En plus de la tenue d’arbitre, Carlos Bernardes pourrait aussi porter celle, ultra-moulante, de super-héros.
Certes, ce costume siérait moins bien à sa silhouette plus proche du commun des mortels qu’à celle d’un acteur hollywoodien arborant le chocolat en tablette plutôt qu’en brioche sur le bide, mais il collerait parfaitement à son super-pouvoir. Celui de d’être de provoquer une amnésie générale à la seule force de ses mots. Lundi, lors du deuxième tour du Masters 1000 de Shanghai entre Stan Wawrinka et Flavio Cobolli, l’homme de chaise qui a décidé de prendre sa retraite en fin de saison a changé la réalité sans que personne ne s’en soit rendu compte.
De 15-0 à 0-30
À 6-7⁶, 7-6⁴, 1-0 en faveur de l’Italien, le Brésilien a correctement annoncé 15-0 pour le Suisse. Seul hic, après le point suivant glané par Cobolli, Bernardes a fait résonner un « 0-30 » au lieu d’un « 15-15 ». Le surnommé « Stan the Man » a ensuite perdu son service – seul break de la rencontre –, puis le match, 6-7⁶, 7-6⁴, 6-3, qui a continué comme si de rien n’était. Bernardes, du haut de son perchoir, voix hypnotique, a effacé la mémoire de tout un stade. Wawrinka lui-même pas plus que son équipe n’ont remarqué l’erreur invraisemblable, aussi visible que le nez au milieu de la figure. Un gros nez qui plus est. Un nez de Gérard Depardieu ; un cap, une péninsule. Pas de quoi s’acharner sur le fautif pour autant.
Wawrinka, classe comme toujours
Wawrinka, toujours très classe, n’a cédé à aucune critique publique après le duel. Parce qu’un officiel peut faire des bourdes énormes, à l’instar des joueurs ratant parfois des coups « immanquables ». La légende raconte que le monument Novak Djokovic ne sait toujours pas comment expliquer sa cagade inoubliable sur un smash après rebond à un mètre du filet contre Kei Nishikori à Madrid en 2018 ; le Japonais, fair-play, lui renvoyant l’ascenseur onze jours plus tard à Rome avec un copie-coller tragi-comique. La différence étant toutefois que l’erreur d’un joueur ne pénalise que lui-même, contrairement à celle de l’arbitre.
Mais l’erreur est humaine, et Carlos Bernardes n’est pas un super-héros.
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