Ils ont fait leurs premiers pas professionnels à un jour d’intervalle ; ils ont annoncé les derniers au cours de la même matinée.
Le 10 septembre 2001, Richard Gasquet, 15 ans, s’imposait face à Lionel Roux au Future de Bagnères-de-Bigorre. Le lendemain, Rafael Nadal, plus âgé de 15 jours, s’inclinait contre Guillermo Platel, malgré 13 balles de match, au F10 de Madrid. Leurs premiers matchs pros. Le 10 octobre 2024, après avoir laissé beaucoup de plumes, et pas seulement celles du crâne, sur un circuit de plus en plus usant, ils ont révélé dates et lieux de leurs adieux respectifs. Le Français a annoncé sa fin de carrière pour Roland-Garros 2025. Puis l’Espagnol a officialisé la sienne, programmée en Coupe Davis en novembre, quelques heures après. Comme si leurs histoires étaient destinées à rester liées.
Tout le monde nous comparait pour savoir qui allait devenir le meilleur.
Car leurs trajectoires ont longtemps été mises en parallèle. « Tout le monde nous comparait pour savoir qui allait devenir le meilleur », s’est rappelé le Majorquin, dans la préface d'À revers et contre tout, l'autobiographie du natif de Béziers - signe, encore, des liens entre eux. Battu par le surnommé « Richie » en quart de finale des Petits As 1999, « Rafa » s’était aussi incliné lors de leur deuxième duel, au Challenger de Saint-Jean-de-Luz en 2003. Sur abandon, le premier de ses 10, seulement, en 1161 joutes pros. « J’en avais été vraiment très contrarié, a-t-il confié, toujours dans le livre de son ancien rival. Je ne voulais pas pas que les gens pensent que je craignais de perdre contre Richard au point de ne pas finir le match. »
C’est fou ce qu’une rivalité naissante peut vous pousser à faire…
Résultat, en avril 2004, lors de l’ATP 250 d’Estoril, le Majorquin, bien que traversant le début des galères dues au syndrome de Müller-Weiss dont son pied gauche a été frappé, n’a pas voulu renoncer. Victoire - la première de ses 18 en autant de rencontres sur le circuit principal - 6-4, 3-6, 6-2 contre Gasquet. « J’avais un mal de chien, je pouvais à peine marcher, n’a-t-il pas oublié. J’ai ensuite manqué trois mois de compétition. Mais il était impossible que j’abandonne ; je refusais que les gens s’imaginent que je craignais Richard. C’est fou ce qu’une rivalité naissante peut vous pousser à faire… »
Leurs chemins ont ensuite été très différents, mais aucun n’a laissé l’autre sur le bord de la route. Quand « l’homme-revers » a été contrôlé positif à la cocaïne en 2009 - en étant ensuite blanchi - le gaucher des Baléares a été l’un des rares le soutenir publiquement. Ce que n'a jamais oublié Gasquet, qui lui a consacré tout un chapitre de son bouquin. Le titre ? Mon Nadal à moi.