Il a posé ses mains sur un trophée du Grand Chelem, mais a laissé une empreinte bien plus forte que ça dans le cœur des amoureux du tennis. Deux ans et quasiment dix mois après son dernier match officiel, déjà émotionnellement poignant, Juan Martín del Potro a fait ses adieux au public, peu après ceux de Rafael Nadal, à l’occasion d’une exhibition contre Novak Djokovic.
Un match-hommage pour lequel il aurait fallu prévoir une cargaison de chiffons et plumeaux tant il y a eu de fichues poussières dans l’œil. Parce que « JMDP » a marqué son sport, et ce sans doute bien au-delà de son époque.
Del Potro : plus grand vainqueur en Grand Chelem par la taille
Par son style, d’abord. S’il est devenu presque commun de voir des gabarits contraints se baisser pour passer les portes s’imposer en maîtres des rallyes - Daniil Medvedev (1,98 m) et Alexander Zverev (1,98 m), par exemple -, l’Argentin de 1,98 m a été l’un des premiers prototypes de ce genre en débarquant sur le circuit principal en 2006, à 17 ans.
Dans les années 1990, on pensait les géants voués à rester cloisonnés à la pratique du service-volée - en raison aussi de surfaces bien plus rapides sur dur et gazon à l’époque - et incapables de pouvoir se déplacer sans être patauds du fond de court.
Vainqueur de l’US Open 2009 quelques jours avant ses 21 printemps, « Jean-Martin du Poulain » est alors devenu le plus grand vainqueur de Grand Chelem par la taille, devant Richard Krajicek (1,96 m, Wimbledon 1996). Record égalé depuis par Marin Čilić et Daniil Medvedev, sacrés eux aussi à New York en 2014 et 2021.
Sa plus grande victoire dans la vie est d’être quelqu’un d’extraordinaire.
Outre son jeu, son coup droit donnant l’impression qu’il était frappé avec le marteau de Thor, le natif de Tandil a touché les gens par son histoire et sa personnalité. Colosse aux poignets (trois opérations au gauche, une au droit) et genou (huit opérations au droit) d’argiles, il s’était toujours battu comme un acharné pour pouvoir vivre sa passion. En étant aimé à travers le monde.
« Je ne connais pas une personne qui n’aime pas Juan Martín », a déclaré Djokovic. C’est un exemple pour chacun de nous. Sa plus grande victoire dans la vie est d’être quelqu’un d’extraordinaire. » De quoi laisser une trace gigantesque dans les mémoires. La marque « gentil géant ».