Félix Auger-Aliassime à l'Open d'Australie : un an après “le message envoyé à la concurrence”

18 janv. 2023 à 17:43:20 | par Mathieu Canac

Qualifié pour le troisième tour où il a rendez-vous avec Francisco Cerúndolo, 29e du classement ATP, Félix Auger-Aliassime fait partie des outsiders de l’Open d’Australie. Là où, un an plus tôt, il avait franchi un palier supplémentaire en montrant un niveau de jeu dantesque lors de son quart de finale.

 

Félix Auger-Aliassime le sait, sur le chemin qu’il arpente, plus il avance, plus la pente est abrupte et la progression difficile. Parce qu’il veut marcher vers les sommets. Et pour réussir cette ascension, il faut être dûment équipé. Avoir le paquetage nécessaire pour tenir de bivouac en bivouac jusqu’au planté du drapeau. Si, au sens propre, voyager le plus léger possible facilite l’aisance du pas, au sens figuré, plus le bagage est fourni, plus les chances d’aller haut, et loin, sont accrues. La saison passée, le Canadien a mis encore un peu plus de billes dans son sac. Notamment lors de l’Open d’Australie.

C’est sur le dur de Melbourne, un an en arrière, qu’il a prouvé au monde, et surtout à lui-même, sa capacité à évoluer à un très haut niveau d’excellence. Malgré une défaite. En quart de finale, il s’était frotté à un Daniil Medvedev au sommet de son art, qui venait de remporter l’US Open en mettant fin aux rêves de Grand Chelem de Novak Djokovic. Face au favori du tournoi et celui qui s’était alors imposé comme la référence du moment avec le Serbe, le natif de Montréal avait longtemps été le patron du court avant de s’incliner 6/7 3/6 7/6 7/5 6/4 en 4h42.

Par son duel contre Medvedev à l'Open d'Australie, Auger-Aliassime a envoyé un message à la concurrence

Je n’avais plus aucune confiance après les deux premiers sets, avait expliqué le Russe après s’être sorti d’affaire en écartant une balle de match dans le quatrième set grâce à un service gagnant à 213 km/h, soit son plus puissant de la partie. Il jouait à un niveau fou. Même si je n’ai évidemment pas regardé tous ses matchs, je ne l’avais jamais vu aussi bien jouer, y compris lorsque je l’avais affronté en compétition ou à l’entraînement. C’était irréel.” Face à un Moscovite plus expérimenté pour gérer la pression des derniers tours en Grand Chelem, “FAA” avait fini par céder en se montrant un tantinet moins solide que son adversaire lors des moments les plus importants.

Malgré un résultat dur à digérer, à chaud, en conférence de presse, il était néanmoins conscient de sa performance. Celle d’un jeune homme de 21 ans, à l’époque, capable d’en faire voir des vertes et des pas mûres à n’importe quel joueur. “J’ai toujours cru en mes capacités à produire ce que j’ai fait ce soir (le 26 janvier 2022), avait-il confié. Mais il y a une différence entre savoir de quoi vous êtes capable et le montrer sur le terrain (lors d’un Majeur, ndlr). Et c’est bon pour moi. Le tennis est un monde de compétition, donc, au final, je pense que j’envoie un message à mes collègues du circuit : je suis prêt à rivaliser avec les meilleurs.

Un message transformé en actes

À la parole, il a allié les actes. D’abord à Rome en poussant Novak Djokovic dans ses retranchements malgré une défaite, 7/5 /76 en 2h05. “Je pense que c’était du tennis de haut niveau, avait analysé le Belgradois. C’est un un joueur vraiment très complet. Il m’a forcé à élever mon niveau.” À Paris, ensuite, en devenant le troisième homme de l’histoire à emmener Rafael Nadal au cinquième round sur l’ocre de Roland-Garros. Puis en Laver Cup en venant à bout de Djokovic, et enfin en Coupe Davis pour s’offrir Carlos Alcaraz, soit son premier succès sur un numéro 1 mondial.

Deux victoires fondatrices à ses yeux, qui lui ont permis d’enchaîner avec trois titres consécutifs et une première qualification pour le Masters. Même si, évidemment, tensions et enjeux étaient nettement moins importants en Laver Cup qu’en tournoi majeur, cette dernière s’apparentant davantage à une “exhibition jouée à fond”. Seul hic, s’il a confirmé ses aptitudes à bousculer les plus solides, jusqu’à les faire tomber, l’actuel 7e mondial n’a pas encore annihilé la sensation de pouvoir être chahuté par “n’importe qui”. Notamment en Grand Chelem. Après un premier tour d’Open d’Australie franchi en quatre manches et 3h58 face à son compatriote Vasek Pospisil lundi, il en a eu besoin de cinq pour éliminer Alex Molčan ce mercredi et se rapprocher, au passage, des 17 000 points gagnés pour le projet #FAAPointsForChange.

Gagner plus vite, pour aller plus haut

Vainqueur du Slovaque en 3h02, il a effacé un handicap de deux sets pour la deuxième fois de sa carrière après la remontée réussie contre Juan Pablo Varillas sur le court Philippe-Chatrier l’an passé. Régulièrement, y compris lors de ses meilleurs parcours, le Québécois a laissé des plumes en début de Majeur. Problématique pour espérer voler le plus loin possible. L’an passé, avant que Medvedev finisse par lui couper les ailes, il avait lutté bec et ongles pendant 4h19 avec Alejandro Davidovich Fokina, et 3h19 pour se défaire de Marin Čilić. Des duels âpres ayant peut-être entraîné un déficit de fraîcheur fatal en fin de rencontre contre Medvedev.

Un problème que Djokovic, par exemple, a dû régler pour s’ériger en monument du tennis. “Quand j’ai commencé à entraîner Novak (en 2013), il atteignait beaucoup de demi-finales et finales de Grand Chelem, mais le souci était qu’il avait toujours besoin de 3h, 4h pour battre ses adversaires car il jouait plus loin de sa ligne de fond, a expliqué Boris Becker en 2019. Il gaspillait beaucoup d’énergie en première semaine. Résultat, même si vous êtes une bête physiquement, comme Novak, vous êtes fatigué une fois arrivé en demie. Je devais lui apprendre à gagner plus vite, en faisant en sorte qu’il se rapproche de sa ligne de fond.” Se tenant, déjà, très proche de sa ligne de fond, Félix Auger-Aliassime doit lui trouver une autre solution. Comme en alpinisme, les voies sont multiples pour atteindre un sommet.

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