Le Masters 1000 de Madrid entre dans ce que les Anglais appellent le « business end ». Mon analyse sportive : vamos Rafa !
Comme vous le voyez, je n’ai aucunement l’intention de m’attarder sur l’aspect sportif. Je veux aujourd’hui me concentrer sur quelque chose d’autre. Un détail non négligeable dans l’organisation de ce tournoi : l’arbitrage vidéo.
En tant que connaisseurs que vous êtes, vous aurez, bien sûr, remarqué que je n’ai pas parlé de Hawk-Eye. En effet, la marque anglaise dont le nom est, il faut l’admettre, presque devenu un nom commun pour désigner l’arbitrage vidéo, n’est pas la seule à opérer sur le circuit. Son concurrent espagnol Foxtenn est également présent sur une trentaine de tournois (ATP, WTA et ITF).
Pourquoi utiliser l’arbitrage vidéo alors qu’on peut vérifier la marque ?
On ne va pas rentrer dans des détails trop techniques mais, en (très) gros, Hawk-Eye a ses caméras placées en hauteur, tandis que celles de Foxtenn sont au niveau du court. Leur image n’est pas une reconstitution mais une image réelle. Elle est donc soi-disant plus précise. Après, on entre dans des guerres de communication à coup de chiffres-clés. Totalement inintéressant.
Bref, il existe deux technologies performantes.
La grande nouveauté est que, cette semaine, la technologie est utilisée sur terre battue. Ce n'est pas une première, mais c'est pour l'instant suffisamment rare pour être souligné. Le tournoi de Rio 2020 a été le premier ATP sur terre battue à bénéficier de l’arbitrage vidéo. L’expérience a été renouvelée cette année au WTA de Charleston aux Etats-Unis.
Ayant visiblement fait ses preuves, la technologie est donc cette fois déployée sur un Masters 1000, ce qui est autre chose qu’un ATP 500 un peu plus confidentiel.
Je vous entends poser la question : « Pourquoi utiliser l’arbitrage vidéo alors qu’on peut vérifier la marque ? » Pas faux. D’autant que cette descente de la chaise en deux-deux pour aller contrôler une marque fait entièrement partie du folklore des matches sur terre battue. Franchement, ne plus le voir me manquerait. On n'aurait plus droit à ce genre de scène, qui avait eu lieu sur le Court Philippe-Chatrier, avec mon ami et excellent arbitre de chaise Renaud Lichtenstein (Renaud, spéciale dédicace !) :
https://www.youtube.com/watch?v=Z6A5phVJM1M
Toujours très bon à revoir. J’adore le « merci », qui en dit long sur l’état d’esprit du mec qui vient de se casser la gueule en mode cartoon, devant, non pas 15 000 spectateurs, mais plutôt quelques centaines de millions partout sur la planète !
Fernando Gonzalez avait également disjoncté
Cela étant, bien que toujours visible - à condition de choisir la bonne (Robin Söderling, si tu me lis …) -,
il n’est pas toujours évident de savoir si, oui ou non, la balle est bonne ou faute. Combien de fois des joueurs ont littéralement pété les plombs, en regardant avec l’arbitre une marque sans être d’accord avec sa lecture de la trace ? Regardez comment le Serbe Viktor Troicki devient fou à Rome.
A Roland-Garros, Fernando Gonzalez avait également disjoncté suite à un désaccord avec une lecture de trace.
Ou encore plus récemment, bien sûr, Benoît Paire à Buenos Aires.
Et il y en a plein d’autres.
Donc oui, désolé pour les conservateurs, mais l’arbitrage vidéo sur terre battue est évidemment nécessaire. Et je dirais même : c’est pas trop tôt ! Par contre, ce que je n’aime pas du tout dans le cas du Masters 1000 de Madrid, c'est que cette technologie est présente uniquement sur le court Manolo Santana. C’est donc un tournoi à deux vitesses et ça, ce n’est pas normal.