Giovanni Mpetshi Perricard, élu joueur en progrès de l’année

17 déc. 2024 à 08:28:28 | par Eli Weinstein

Elu par ses pairs, Giovanni Mpetshi Perricard a reçu le prix ATP de « most improved player of the year » (meilleure progression de l’année). Le Lyonnais de naissance a bouclé l'année 2024 à la 31e place mondiale, il l’avait débutée au-delà de la 200e place (205). Comment a-t-il réussi ce bond exceptionnel ? Retour sur une saison qui restera dans l’histoire pour « Gio ».

Lorsque la saison 2024 avait commencé, rien ne laissait présager que Giovanni Mpetshi Perricard (GMP) allait dévorer l’année tennistique tel un ogre jamais rassasié, attablé dans un resort « all inclusive ». C’est au Challenger de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, qu’il avait disputé son premier match de l’année. Cela s’était soldé par une victoire en trois sets sur le Bulgare Dimitar Kuzmanov, alors classé seulement deux places en-dessous du Français (Kuzmanov terminera l’année à la 338e place mondiale). Durant ce match, le plus grand des Français (en taille pour l’instant) avait gagné ses deux sets au tie-break et avait servi 17 aces. Un indice sur ce qui allait suivre durant l'année. Mais le tour d’après, GMP s’était incliné en deux manches face à « l’ancien », Richard Gasquet. 

A Melbourne, quelques jours plus tard, celui qui est désormais l'un des meilleurs serveurs du monde n’avait pas réussi à se sortir de l’épreuve de qualifications, s’inclinant sur un autre Français, Hugo Grenier, au troisième tour qualificatif. Les semaines qui avaient suivi n'avaient pas été simples, avec « first » aux challengers de Quimper, puis de Koblenz.

C’est au Queen’s qu’on se dit « Tiens, il s’est passé quoi là ? »

Premier éclair au challenger de Nottingham, début février. Giovanni y remporte le deuxième « chal » de sa carrière (quatre en tout). Puis, plus grand-chose jusqu’au mois d’avril, avant une tournée de challengers mexicains en mode « Zapata » : demi-finale à San Luis Potosi, titre à Cuernavaca et re-titre à Acapulco. Arrive alors la tournée de printemps sur terre battue, a priori pas la meilleure surface du Lyonnais. A Lyon justement, la semaine avant Roland-Garros, GMP obtient une wild-card de la part de l’organisateur du tournoi, un certain… Jo-Wilfried Tsonga. Dire qu’il l’a mise à profit serait un euphémisme. GMP est resté jusqu’au dimanche de la finale et a terminé le tournoi avec le trophée dans les mains. Il s’agit alors de son premier titre sur le circuit principal. A l’issue de ces sept jours parfaits, Gio fait une entrée fracassante dans le Top 100 pour la première fois de sa carrière, en se hissant de la 117e à la 66e place. Il ne parviendra pas à confirmer à Roland, avec une défaite au premier tour face à David Goffin (en cinq sets). Mais le gazon n’est pas loin…

C’est au Queen’s qu’on se dit « Tiens, il s’est passé quoi là ? », après sa victoire au premier tour en deux sets secs sur le 14e joueur mondial, Ben Shelton, pourtant amateur du jeu sur gazon. Puis, GMP surconfirme à Wimbledon où, après s’être qualifié, il atteint les huitièmes de finale avant de s’incliner sur Lorenzo Musetti, avec au passage une victoire en cinq sets au premier tour sur l’ultra-piègeux Sebastian Korda. Cette belle quinzaine lui permet alors de faire son entrée, cette fois-ci, dans le Top 50.

Les mois qui suivent sont très compliqués. Il ne se passera littéralement plus rien jusqu’à l’ATP 500 de Bâle. Mais en Suisse, Giovanni bat coup sur coup Félix Auger-Aliassime, Denis Shapovalov, Holger Rune et enfin Ben Shelton en finale ! Ce deuxième titre sur le circuit principal lui permet de gagner encore près d’une vingtaine de places au classement et d’atteindre la 31e, et même la 30e pour une petite semaine, du 4 au 11 novembre. 

Sur la saison, Giovanni Mpetshi Perricard a disputé sur le circuit principal 26 tie-breaks et en a remporté 15. Il a servi 532 aces et a remporté 80% des points après avoir servi une première. Il a gagné 89% de ses jeux de service et a sauvé 69% des balles de breaks auxquelles il a dû faire face.

En attendant, Giovanni Mpetshi Perricard, ou « Thanos » comme le surnomme Nicolas Mahut

Après le titre à Bâle, Andy Roddick, pas le plus maladroit des serveurs, a dit du Français qu'il faisait partie de « ces joueurs qui changent le jeu, au même titre que Rafa avec ses tours par minutes, ou Connors lorsqu’il est arrivé avec sa Wilson T2000, car Giovanni est le premier joueur qui peut statistiquement servir deux premières balles ».

Le Français est évidemment très fier de cette récompense, comme il l’a dit dans une vidéo publiée par l’ATP. 2025 sera pour lui un vrai test. Les joueurs vont désormais le craindre, à condition que son service reste aussi performant (a priori, il n’y a pas de raison). Il va devoir continuer à s’améliorer, obligation que son coach, Emmanuel Planque, ne va pas se gêner de gérer. 

En attendant, Giovanni Mpetshi Perricard, ou « Thanos » comme le surnomme Nicolas Mahut (il a aussi surnommé Gilles Simon « prof » et Ugo Humbert « commandant), n’a quasiment aucun point à défendre avant Wimbledon. Les six premiers mois de 2025 seront déterminants, car il pourrait y accumuler des « puntos », de manière, pourquoi pas, à arriver à Roland comme (grosse) tête de série. Et après, entre « deux » premières qui fonctionnent bien, un bon feeling, et un engouement populaire…

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