Pourquoi Rafael Nadal a-t-il participé aux ATP Finals ?

18 nov. 2022 à 14:13:55 | par Eli Weinstein

La semaine de Rafael Nadal aux ATP Finals à Turin n’a pas été très positive. Un match gagné après en avoir perdu deux. Ce n’est donc pas cette année que l’Espagnol s’adjugera ce titre qui fait partie des rares qui lui échappent encore.

Plus j’y pense et moins j’y comprends quelque chose. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi donc Rafael Nadal est allé à Turin disputer les ATP Finals. Vous me direz : « Parce qu’il le pouvait. » Pas faux. Et d’ailleurs, je ne remets pas du tout en cause sa présence dans le Piémont. Il a, cette année, remporté deux Grands Chelems. Il termine l’année à la deuxième place mondiale (derrière Carlos Alcaraz, son cadet de 17 ans). Il mérite bien évidemment sa place au Masters. Mais ça ne veut pas dire qu’il doit y aller.

Avant de se rendre à Turin, Rafael Nadal était à Paris pour disputer le dernier ATP Masters 1000 de l’année. Une des rares épreuves dans le calendrier qu’il n’a encore jamais réussi à remporter. Tout comme le Masters 1000 de Miami, celui de Shanghaï et, bien évidemment, les ATP Finals. A la différence des « 1000 » précédemment cités, n’avoir jamais remporté le Masters reste un manque pour l’homme aux 14 Roland-Garros. Il y a pourtant atteint la finale à deux reprises (2010 et 2013), mais sans jamais soulever la coupe. Pour la petite histoire, ses deux défaites en finale s'étaient jouées respectivement face à Roger Federer et Novak Djokovic.

A Paris, Nadal n’a pas rassuré ses fans.

De là à dire que Rafael Nadal vit mal cette carence dans son palmarès serait peut-être une exagération. Mais si l’on réfléchit en mode « Qui est le GOAT ? », alors on doit prendre en compte ce paramètre dans le calcul savant qui sera peut-être réalisé un jour.

A Paris, donc, Nadal n’a pas rassuré ses fans et je suis bien placé pour le savoir.  L’Espagnol n’y pas gagné le moindre match, s’inclinant d’entrée sur le titanesque Tommy Paul. Néanmoins, sa participation au Masters n’en a pour autant pas été remise en cause. Il était bien présent avec les sept autres champions pour la dernière danse de l’année. 

Le problème est que justement, des danses, il en a pris deux d’entrée, qui lui ont très rapidement brisé toute ambition de soulever le trophée à Turin. C’est d’abord Taylor Fritz qui, en le battant, a remporté « la belle » dans leurs confrontations directes en 2022.

L’Américain avait gagné en finale du BNP Paribas Open à Indian Wells, avant que Rafa ne prenne sa revanche en quart de finale à Wimbledon. Après Fritz, c’est Félix Auger-Aliassime qui a mis deux sets au double vainqueur en Grand Chelem en 2022.

Après cette défaite, conjuguée à celle de Fritz face à Ruud, le sort de l'Espagnol était scellé. Ce n’est une fois encore pas cette année qu’il allait enfin s’imposer et devenir le maître parmi les maîtres.

Personnellement, je ne comprends pas bien la stratégie de s’être rendu à Turin. Qu’avait-il à y gagner ?  De l’argent certes, mais au vu des 131 700 371 $ remportés depuis le début de sa carrière, vraiment pas certain que le voyage dans le nord de l’Italie soit le résultat d’une logique pécuniaire. J’entends les uns et les autres affirmer qu’il a besoin de matches. Je veux bien, mais pour quoi faire ? Etre prêt pour sa tournée d’exhibition de fin d’année en Amérique du Sud ? Il y sera accompagné de celui qu’il a humilié en finale de Roland-Garros (un de plus) : Casper Ruud. Mais j’ai vraiment du mal à croire que Rafael Nadal ait pris le Masters comme une semaine d’entraînement avant ses six matches sud-américains qui seront sans aucun doute six victoires.

Seulement deux titres sur quatre-vingt-douze remportés en indoor.

La seule explication possible reste l’addiction à la compétition. Rafael Nadal est un tel compétiteur qu’il ne peut décemment refuser un tournoi comme le Masters s’il n’est pas blessé. Avant que ne débute le tournoi, on savait tous que ses chances y étaient minimes. Alors imaginez ce que lui-même envisageait. Car s'il y a bien une chose chez ce joueur, c’est qu’il est lucide. Je ne peux pas croire qu’il se soit dit : « Sur un malentendu, je peux gagner le tournoi. » Certes, il s’est imposé à l’occasion de son troisième et dernier match. Mais celui-ci comptait pour du beurre car il se jouait entre un joueur déjà éliminé et un autre déjà qualifié. Et en plus, il s’agissait d’une des victimes préférées de l’Espagnol : le Norvégien Casper Ruud. 

Tout ça voudrait donc dire que Nadal est allé disputer le Masters parce qu’il y était qualifié, même s'il savait qu’il ne s’y passerait pas grand-chose de positif pour lui.

Si cette réflexion est bien celle qui l’a poussé à se priver de Rafael Junior durant cette semaine, je trouve que c’est dommage. On sait que la carrière de Rafael Nadal n’est pas éternelle. On s’imagine que la fin est bien plus proche que le début. Ses victoires en indoor seront désormais encore plus limitées. Ce n’était déjà pas bien glorieux, avec seulement deux titres sur quatre-vingt-douze remportés en indoor. A mon sens, il doit se focaliser sur les Grands Chelems et surtout sur un 15e Roland-Garros, qui apparaît de plus en plus comme un possible dernier. 

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