Le processus de sélection de la Laver Cup

23 sept. 2024 à 15:31:35 | par Eli Weinstein

La septième Laver Cup s’est achevée hier, dimanche 22 septembre, par une victoire de l’Europe sur le reste du monde. Carlos Alcaraz, sélectionné dans l’équipe Europe, a donné le point de la victoire en dominant Taylor Fritz. Mais comment ces joueurs sont-ils choisis ? Pour que la compétition, qui figure au calendrier de l’ATP, soit vraiment prise au sérieux, ne faudrait-il pas clarifier un peu le processus de sélection, mais aussi attribuer des points à ce tournoi ?

Carlos Alcaraz, Grigor Dimitrov, Daniil Medvedev, Casper Ruud, Stefanos Tsitsipas, Alexander Zverer, Flavio Cobolli, Jan-Lennard Struff, Francisco Cerundolo, Taylor Fritz, Thanasi Kokkinakis, Ben Shelton, Alejandro Tabilo et Frances Tiafoe sont les quatorze joueurs qui ont disputé la Laver Cup 2024 à Berlin, les 20, 21 et 22 septembre derniers. Sans doute pas le casting le plus « sexy » depuis la création de cette épreuve, mais tout de même la présence de six joueurs du Top 10. Au-delà des dix meilleurs joueurs du monde, les huit autres sont classés entre la 12e (Tsitsipas) et la 78e place du classement mondial (Kokkinakis). 

Il existe une volonté de faire de cette épreuve une compétition officielle. Je ne sais pas pourquoi je parle au futur, vu que la Laver Cup figure déjà au calendrier de l’ATP et que les face-à- face entre joueurs sont comptabilisés dans les stats officielles. C’est là où tout devient un peu confus pour moi. Quel est le statut de ces trois jours de compétition ? S’agit-il d’un événement effectivement officiel ? Ou bien sommes-nous en présence d’une exhibition ++ ?

Leur présence est plutôt due à la nationalité pour l’un et au sponsor pour l’autre

Clairement, la volonté est de s’éloigner le plus possible de l’exhibition. L’idée derrière tout cela était d’intégrer un événement dans le calendrier du tennis ressemblant énormément à la Ryder Cup dans le golf (même le nom est similaire). Mais la route est longue… La Ryder Cup est l’épreuve à laquelle tous les golfeurs rêvent de participer. C’est un moment mythique, qui n’a d’ailleurs lieu que tous les deux ans, ce qui la rend encore plus précieuse. Le tennis avait un peu ça, avec la Coupe Davis, mais depuis le changement de format, force est de reconnaitre que cette compétition bat de l’aile. 

Alors en effet, pourquoi pas essayer de faire de la Laver Cup la Ryder Cup du tennis. Mais pour cela, il va falloir procéder à quelques réglages. En commençant par la méthode de sélection. Officiellement, la sélection est composée de trois invitations basées sur le classement ATP et trois « captain’s pick » (choix du capitaine). En relisant cette phrase de plus près, on s’aperçoit qu’elle ne veut rien dire. Quelle différence entre une invitation et un « captain’s pick » ? Aucune. Et puis, je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je ne suis pas certain que Björn Borg sillonne le circuit pour superviser les joueurs et se dise ensuite « Tiens, cette année, je veux inviter Jan-Lennard Struff et Flavio Cobolli ». Leur présence est plutôt due à la nationalité pour l’un et au sponsor pour l’autre. 

Cela ne va pas du tout. Que la moitié des joueurs soient invités, comme c’est le cas en Ryder Cup, me semble bien, En revanche, les trois premiers, eux, devraient se qualifier pour l’épreuve et non y être invités. Après, qu’ils en aient envie est un autre problème, mais si l’épreuve devient si importante, alors tous voudront la jouer. En gros, Jannik Sinner aurait dû être là et s'il déclinait, le suivant aurait alors dû être Novak Djokovic, puis Andrey Rublev et Hubert Hurkacz. Et certainement pas Flavio Cobolli ! Et la « Team World » aurait quant à elle dû être composée de Fritz, De Minaur et Tommy Paul, avec ensuite, en descendant le classement, Sebastian Korda. Et, seulement après, Frances Tiafoe (qui était alors classé une place derrière). Tout cela est incompréhensible.

Si le but est de rendre la compétition officielle, alors il faut qu’elle décerne des points

Autre souci incompréhensible : la « Team world » avait six joueurs et la « Team Europe » en avait huit, dont deux remplaçants. Ça ne dérange personne ? Ben quand même ! C’est quoi ce bazar ?? Première question qui me vient à l’esprit : pourquoi n’y a-t-il pas de remplaçant côté « Team World » et pourquoi y en a-t-il deux côté « Team Europe » ? En gros, pour faire simple, il faudrait six joueurs et un ou deux remplaçants - peu importe -, mais avec une règle claire, nette et précise. Et surtout la même pour tous !

Finalement, si le but est de rendre la compétition officielle, il faut donc aussi qu’elle décerne des points. Combien ? Très bonne question. Cela ne doit pas être au niveau des Grands Chelems (2000 points), mais pas non plus comme un 250. A méditer, mais la réponse devrait se situer quelque part entre les deux. 

Pour résumer, je suis favorable à ce que le Laver Cup devienne une vraie compétition, ce qui n'est pas le cas aujourd’hui. Et pour cela, il faudra faire des ajustements. 

Ah oui, j’oubliais... En Ryder Cup, les joueurs ne sont pas payés. J’dis ça, j’dis rien…

 

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