La première fois que je suis allé à Wimbledon je suis tombé dans le traquenard tendu à tous les novices dans ce tournoi, le Pimm's. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'une boisson légèrement alcoolisée,...
La première fois que je suis allé à Wimbledon je suis tombé dans le traquenard tendu à tous les novices dans ce tournoi, le Pimm's. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'une boisson légèrement alcoolisée, extrêmement rafraîchissante et toujours accompagnée d'une rondelle de concombre. Quand il fait chaud, oui ça arrive à Londres, les Pimm's tombent à la vitesse d'un service de John Isner. Le problème, c'est qu'au bout d'un moment, le « légèrement alcoolisé », ça fait mal.
Le Pimm's est l'une de nombreuses traditions du « Championship's* » à laquelle il est interdit de déroger lorsqu'on se rend au All England Lawn Tennis and Croquet Club. Quelles sont les autres traditions qui font de ce tournoi le temple du tennis ?
Ambiance soirée blanche.
Tout le monde est vêtu de blanc. Pourquoi ? C'est un truc d'Anglais ? Pas du tout, c'est tout simplement le « dress code » du All England Club. C'est vers la fin du XIXe siècle que le blanc est devenu « trendy » au sud de Londres (ou le SW19**) comme l'appellent les locaux, mais ça n'est qu'en 1963 qu'il est devenu obligatoire. J'avoue que ces joueurs et joueuses en blanc sur fond vert, c'est joli, mais le côté empire britannique colonial me dérange un peu.
Honneur au tenant.
A 13h le premier lundi de Wimbledon, le Center court est réservé à deux personnes : le tenant du titre du simple messieurs et son adversaire. C'est le seul tournoi où, dès la balle de match de la finale homme terminée, le vainqueur sait exactement quand (jour et heure) il jouera le premier match du prochain tournoi. J'aime cette tradition, mais j'aimerais aussi qu'on alterne homme et femme pour lancer les hostilités. Un peu sexiste tout ça !
Murray mound.
Cette tradition est une des plus récentes. Elle a démarré avec les épopées de Tim Henman. Lors de ses matches, pour les malchanceux qui n'avaient pas de sésame pour entrer sur le Center court, un écran géant avait été installé au bas d'une colline baptisé pour l'occasion « Henman Hill ». Comme vous le savez, Gentleman Tim a quitté le circuit, mais la colline, elle, est toujours là et le public aussi. Alors il a fallu remplacer le joueur. Coup de bol, est arrivé Andy Murray. Sauf que Andy Hill ça ne colle pas. Mais Murray Mound (la Butte Murray) ça le fait. J'adore cette tradition. Roland-Garros essaye de copier les Anglais mais il n'y a pas ce genre de colline à Paris, et puis, la place des Mousquetaires est beaucoup moins confortable qu'une colline en gazon pour se vautrer et regarder un match de tennis.
Jamais sans mon adversaire.
Lorsque les joueurs du Center court ont terminé leur match, contrairement à ce qui se passe dans les autres tournois, le vainqueur ne reste pas signer des autographes et donner des interviews sur le court alors que le perdant s'en va en tirant la gueule. Ici, ou là-bas, selon où vous êtes, les joueurs s'attendent et quittent le court ensemble, après être arrivés ensemble. Je suis fan de cette coutume. Elle transpire le respect, une valeur primordiale dans le tennis tout comme dans le golf ou le rugby. Cette règle devrait être mise en vigueur sur tous les tournois.
Il y a beaucoup d'autres traditions qui font de ce tournoi, « The » tournoi. Les tenues des officiels, l’absence de sponsor sur le tour de court, l'ouverture du bal de fin de tournoi avec une danse réunissant les vainqueurs du simple femme et homme, et bien d'autres encore. Personnellement, ma préférée est l’absence totale de compétition durant le « middle Sunday ». En effet le premier dimanche de Wimbledon, celui qui sépare les trois premiers tours de la suite du tournoi, le club ferme, les joueurs restent à la maison ou à l'hôtel et moi je me repose. Alors, à lundi.
*SW19 : code postal de Wimbledon
**Championships : signifie championnat en anglais et est utilisé pour désigner le tournoi de Wimbledon.