Le MVP du mois : Andrey Rublev
Félix Auger-Aliassime a vécu un drôle de mois de février. Côté pile : à Marseille, le Canadien a rencontré et battu son idole de jeunesse, Jo-Wilfried Tsonga. Côté pile, toujours : ce mois-ci, le numéro 9 mondial a été le seul homme capable de calmer Andrey Rublev - en demi-finale du tournoi de Rotterdam - avant de soulever (enfin) le premier trophée de sa carrière chez les pros après neuf défaites en finale. Côté face : une semaine plus tard, le joueur de 21 ans n’a rien pu faire lors de ses retrouvailles face au métronome russe en finale de l’Open 13. Le même Rublev qui, dimanche dernier, a enchaîné par un nouveau succès, à Dubaï. Vainqueur de deux tournois en février, le numéro 6 mondial en a profité pour militer contre la guerre en Ukraine via deux actions : un “No War Please” écrit sur une caméra et un double disputé à Marseille en compagnie de l’Ukrainien Denys Molchanov. « On est des gens normaux, on n’est pas dans la politique. Le sport nous rassemble. Quand vous soutenez quelqu’un, vous vous rassemblez. C’est le plus important. La paix pour tout le monde ! », a ainsi soufflé Andrey Rublev, MVP sur et en-dehors des courts.
L’exploit du mois : Daniil Medvedev
Daniil Medvedev n’a disputé que quatre rencontres en février, mais cela ne l’a pas empêché de réaliser un exploit retentissant : devenir le troisième numéro 1 mondial russe de l’histoire du tennis après Ievgueni Kafelnikov et Marat Safin. Autre chose ? Oui, Medvedev est aussi devenu cette semaine le premier joueur non membre du big four (Djokovic, Federer, Murray, Nadal) à gratter cette place de roi depuis le 2 février 2004. Pour y parvenir, le Moscovite, battu en demi-finale à Acapulco par un Rafael Nadal toujours imbattable en 2022, a pu compter sur un allié inattendu : Jiri Vesely, vainqueur surprise de Novak Djokovic à Dubaï et qui est, au passage, l’un des trois seuls - avec Nick Kyrgios et Marat Safin - joueurs ayant affronté au moins deux fois le monstre serbe sans jamais concéder la défaite (Vesely a également dominé Djoko à Monte Carlo, en 2016, ndlr). Renversant.
La série du mois : Anett Kontaveit
Il y a Rafael Nadal, le roi de la terre battue. Il y a également Anett Kontaveit, la reine de l’indoor. L’Estonienne a une nouvelle fois été fidèle à sa réputation en remportant le tournoi de Saint-Pétersbourg - le troisième WTA 500 de sa carrière - face à Maria Sakkari, faisant ainsi grimper à vingt son nombre de victoires consécutives sur la surface. Victorieuse en 2021 des tournois d’Ostrava, Moscou et Cluj, Kontaveit n’a plus perdu en indoor depuis une défaite face à Sara Sorribes Tormo en octobre 2020. Petit hic, quand même : il n’existe pour le moment aucun tournoi du Grand Chelem en indoor. Rassurez-vous, Anna Kontaveit se débrouille également pas mal à l’air libre, à l’image de sa finale disputée à Doha dimanche dernier face à une Iga Swiatek qui attend toujours sa première glissade sur dernière marche.
Les larmes du mois : Juan Martin del Potro
« Je suis heureux parce que mon probable dernier match a eu lieu sur un court et non en donnant une conférence de presse. » Et quoi de mieux que Buenos Aires pour dernier terrain de jeu et Federico Delbonis pour dernier adversaire, sous les yeux d’une maman venue pour la première fois de sa vie voir jouer son fils en tournoi ? Ainsi Juan Martín del Potro a donc disputé le dernier match de sa vie et a décidé de mettre un terme à son immense carrière. Lors de cet ultime tour de piste, l’Argentin n’a pu retenir ses larmes au cours des derniers échanges. La planète tennis non plus.
Le rookie du mois : Carlos Alcaraz
Alors que l’ancienne génération continue de faire de la résistance, la jeunesse pousse. Et vite. La preuve : Carlos Alcaraz, déjà brillant lors de l’Open d’Australie, a remporté le tournoi de Rio de Janeiro et est devenu ce mois-ci le plus jeune vainqueur de l’histoire d’un ATP 500 à 18 ans, 9 mois et 15 jours. Comme le poulain de Juan Carlos Ferrero aime les records de précocité, il est aussi devenu le plus jeune membre du top 20 parmi les joueurs encore en activité devant un certain… Rafael Nadal. De là à dire que Carlos Alcaraz aura le même succès que son aîné, il n’y a qu’un pas.
Le coup de sang du mois : Alexander Zverev
Mais que s’est-il passé dans la tête d’Alexander Zverev après sa récente défaite en double aux côtés de Marcelo Melo face au duo Glasspool-Heliövaara au tournoi d’Acapulco ? Impossible à savoir. Une chose est sûre : les fils se sont touchés et l’Allemand a lâché ses nerfs sur la chaise de l’arbitre en lui assénant de nombreux coups de raquette. Un craquage qui lui a valu une grosse amende et une exclusion du tournoi mexicain. Ça valait bien le coup de batailler jusqu’à 4h54 du matin pour venir à bout de l’Américain Jenson Brooksby au premier tour du tournoi… ou peut-être est-ce le manque de sommeil qui l’a mis sur les nerfs.
