Avant 2024, la dernière trace d’un Français dans le Top 20 mondial remonte à l'été 2022. Et plus précisément à la semaine du 8 août 2022. Ça fait une trotte… En revanche, jusqu’où faut-il aller pour en trouver deux ?
Il faut remonter au 17 février 2020. Ce jour-là, Gaël Monfils, toujours lui, était classé 9e mondial. L’autre Français, que l’on retrouvait alors également parmi les vingt meilleurs joueurs du monde, était Benoît Paire qui pointait à la 20e place mondiale. Mais aujourd’hui, on repart sur la nouvelle stat', et ce grâce à Adrian Mannarino et Ugo Humbert.
« Manna » avait déjà fait le « taf » avant même l’Open d’Australie, à l’occasion de la United Cup. Le huit janvier dernier, il s’était assis, pour la première fois de sa carrière, à l’une des vingt premières places au monde. La vingtième pour être précis. Son huitième de finale à Melbourne n’a ensuite fait que conforter cette incursion. Ugo, quant à lui, s’est hissé parmi les 20 « best » grâce au titre glané hier à Marseille, le cinquième de sa carrière sur le circuit principal en autant de finales disputées.
L’année va être particulièrement marquée en termes de matches avec le maillot de l’équipe de France sur le dos.
Lorsque l’on compare ces deux joueurs, on est immédiatement frappé par leur différence d’âge. Le Francilien, celui qui n’a plus un poil sur le caillou, a 35 ans, alors que son compatriote messin n’en a que 25. Cet écart d’âge ne veut pas forcément dire que cette double présence tricolore dans le Top 20 sera éphémère. En ce qui concerne Ugo, il est dans la force de l’âge d’un joueur de tennis professionnel. Il possède déjà beaucoup d’expérience et, sans blessure grave, peut sereinement espérer jouer au moins dix ans de plus, soit l’âge d’Adrian. Quant à ce dernier, il est très difficile de faire des prévisions le concernant. Qui, lorsqu’il terminait l’année 2021 à la 71e place mondiale, aurait misé sur son accession au Top 20 trois ans plus tard ? Donc loin de moi l’idée d’imaginer qu’il ne s’installe pas dans la durée parmi l’élite du tennis mondial.
Il serait d'ailleurs souhaitable que ces deux-là restent en forme, car l’année va être particulièrement marquée en termes de matches avec le maillot de l’équipe de France sur le dos. En effet, début août sera le temps des Jeux Olympiques qui céderont leur place, en septembre, aux phases de poules pour la Coupe Davis.
Et puis, vous savez bien ce qui se passe lorsque deux joueurs se tirent la bourre, comme peuvent le faire Ugo et Manna ? Très simple, ils se tirent mutuellement vers le haut et emmènent avec eux tout ce qui se trouve dans leur sillage, notamment Arthur Fils, Luca Van Assche, Quentin Halys, Arthur Cazaux, pour ne citer qu’eux.
Que vont-ils (Mannarino et Humbert) devoir faire pour préserver ce classement ?
Le plus ancien des deux doit défendre un troisième tour au BNP Paribas Open d'Indian Wells et un huitième à Miami. Ensuite, sur la saison de terre battue européenne, il n’a quasiment que des « first » à améliorer. C’est sur gazon qu’il va devoir alors être bien concentré, car ses deux quarts ('s-Hertogenbosch et Queen’s), ainsi que sa finale à Majorque, pourraient lui coûter des points. Néanmoins, il n’a qu’un « deuxième tour » à défendre à Wimbledon. Une amélioration de ce résultat et l’affaire est dans le sac.
« C'est top pour la Coupe Davis comme pour tout le tennis français »
Le boulot devrait être plus « simple » pour le cadet des deux. Il n’a réellement qu’un troisième tour à Indian Wells à défendre. Pour le reste, il devrait faire bien mieux qu’en 2023 et est donc en droit d’être optimiste quant à l’évolution de son classement.
Pour le capitaine de l’équipe de France, c’est du pain bénit, cette situation avec les deux qui tirent les autres vers le haut. Même si Paul-Henri Mathieu a pourtant une lecture quelque peu inverse de la situation : « Il y a une vraie émulation qui s'est créée depuis quelques mois, avec des jeunes qui poussent fort. Arthur Fils est monté en premier, Luca Van Assche a bien suivi, maintenant il y a Arthur Cazaux. Tout ça va sûrement en amener d'autres et ça aiguillonne aussi la génération du milieu, parce qu'ils voient les jeunes débarquer derrière. J'aurai un bon problème en septembre, en termes de sélection, mais c'est une chance d'avoir un tel vivier. C'est top pour la Coupe Davis comme pour tout le tennis français. »
Toutes ces informations/statistiques ne font que renforcer la performance, que dis-je, l’exploit qu’avaient réalisé « les quatre mousquetaires », Richard Gasquet, Gilles Simon, Gaël Monfils et Jo-Wilfried Tsonga, avec une quadruple présence française dans le Top 20 dès fin 2008. On était, malgré ce qu’en disent les rageux, dans un des âges d’or du tennis français.
Peut-être approchons-nous d’un autre ?