Rien ne sert de tourner autour du pot, le vainqueur du simple messieurs sera soit le numéro 1 mondial, Jannick Sinner, soit le septuple champion des lieux, Novak Djokovic, soit le tenant du titre, Carlos Alcaraz. Je vous entends déjà dire « ça va, il ne se mouille pas trop » ou « moi aussi, je peux dire ça ». Que voulez-vous, je ne vais pas non plus vous annoncer que Sumit Nagal va gagner Wimb (imagine !!!). Il fut un temps où j’aurais pu faire une annonce sensationnelle pour faire parler un peu, mais ce temps est révolu. Aujourd’hui, j’ai 50 ans et je suis devenu un sage parmi les sages.
En plus de cette sagesse, acquise depuis peu, je suis cohérent avec moi-même. Il y a 15 jours, je vous avais déjà parlé de ces trois-là. J’avais d’ailleurs écrit la chose suivante (le mec s’auto-cite, j’adore !) : « C’est pourquoi le fait d’être classé deux ou trois changera tout pour Carlitos. En étant numéro deux, il ne peut croiser Sinner qu’en finale. En revanche, s’il est troisième mondial, alors les deux hommes pourraient se livrer bataille en demi-finale, ce qui, à mon humble avis, serait vraiment dommage. »
Après s’être incliné, trop tôt, au Queen’s, Alcaraz a, malheureusement pour lui, glissé à cette foutue troisième place. Cela va l’obliger à jouer « deux finales » au lieu d’une pour faire un doublé qui serait, pas inédit, mais bel et bien historique à un âge aussi précoce. Néanmoins, devoir s’imposer face à un Sinner en grande forme, puis contre le GOAT, me paraît un peu trop lourd pour les nerfs toujours un peu à vif de Carlitos.
C’était mal connaître l’homme au 24 Grands Chelems
Pour ne pas bâcler, mais pour ne pas non plus être redondant, je dirais que la situation de Sinner est très similaire à celle d’Alcaraz. A la différence qu’il n’a pas la pression du tenant du titre et que, contrairement à « Charly », lui a remporté son tournoi de préparation sur gazon, en montrant au passage des choses assez incroyables, en mode « j’envoie des messages à vous-savez- qui ». Je vois donc Sinner en finale, en raison d’un niveau de jeu légèrement au-dessus de son rival espagnol, mais aussi car il sera animé d’un sentiment de revanche après sa défaite en demie à Roland-Garros face au futur vainqueur.
Pour moi, le vainqueur de l’édition 2024 de Wimbledon sera Novak Djokovic. Pendant un moment, il y avait un gros point d’interrogation sur sa participation. En cause, la blessure au genou qui avait nécessité une intervention chirurgicale au ménisque et qui devait mettre alors un terme à sa participation à Wimbledon, voire aux Jeux Olympiques. C’était mal connaître l’homme aux 24 Grands Chelems, qui va non seulement s’aligner pour « The Championships », mais qui est aussi pour moi le favori pour s’imposer, et cela pour de nombreuses raisons.
Premièrement, statistiquement, cela fait trop longtemps qu’il n’a pas remporté un titre du Grand Chelem. Son dernier remonte à l’US Open 2023. La dernière fois qu’il a joué trois tournois du Grand Chelem consécutifs, sans en gagner un, remonte à l’après-victoire de Roland-Garros en 2016, lorsqu’il a connu une période très difficile. Mais en temps normal, il joue rarement trois tournois du Grand Chelem de suite sans soulever au moins un trophée.
Son degré de confiance lorsqu’il se présente sur le Centre Court est proche de ce que ressent Rafael Nadal lorsqu’il pénètre sur le court Philippe-Chatrier.
Deuxièmement, il a un tirage ultra favorable. Au 1er tour, il affronte le 123e joueur mondial, issu des qualifications, le Tchèque Vit Kopriva. Qui ? Exactement. Au 2e tour, ce sera le vainqueur du match entre la wild card britannique Jacob Fearnley (277e) et le qualifié espagnol Alejandro Moro Canas (188e) mondial. Au 3e tour, les choses se compliquent (not!) pour Novak, avec face à lui un des quatre joueurs suivants : Tomas Martin Etcheverry, Luca Nardi, Alexei Popyrin ou Thiago Monteiro. En huitième, il pourrait affronter Holger Rune ou Karen Khachanov. Certes, le niveau s’élève un peu (encore heureux), mais on n’est pas non plus sur des « hall of famers ». Le premier cité compte 4 victoires et 2 défaites à Wimbledon depuis le début de sa carrière. Quant au second, il est mené 9-1 face à Djoko en face-à-face, avec notamment une défaite à Wimbledon en trois sets au stade... des huitièmes de finale. Comme par hasard. Le tournoi du Serbe ne démarrera qu’en quart de finale, probablement face à Hubert Hurkacz. Là, ça sera du lourd, mais en attendant, Novak sera en vitesse de croisière. Et vous aurez le bonjour de son genou.
Troisièmement, il sait mieux que (presque) n’importe qui - Roger Federer a soulevé la coupe huit fois -, comment s’imposer durant cette quinzaine londonienne. Son degré de confiance lorsqu’il se présente sur le Centre Court est proche de ce que ressent Rafael Nadal lorsqu’il pénètre sur le court Philippe-Chatrier. Quand on sait à quel point le niveau de confiance est crucial dans le tennis, on se dit que c’est un avantage non négligeable.
Au risque de manquer d’originalité, je vous annonce donc que le 14 juillet prochain, en plus de voir la France s’imposer en finale de l’Euro (allez les Bleus !!!!), nous aurons le plaisir de continuer à voir s’écrire l’histoire, avec le huitième titre remporté à Wimbledon par Novak Djokovic. Et, surtout, son 25e titre du Grand Chelem, ce qui en fera le recordman absolu dans la catégorie reine, reléguant Margaret Court derrière lui une bonne fois pour toutes.