Les choses sérieuses démarrent à Miami, avec l’entrée en lice ces deux derniers jours des têtes de série. C’est pourquoi on va maintenant avoir droit à des matches comme le Monfils-Alcaraz qu’on attend avec impatience. Pour vous aider à faire passer le temps entre maintenant et ce qui, j’espère, sera un match « de ouf », je voudrais revenir sur une réponse qu’a faite Daniil Medvedev durant la conférence de presse qui a suivi la finale du BNP Paribas Open d'Indian Wells. Pour mieux comprendre la question du journaliste, qui demande à Medvedev pourquoi le tennis est « un sport de m—— », il faut revenir au tie-break du premier set, moment où le Russe a justement sorti cette phrase :
Pourquoi Daniil a-t-il dit ça à ce moment-là ? Il s’agissait d’une réaction à la réponse de l’arbitre de chaise qui lui expliquait qu’il n’était pas possible, comme il le souhaitait, de remonter quelques points en arrière pour voir, grâce au hawk-eye, la trace d’une balle. Bien évidemment qu’il ne pense pas ce qu’il dit. La phrase est prononcée dans un moment de grande tension et ses mots ont clairement dépassé sa pensée.
Daniil Medvedev : "on envoie des fusées dans l’espace, mais on n'est pas capable de revoir une trace qui date de 4 ou 5 minutes en arrière ?"
Néanmoins, en conférence de presse, lorsque le journaliste, avec un soupçon de malice, lui a donc demandé pourquoi le tennis était un sport, comme il l’a dit, « de m—— », Daniil s’est expliqué.
Il est vrai que lorsque le Hawkeye a fait son apparition, il était utilisé uniquement pour confirmer ou infirmer une décision arbitrale. Puis, au fur et à mesure du développement de l’outil, les spécialistes de l’oeil du faucon ont vite compris qu’il pouvait être utile pour tellement plus de choses et, notamment, pour donner des stats quant à la vitesse de la balle, les angles de coups, les lieux d’impacts, les hauteurs de rebond, les tours par minute, et bien plus encore. En revanche, la possibilité de revoir la marque d’un point disputé plus tôt dans le match ne serait pas possible. Cette réponse de l’arbitre de chaise a particulièrement agacé Medvedev. Et je le comprends ! Il est évident que c’est possible. Comme le dit quelques secondes après le numéro 4 mondial, « on envoie des fusées dans l’espace, mais on n'est pas capable de revoir une trace qui date de 4 ou 5 minutes en arrière ? ». Je comprends également l’arbitre qui ne peut pas improviser cela tout à coup au milieu d’une finale de Masters 1000. Et qui plus est au BNP Paribas Open, sans doute le tournoi le plus important de l’année après les Grands Chelems.
Mais lors de la conférence de presse, le finaliste malheureux a développé ses dires, en expliquant qu’il aimerait qu’on puisse « challenger », par exemple, la validité d’une première balle mais en fin de point. Si celle-ci apparaît bonne, comme annoncé alors, l’issue du point ne change pas. En revanche, s’il s’avère que le service en début de point était faux, alors le point revient au receveur et tout ce qui s’est passé après n’est plus pertinent.
Il faudrait réfléchir à un système plus risqué pour le joueur ou la joueuse qui ferait un challenge « back in time ».
Dans sa réponse, Medvedev prend l’exemple de Dubaï et du cas Rublev, qui a complètement craqué son slip et a fini par être disqualifié, sur une balle litigieuse qui n’aurait jamais dû exister. En effet, à 40-30 et 5 jeux partout dans le troisième set (service Bublik), le troisième coup de raquette (de Bublik) donne une balle qui est faute, mais que le juge de ligne donne bonne. Trois coups plus tard, la balle de Rublev est annoncée faute et le point et le jeu sont accordés à Bublik. Rublev vrille, car il est persuadé que la balle de Bublik en début de point était faute et qu’il aurait fallu arrêter le point à ce moment-là.
Si le système souhaité par Daniil Medvedev avait été en place, Andrey Rublev aurait pu challenger la balle de début de point. Et si cette dernière s'était révélée faute, le point lui serait alors revenu, il n’y aurait pas eu tout ce drame et il n’aurait jamais été disqualifié. Certes, on n’aurait jamais eu droit à cette scène qui a fait le buzz, mais « comême ».
Après ce match - celui de Rublev -, les commentateurs du tennis réclamaient la VAR. Car à leur sens, le problème était de savoir si oui ou non, Rublev avait dit des gros mots envers le juge de ligne. Mais « en vrai », comme ils disent, le coeur du problème n’était pas là.
Je suis d’accord avec Daniil et j’aimerais voir cette évolution. Je pense néanmoins qu’il faudrait réfléchir à un système plus risqué pour le joueur ou la joueuse qui ferait un challenge « back in time ». Peut-être que celui-ci pourrait compter double, à savoir que si le joueur ou la joueuse qui challenge se trompe, alors ce n’est pas un, mais deux challenges qui disparaîtraient de sa besace. De cette manière, ce choix-là serait pris uniquement si le joueur ou la joueuse est persuadé d’avoir raison et ça ne viendrait pas trop perturber le rythme du match.
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