Bonne année et bonne santé à tous. Je vous ai laissés avec ma traditionnelle lettre au Père Noël dans laquelle je me suis permis un certain nombre de demandes. En revanche, celle de l’association Djokovic-Murray n’en faisait pas partie. Peu importe, je prends quand même, car je suis fan absolu de cette collaboration.
Dès son annonce, j'ai pensé que l’idée était aussi surprenante que bonne. Voir Andy Murray revenir sur le circuit aussi rapidement en tant que coach était en effet plutôt étonnant. Et dans la box de Novak Djokovic, encore plus. Ou pas finalement. Pas certain que le double vainqueur de Wimbledon aurait accepté de reprendre du service aussi vite aux côtés d’un joueur au potentiel moins élevé. Rappelons que sa retraite remonte seulement aux Jeux Olympiques, en août dernier.
Evidemment que s’il avait fallu entraîner un joueur ou une joueuse ayant comme objectif de sortir des qualifs, l’Ecossais (ou sa femme) n’aurait même pas pris le temps de la réflexion avant de refuser. Mais là, l’ambition de son joueur est tout simplement de gagner le tournoi et au vu de son palmarès, il est logique de dire qu’elle est justifiée.
A moins d’un accident de parcours, il est difficile d’imaginer l’homme aux 24 Grands Chelems quitter le tournoi prématurément. Si cela se confirme, cela serait synonyme pour Murray d'un début forcément gagnant en tant qu’entraîneur. Attention, début gagnant ne veut pas forcément dire que son joueur doit remporter le tournoi, mais juste atteindre, au moins, les quarts de finale, ce qui est loin de relever du surnaturel.
Son joueur est tellement star lui-même que personne ne pourrait lui faire de l’ombre.
On ne sait pas encore si Andy Murray avait, quoi qu’il arrive, prévu d’entraîner. En revanche, tout le monde disait qu’il ferait, un jour, un excellent entraîneur, au même titre que Gilles Simon par exemple. Ces joueurs extrêmement intelligents, avec un quotient intellectuel tennistique très élevé, peuvent sans aucun doute faire d’excellents coachs. Je pense à des noms tels Richard Gasquet, qui a déjà dit qu’il voulait entraîner, Nicolas Mahut, qui étudie le jeu encore et encore, Andy Roddick qui est dans l’analyse permanente et bien d’autres. Andy Murray est clairement dans cette lignée, comme le seraient aussi incontestablement Rafael Nadal et Roger Federer. Mais eux sont de telles stars qu’ils voleraient immédiatement la vedette à leur protégé(e). Murray l’est aussi, mais à un degré moindre. Et dans ce cas, peu importe, car son joueur est tellement star lui-même que personne ne pourrait lui faire de l’ombre.
Pour Novak Djokovic, qui l’a d'ailleurs très bien expliqué, Andy Murray est le profil parfait pour lui apporter ce je-ne-sais-quoi pouvant lui permettre de parvenir à chasser avec succès ce 25e titre du Grand Chelem après lequel il court.
Voici ce qu’en dit Djokovic : « J'ai essayé de comprendre ce dont j'avais besoin à ce stade de ma carrière, car je me suis séparé en mars de mon (ancien) entraîneur Goran Ivanisevic, avec lequel j'ai connu beaucoup de victoires et travaillé pendant de nombreuses années. Je me suis rendu compte qu'à ce stade, l'entraîneur idéal pour moi serait quelqu'un qui a vécu les mêmes expériences que moi, peut-être un vainqueur de plusieurs tournois du Grand Chelem, un ancien numéro un mondial. » Et de poursuivre : « C'est l'une des principales raisons pour lesquelles j'ai demandé à Andy de travailler avec moi. J'ai encore de grands projets, et tant que ce sera le cas, je continuerai. Je vais essayer de revenir fort, parce que j'ai l'impression que mon corps me le permet. Je suis toujours motivé pour gagner des Grands Chelems et marquer encore plus l'histoire. »
C’est bien aussi, niveau comm', d’avoir son entraîneur qui ne parle pas comme le méchant dans James Bond.
Je ne suis pas totalement convaincu que Novak ait encore tant de projets que ça. Je vous rappelle que le gars a tout gagné et à plusieurs reprises. Des projets pour avancer, il n’y en a donc forcément plus tant que ça. En revanche, pour le reste, tout ce qu'explique le Serbe est d’une limpidité tellement évidente qu’on a juste envie de dire : « Mais bien sûr, pourquoi n’y avons-nous pas pensé plus tôt ?! »
Ce que Djokovic ne dit pas, c’est qu’Andy Murray apporte de la nouveauté dans son équipe, à commencer par une absence d’accent des Balkans. Non pas que j’y vois un souci particulier, mais il faut avouer que c’est bien aussi, niveau comm', d’avoir son entraîneur qui ne parle pas comme le méchant dans James Bond ! En interview, Murray est même particulièrement doué, affichant une grande répartie, comme en témoigne cette réponse donnée lors de l’exhibition d'avant-tournoi à Melbourne.
Et pour finir, comme Novak Djokovic éprouve énormément de respect envers Andy Murray, pour l’homme qu’il est (les deux s’entendent très bien, depuis toujours, eux qui se sont croisés depuis le tout début du fait qu’ils n’ont qu’une semaine d’écart), mais aussi pour le joueur et le rival qu’il a été, capable de le battre, qui plus est en finale de Grand Chelem, qui plus plus est à Wimbledon, là où Novak Djokovic a triomphé le plus de fois. Ce respect va obliger Novak, au moins dans un premier temps, à contrôler ses émotions envers son clan, ce qui n’est pas un de ses points forts. Et parvenir à ne pas hurler sur son clan lui permettrait d’économiser de l’énergie, ce qui, à 37 ans, est loin d'être un détail.
Vous l’aurez compris, cette association est un win-win international. Murray peut montrer au monde entier qu’il est déjà un excellent entraîneur, ce qui, pour la suite de cette seconde carrière, est une très bonne nouvelle pour lui. Quant à Djokovic, il peut, grâce à Andy, remporter encore des Grands Chelems, ce qui est la seule chose qui compte aujourd'hui pour lui et qui fait qu’il est encore un joueur de tennis professionnel.