Jérémy Chardy est un homme hyperactif. En plus d’être à nouveau joueur de tennis professionnel (en simple et en double !), car débarrassé des pépins physiques qui l’avaient obligé à se mettre en retrait depuis un an et demi, il est également entraîneur d’Ugo Humbert (toujours en lice en simple à Melbourne) et directeur du Challenger de Pau.
C’est sur son statut de joueur de simple que je souhaiterais m’attarder.
Après sa brillante entrée en matière face au Colombien Daniel Galan, le Français était opposé au Britannique Daniel Evans. Le score était de trois jeux partout au premier set et « Jim » faisait face à une balle de break quand il s’est passé ça :
Il y a plusieurs choses à dire sur cet incident de jeu.
L’arbitre avait raison
La première et la plus importante des choses, et contrairement à ce qui a été dit, l’arbitre, Miriam Bley, avait raison. La règle veut que le « let » ne soit prononcé que si l’adversaire est gêné par la balle. Ce qui n’était pas le cas. Et pourtant, elle a bel et bien annoncé le « let ». Certes, mais l’arbitre a le droit de se déjuger sur un « let » si elle estime qu’elle s’est trompée. En revanche, elle aurait dû revenir sur sa décision beaucoup plus vite. Donc elle n’est pas exempte de tout reproche, mais elle avait raison.
On pourrait lui en vouloir, comme c’est le cas pour Chardy, de ne pas avoir vu la balle plus tôt. Mais là aussi, le procès n’est pas juste. Le Français a dit ensuite : « J’étais énervé contre elle parce que les arbitres n’ont plus rien d’autre à faire, il n’y a même plus d’annonce ou d’overrule. Elle a juste à regarder l’échange et annoncer les scores. Alors ne pas voir une balle qui tombe au milieu du court... Je ne sais pas où elle regardait. » C’est un peu dur, car elle suivait la balle (celle avec laquelle les joueurs jouaient) des yeux. Ce qui explique qu’elle n’ait pas vu l'autre balle plus tôt.
Daniel Evans n’a pas la palme du fair-play
Deuxièmement, et comme l'a justement fait remarquer Jérémy Chardy en conférence de presse après le match : « Si tu comptes sur le fair-play d’Evans… Non, il ne faut pas attendre grand-chose de lui. Mais ce n’est pas à lui d’arrêter le point non plus. » C’est vrai qu’un Grigor Dimitrov, par exemple, aurait sans doute fait rejouer le point. Et c’est également vrai que Dan Evans a loupé une occasion d'élever son niveau d’élégance qui, d’habitude, n’est pas bien haut (je ne parle pas de sa technique de jeu). Mais visiblement, ce n’est pas le joueur le plus pressenti chaque année pour obtenir le prix du fair-play.
Stop aux « Je veux voir le superviseur » !
Enfin, je voudrais évoquer l’utilité de la présence du juge-arbitre. Jérémy Chardy a demandé à le voir. Il est venu. Ils ont échangé. Il est reparti et ça n’a rien changé au cours de l’histoire. Alors pourquoi le faire venir ? Je vais plus loin et je dis : pourquoi offrir aux joueurs la possibilité de faire appel aux juges-arbitres ? Je vous mets au défi de trouver un exemple où le juge-arbitre est venu sur le court, a écouté l’arbitre de chaise et le joueur, pour ensuite retourner la décision arbitrale prise par « la chaise ». Jamais ! Il faut donc enlever ce privilège aux joueurs, vu que ça ne sert à rien si ce n’est faire perdre du temps à tout le monde.
Je voudrais tout de même conclure sur une note positive et féliciter Jérémy Chardy, tout d’abord pour sa victoire au premier tour de l’Open d’Australie, mais aussi et surtout pour son retour à la compétition. C’est un joueur très agréable à regarder jouer et qui, je/on l’espère, va contribuer à améliorer les résultats des différents contingents français sur les tournois.
Ah oui, j’oubliais, ne pas juger les décisions arbitrales de manière trop hâtive. Même si certains disent que c’est « toujours », il s’avère que ces gens-là ont souvent raison.