la volée, il fait tout très bien. Beaucoup mieux que moi. On espère qu'il aura une carrière exceptionnelle. » Nadal lui-même l’a adoubé après l’avoir tout de même dominé aux portes de la finale : « Il possède tous les ingrédients : la passion, l'humilité pour travailler dur, le talent et le physique. Il me rappelle beaucoup de choses de quand j'avais 17-18 ans. » La concurrence peut trembler.

 

Le Français du mois : Gaël Monfils

Parce qu’il a battu à Indian Wells le numéro 1 mondial Daniil Medvedev – en décrochant le premier set sur un service à la cuillère, s’il vous plaît –, Gaël Monfils mérite l’honneur d’être le Français du mois. Ce n’est que la deuxième fois que la Monf’ réussit un tel exploit, lui qui avait battu Nadal à Doha en 2009. Tant pis si il y a eu derrière une défaite valeureuse face à Carlos Alcaraz, puis de nouveau une défaite – un peu moins glorieuse celle-là – face à Francisco Cerundolo au troisième tour à Miami. C’était déjà grand.

 

Les larmes du mois : Naomi Osaka

Naomi Osaka a craqué, encore. Chahutée par une spectatrice qui lui a lancé un très inélégant « Naomi, t’es nulle ! », l’Américano-Japonaise est sortie prématurément à Indian Wells face à bien moins talentueuse qu’elle, terminant le match en larmes avant de s’en expliquer au micro devant un public qui avait par le passé pris en grippe les sœurs Williams. Viktoria Azarenka a aussi pleuré en plein match lors de sa défaite face à Elena Rybakina. En y ajoutant la retraite anticipée de Barty à seulement 25 ans, « épuisée » selon ses termes, ou encore celle de Kiki Bertens avant ses 30 ans il y a quelques mois, c’est le circuit WTA dans son ensemble qui envoie des signaux alarmants. Ne serait-on pas face à une sorte de burn-out collectif ? Osaka a en tout cas désormais décidé de faire appel à une thérapeute pour l’aider à aller mieux et à surmonter ses coups de moins bien.

 

Le coup du mois : Maxime Cressy

Maxime Cressy a signé face à Christopher Eubanks à Indian Wells l’ace le plus lent de l’histoire. On vous laisse admirer cette dinguerie qui défie les lois de la logique (et du tennis).

 

Le come-back du mois : Stan Wawrinka

« Depuis ma blessure au genou il y a presque cinq ans, mon rêve est de regagner un tournoi ATP avant d’arrêter. Un 250, un 500, un Masters 1000, peu importe. » Stan Wawrinka n’a pas encore atteint son objectif, le dernier de sa formidable carrière, mais il a déjà remporté un combat en s’apprêtant à revenir à la compétition lors du tournoi Challenger de Marbella. De quoi donner de l’espoir que son compatriote et ami Roger Federer l’imite, bientôt, lui qui envisage un retour sur les courts pour la fin de l’été ou le début de l’automne.

 

Les (presque) oscarisées du mois : les sœurs Williams

La claque infligée par Will Smith à Chris Rock lors de la cérémonie des Oscars le 27 mars ne doit pas occulter le palmarès de cette 94e édition, avec l’Oscar du meilleur acteur décerné justement à Will Smith pour son interprétation de Richard Williams dans le biopic La Méthode Williams consacré aux sœurs les plus célèbres du tennis. Venus et Serena étaient d’ailleurs présentes à cette occasion, habillées de leurs plus belles robes. Cet Oscar est aussi pour elles. 

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