Traditionnellement, et ce depuis la nuit des temps, le premier dimanche de Wimbledon, mieux connu sous le nom de « Middle Sunday », est chômé. On fait un break. Le club est « fermé ». Enfin, pas tout à fait. Il est fermé au public. Seuls les accrédités ont accès au site. Ça ne veut pas dire pour autant qu’ils y vont tous, mais s’ils veulent, ils peuvent.
Les joueurs y vont bien évidemment pour s’entraîner. Ils aiment l’ambiance qui y règne alors, car après une semaine de frénésie, ils retrouvent les conditions d’avant-tournoi, quand ils peuvent se promener tranquillement dans les allées, sans devoir faire un selfie, ni signer une maxi balle. Et surtout, sans être accompagnés par un escadron de gardes du corps.
Par exemple, la vidéo ci-dessous n’aurait jamais pu être tournée pendant le tournoi.
Mais alors pourquoi donc cette tradition existe-t-elle ?
A la base, c’est pour des raisons religieuses. On ne joue pas le dimanche, car c’est le jour de vous-savez-qui. D’ailleurs, jusqu’en 1981, la finale du simple messieurs de Wimbledon était disputée le samedi, tandis que les femmes jouaient leur finale le vendredi. Puis, j’imagine que les anciens membres du club qui tenaient à cette règle n’ont plus été là pour la maintenir en vigueur, et que les remplaçants ont dû dire « Halte au sketch ». A un moment donné, tu ne vas pas te priver d’une journée entière de billetterie.
Pourtant, la tradition du « Middle Sunday » a, elle, survécu à cette première révolution. Non pas pour que les joueurs et joueuses puissent aller prier, mais surtout pour que le gazon puisse respirer. Certains parlent également d’un accord avec les riverains, accordant à ces derniers une journée de repos durant cette quinzaine particulièrement vivante. Ah oui, les pauvres riverains qui louent (sauf cette année) leur maison à prix d’or pendant deux semaines.
Le club de Wimbledon soutient que la raison principale est de donner du repos au gazon et aux joueurs. Celle-ci ne tient pas vraiment la route, car le lundi qui suit le « Middle Sunday » est le « Manic Monday » (lundi de folie). En effet, tous les huitièmes de finale sont disputés aujourd’hui. Puis, pour que tout le monde soit à niveau, les hommes disputeront les quarts de finale mercredi, tandis que les femmes joueront les leurs dès demain. Tu parles d’un équilibre…
Je pense que la vraie réponse à la question « Pourquoi avoir maintenu le « Middle Sunday » jusqu’à maintenant ? » est tout simplement « Parce qu’ils le pouvaient ». C'était un moyen (de plus) pour Wimbledon de crier haut et fort, sans faire le moindre bruit, qu’ils sont plus forts que tous les autres.
Wimbledon, dès 2022, se met dans le rang
Depuis le début du tournoi, le « Middle Sunday » n’a pas eu lieu seulement à quatre reprises (1991, 1997, 2004 et 2016). Ces années-là, le tournoi avait été tellement perturbé par les intempéries en première semaine, qu’il était impensable de se passer d’une journée de compétition, sans quoi le débordement sur le lundi, voire le mardi suivant le tournoi, n’était pas à exclure.
Tout ça est désormais terminé. Wimbledon, dès 2022, se met dans le rang. Le « Middle Sunday » sera désormais joué. Et on imagine bien qu’il s’agit de raisons financières. Mais évidemment qu’ils ne l'admettront jamais ! D’ailleurs, l’idée évoquée est celle de donner à tout le monde le même temps de repos durant tout le tournoi.
Par contre, comme c'était le cas les années où on a joué le dimanche, la billetterie pourrait prendre une forme particulière, celle d'une billetterie de fortune avec d’un coup d’un seul 25 000 billets mis en vente pour les premiers venus. Ainsi, les futurs « Middle Sunday », ou plutôt « People’s Sunday » comme cela avait été rebaptisé, seront peut-être commercialisés de la sorte, avec une billetterie à part et des places vendues uniquement à ceux qui auront planté la tente devant le guichet. Cette option garantira une ambiance différente de celle des autres jours. Une ambiance moins guindée, moins pince-fesses et qui plaît aux joueurs, comme le raconte Nick Kyrgios : « J’ai joué une fois durant le « Middle Sunday », je devais terminer mon match contre Feliciano Lopez. C’était génial. Vraiment incroyable. C’était un match particulier pour moi, un de mes meilleurs matches ici. C’était cool. ».
Oui, c’était « cool » Nick, et ça le sera maintenant chaque année.