Le Polonais Hubert Hurkacz a remporté son deuxième Masters 1000 à l’occasion du tournoi de Shanghai. En finale, le 11e mondial a réussi à s’imposer face au Russe Andrey Rublev, 7-6 au 3e ! Formidable performance donc de « Hubi », mais ce n’est pas de lui dont je souhaiterais vous parler.
Ce qui m’a le plus marqué est le match qui a précédé la finale, à savoir la demie entre Andrey Rublev et Grigor Dimitrov. Durant cette rencontre, il s’est passé un fait de jeu très rare et une poignée de main ultra chaleureuse comme on a rarement l’habitude d’en voir. Mais que s’est-il donc passé ?
Le fait de jeu :
Nous sommes dans le tie-break du premier set, Rublev mène trois points à deux et sert pour tenter de confirmer son mini-break. Le retour de Dimitrov est droit dans le filet, mais le Bulgare se plaint immédiatement que la balle était « let ». Au vu des images, il semblerait qu’il ait raison et son adversaire lui propose de rejouer le point. Dimitrov refuse, expliquant à Rublev qu’il apprécie le geste mais que ce n’est pas de sa faute. Une telle escalade de fair-play, qui plus est en demi-finale d’un Masters 1000, est d’une grande rareté au tennis. Rublev n’est pas le premier à rendre un point, en revanche, refuser un point rendu, alors là, en ce qui me concerne, c’est du jamais vu !
Neuf jeux plus tard, après un neuvième ace, Rublev, comme à son habitude, se signe, embrasse son pendentif et s’approche du filet pour serrer la main de son adversaire. L’accolade entre les deux hommes est particulièrement chaleureuse et va bien au-delà de la poignée de main protocolaire. Les protagonistes se tombent dans les bras, passent un moment à se chuchoter des mots de félicitations et, pour couronner le tout, Andrey Rublev met fin à ce moment de douceur par un baiser sur la joue de Dimitrov !
Comment expliquer autant d’affection ?
On avait déjà eu un indice à l’occasion de la victoire de Rublev en quart de finale, face à Ugo Humbert (qui, au passage, a réalisé un super tournoi). Le Russe, durant son interview d’après-match sur le court, avait mis la puce à l’oreille en prononçant la phrase suivante :
Alors forcément, en conférence de presse post-demie, les journalistes chinois ont tenté de creuser en demandant à Rublev ce qu'il avait dit à Dimitrov à la fin du match et, surtout, comment était née cette amitié que beaucoup qualifient de « bromance » (une romance entre bro’s) ?
La réponse de « Rublo » en image :
Mais a priori, les deux ont vraiment scellé leur « amour » - pour reprendre Rublev -, à Monte-Carlo, lorsque le tournoi a proposé aux deux champions de disputer un super tie-break avec des raquettes du siècle dernier. Déjà, à cette occasion, lors de la poignée de main, Rublev avait glissé le petit bisou après s’être incliné face au « beautiful » Dimitrov :
D’ailleurs, pour faire la promo de ce challenge, le tournoi avait publié un petit « teaser » durant lequel, déjà, Rublev avait avoué être tombé amoureux de Dimitrov :
Throwback to the moment Andrey Rublev declared his love for Grigor Dimitrov earlier this year.
— The Tennis Letter (@TheTennisLetter) October 13, 2023
Andrey: “I almost fell in love with you.” 😂
The bromance that keeps on giving.
Ladies & Gentleman, I give you your Shanghai Masters Semifinalists.
pic.twitter.com/Lvd9vvpJhL
Depuis, il y avait aussi eu leur match à l’occasion de la finale de l'UTS à Francfort, en septembre dernier (remportée par Rublev). Durant un changement de côté, comme d'habitude à l’UTS, les joueurs avaient été interrogés par les commentateurs. La journaliste avait demandé à Dimitrov s’il aimait jouer contre Rublev. Celui qui a été surnommé un moment « Baby-Fed » pour la ressemblance de son jeu avec celui de Roger Federer, avait eu une réponse totalement inattendue, suivie d'un échange au-delà du romantisme :
Voilà. Vous savez tout. Pour être tout à fait complet, il faut savoir que la demi-finale du Masters 1000 de Shanghai était leur septième confrontation (hors UTS), et qu'avant ce match, leur face-à-face particulier était de trois victoires chacun.
Pour terminer, voici un petit récap' de cette belle histoire d’amour, qui fait du bien par les temps qui courent…