Le outfit du mois : Serena Williams
Quand reviendra Serena Williams, absente du circuit depuis le 29 juin 2021 et son abandon à Wimbledon ? Personne ne le sait encore. En attendant, l’Américaine assiste dans les tribunes au tournoi ATP de Delray Beach et fait vivre son compte Instagram, sur lequel elle a exhibé son nouveau pull. Un vêtement sur lequel est écrit un “GOAT” en lettres capitales au recto et la date de ses 37 titres de Grand Chelem (23 en simple et 14 en doubles) au verso. Visiblement, il n’y avait plus de place pour noter ses deux victoires en double mixte. En revanche, si Serena Williams arrive à décrocher son 24e Grand Chelem en simple, elle devrait bien trouver une place quelque part. D’autant plus que la question du GOAT serait vite répondue.
Le Français du mois : Benjamin Bonzi
Dur d’être français en ce mois de février où les victoires se sont faites discrètes. Heureusement, certains ont su se montrer à leur avantage. C’est le cas notamment de Lucas Pouille, qui a obtenu sa première victoire sur le circuit ATP depuis septembre 2021 en battant Tallon Griekspoor à Marseille. Mais aussi de Caroline Garcia, qui s’est offerte Simona Halep à Doha. Ou encore d’Harmony Tan, qui a attrapé la plus belle victoire de sa carrière en battant Madison Keys à Guadalajara. Si ces succès ont été sans lendemain, une personne a quand même su enchaîner trois victoires : Benjamin Bonzi. À Marseille, le Français a notamment battu son premier joueur du top 50 - Aslan Karatsev - pour s’offrir une première demi-finale sur l’ATP Tour. L’histoire aurait pu être encore plus belle s’il n’avait pas rompu au troisième set face à Andrey Rublev… De son côté, Benoît Paire a essuyé quatre défaites en autant de rencontres mais il peut se consoler en ajoutant sur son CV qu’il imite Hulk à la perfection.
L’échange du mois : Cori Gauff
Il existe deux manières de réagir à une double faute : ressasser ou vite tourner la page. Coco Gauff, elle, a opté pour la seconde solution. À l’image de son rallye remporté face à Paula Badosa à Doha lors duquel elle a fait l’essuie-glace sans jamais rompre avant de retourner le rapport de force et remporter le point. Puis, le match.
Le match du mois : John Isner - Reilly Opelka
Cela ne faisait guère de doute : il allait y avoir un tie-break lors de la demi-finale de l’ATP 250 de Dallas entre Reilly Opelka et John Isner. Il faut dire que les deux Américains restaient sur une série de dix jeux décisifs consécutifs avant cette rencontre. Bingo : comme prévu, il y a eu deux nouveaux tie-break dans cette rencontre remportée par Reilly Opelka (7-6, 7-6). A priori, un match comme un autre entre les deux hommes donc. Sauf que celui-ci est entré dans l’histoire. Et plutôt trois fois qu’une. Il y a d’abord les 39 aces réussis par Opelka - un record sur un match en deux sets - puis les 60 aces réussis par le duo. Mais, surtout, ce tie-break terminé à 24-22, soit le plus long de l’histoire de l’ATP Tour ! Décidément, John Isner aime lorsque cela dure longtemps.
Le livre du mois : Alizé Cornet
L’Open d’Australie l’a rappelé : Alizé Cornet n’est pas encore à la retraite. Cela ne l’empêche pas de préparer déjà son après-carrière. Celui-ci devrait d’ailleurs se passer avec une plume dans la main puisque la Française, qui avait déjà écrit son autobiographie Sans Compromis en 2020, a annoncé la sortie en mai prochain de son premier roman. Un livre intitulé La Valse des jours qui serait « une saga familiale en hommage aux femmes de ma vie ». Une référence aux L5 ?
L’histoire du mois : Dayana Yastremska
Comme souvent, lorsqu’elle a une pause entre deux tournois, Dayana Yastremska part se ressourcer et s’entraîner chez elle à Odessa, en Ukraine. Sauf que contrairement à l'accoutumée l’une de ses dernières nuits a été perturbée par des bombardements comme elle l’a racontée à L’Équipe : « On s’est cachés dans le parking souterrain de notre immeuble et on a attendu. On y a aussi passé la nuit suivante. C’était vraiment effrayant. Cette guerre, je l’ai vue de mes propres yeux. Je l’ai entendue. J’ai vu combien elle était terrifiante. Quand j’ai vu les missiles exploser, c’était glaçant. Tu ne sais pas où ils vont tomber, tu ne sais pas quoi faire, tout le monde panique et essaye de se cacher en sous‐sol pour survivre. Il y avait beaucoup d’enfants, des femmes seules… C’est tellement irréel ! On ne peut pas vraiment comprendre ce qu’est un tir de missile sans le vivre, sans le ressentir. D’habitude, la guerre, on la voit dans un film. Mais ce film est devenu la réalité. » Finalement, Dayana Yastremska a réussi à quitter l’Ukraine avec sa petite soeur de 15 ans pour la France et Lyon, où elle y dispute cette semaine un tournoi, laissant derrière elle ses parents à Odessa et symbolisant un monde du tennis qui s’unit pour la paix.
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