“C’est par la respiration consciente que j’essaie de me remettre dans un état optimal, que ce soit sur le plan de l’esprit ou du corps. Deux, cinq, dix respirations selon le temps que j’ai… Grâce à la respiration consciente, c’est aussi simple que ça.”
Se concentrer sur l’air qui entre et sort de ses poumons, ne plus en faire, l’espace de quelques secondes, un mécanisme biologique seulement automatique. Voilà la méthode de Novak Djokovic pour gérer les moments importants, difficiles d’un match. Pour gérer ses saisons, le joueur au 24 titres du Grand Chelem est adepte d’autre type de respiration : celle dans son calendrier.
Faire une croix sur la tournée asiatique…
Après son parcours victorieux lors d’un US Open joué dans des conditions - chaleur et forte humidité - capables de presser les joueurs les mieux préparés jusqu’à la dernière goutte de sueur, le Serbe a honoré les couleurs de son pays. Quatre jours après sa finale contre Daniil Medvedev a New York, il était de retour sur le court pour affronter l’Espagnol Alejandro Davidovich Fokina, jouant devant son public, en Coupe Davis. Le lendemain, il était de retour en piste pour un double, perdu avec Nikola Čačić contre la République tchèque. Une défaite sans grande importance, les deux nations étant déjà qualifiées pour le Final 8.
Résultat, après ces trois semaines essorantes, l’homme de 36 ans a ressenti le besoin de s’extirper du tambour d’une machine ATP ne s’arrêtant jamais. Pas de tournée asiatique pour lui. “Au fil des ans, ça a été en Chine que j’ai connu l’un des meilleurs soutiens au monde, a-t-il écrit via Twitter. Shanghai a toujours été l’un de mes tournois favoris. La #NoleFam chinoise va me manquer. J’espère pouvoir revenir en Chine à l’avenir pour jouer à nouveau devant vous tous.” Pénultième Masters 1000 de l’année, le tournoi shanghaïen a été ancré comme le point fort de la saison en Asie.
…pour recharger les batteries…
Quadruple vainqueur dans la ville située à l’embouchure de l’immense Yangtsé, un record, le surnommé “Nole” a sans doute pris cette décision en regardant à moyen terme. Jusqu’au Masters ponctuant une année 2023 déjà couronnée de succès pour lui. Sacré à l’Open d’Australie, Roland-Garros et l’US Open - et finaliste à Wimbledon - il est devenu la deuxième personne de l’histoire à avoir soulevé 24 trophées en Majeurs. Après Magaret Court, qui avait toutefois signé 13 de ses succès majuscules avant le début de l’ère Open. De nouveaux exploits, presque banalisés à son échelle, qui ont permis au Belgradois d’occuper actuellement la place de numéro 1 mondial.
Comptant 3260 points d’avance sur son dauphin Carlos Alcaraz pour le moment, il s’est confectionné un matelas moelleux. Seul hic, celui-ci devrait se tasser dans les semaines à venir. D’une part en raison de son absence à Shanghai, mais aussi parce qu’il s’était imposé à Tel-Aviv et Astana l’an passé. Événements auxquels il avait participé pour retrouver le rythme après avoir dû tirer un trait sur la tournée nord-américaine et l’US Open en raison de son statut de non-vacciné, et où il ne devrait pas défendre ses points cette année. Fin 2022, il avait ensuite été jusqu’en finale à Paris-Bercy, avant de remporter le Masters où Alcaraz était quant à lui absent suite à sa blessure en demi-finale dans la capitale française.
…et viser deux nouveaux records
Néanmoins, Djokovic qui, en plus de l’amour pour son sport, continue aussi à “jouer pour écrire l’histoire” comme il le répète inlassablement, a quelques sources de motivations pour rester le popotin visser sur le trône. En 2021, il est devenu le premier homme à boucler une septième année en tant que numéro 1 mondial. En fin de saison, il pourrait égaler le record hommes et femmes confondus détenu par Steffi Graf et ses huit années terminées couronne sur la tête.
Autre façon d’ajouter des lettres d’or au livre du tennis, en cas de septième succès au Masters il en deviendrait, seul, le joueur le plus sacré avec une unité de plus que Roger Federer. De quoi avoir besoin de prendre une respiration encore plus importante avant d’énumérer un palmarès de plus en plus long.