Iga Swiatek face à Aryna Sabalenka : c'est devenu le classique du circuit féminin. Les deux femmes en sont à leur 10e confrontation. Les quarts de finale constituent le stade de la compétition le plus précoce durant lequel elles se sont affrontées et ce n’est arrivé qu’une fois (Doha 2022). Sinon ç'a toujours été demi-finale, finale ou Masters féminin.
Dans leur face-à-face, Swiatek menait 6 à 3 avant la finale madrilène. Leur dernier match remontait alors à la demi-finale du Masters, fin 2023, avec la victoire d’Iga. Avant cela, toujours l’année dernière, c’est en finale à Madrid (tiens, tiens) qu’on retrouvait trace d’une confrontation entre les deux championnes. Et ce jour-là, Sabalenka avait pris le dessus, en trois sets, pour s’adjuger le titre.
Depuis 48 heures, on peut maintenant dire que Swiatek a pris sa revanche. Tout comme en 2023, la finale de cette année est allée au bout du suspense, voire plus. En effet, au-delà des 3h11 de match, soit la plus longue finale sur le circuit principal féminin en 2024, c’est le spectacle qui a vraiment été au rendez-vous. Le scénario était dingue ! Swiatek a sauvé trois balles de match, deux sur des fautes directes de son adversaire et une sur un coup droit gagnant, frappé avec autant de violence que de détermination. Avant de conclure, la numéro 1 mondiale a, elle aussi, manqué le coche avec une balle de match sauvée par Sabalenka, grâce à son 4e ace durant ce match. Mais c’est finalement Swiatek qui est parvenue à s’imposer, alors qu’elle menait 8-7 dans le tie-break du troisième set. Score final : 7-5 4-6 7-6 en 3h11.
Iga Swiatek : évoluer aux côtés d’une joueuse aussi forte permettait de s’améliorer
S’il s’agissait de la 10e confrontation entre les deux joueuses, il s'agissait en revanche de la première en 2024. On sent bien que cette affiche est devenue une vraie rivalité. Depuis un moment maintenant, lorsqu’elles s’affrontent, il s’agit de la numéro 1 mondiale contre la numéro 2. Elles ne s’affrontaient déjà (presque) jamais avant les demi-finales et maintenant, elles croisent le fer uniquement pour le titre. Leur relation semble cordiale, mais elle n’est en aucun cas celle de deux personnes qui s’apprécient particulièrement. On n’est pas du tout sur une relation à la « Nadal-Federer », mais bien sur un « Nadal-Djokovic », avec beaucoup de respect, mais aucune affinité !
Après la finale, sur le plateau de « Tennis Channel », Swiatek a parlé de cette rivalité, en expliquant qu’il était « important d’avoir des rivalités dans le tennis », et que « évoluer aux côtés d’une joueuse aussi forte permettait de s’améliorer ». A aucun moment de sa réponse, Swiatek n’a évoqué Sabalenka en tant que personne, ni même les problèmes qu’elle a dû surmonter récemment. Elle n’a fait que parler du tennis de son adversaire. Et lorsqu’on observe leurs poignées de main, elles sont rarement chaleureuses. Ça se limite à un « merci, bien joué » et « good luck for the rest of the season » !
Personnellement, je suis ravi que ces deux immenses championnes ne soient pas « bff ». L’absence d’affectif permet d’avoir plus de piment sur le court lorsqu’elles s’affrontent. Voir des joueuses ou des joueurs tomber dans les bras l’un de l’autre à la fin d’un match, c’est bien, mais avoir deux athlètes qui ne s’apprécient pas particulièrement, voire se détestent, est un vrai plus pour les spectateurs admiratifs que nous sommes. Souvenez-vous du Tsitsipas-Kyrgios à Wimbledon en 2022. Un match totalement fou, avec du « drama » comme on l’adore. Attention, je ne dis pas que Swiatek et Sabalenka se détestent.
Je n’en ai pas la moindre idée, mais pas la peine d’être « mentalist » niveau ligue des champions pour comprendre qu’on n’a pas affaire à des copines.
Pour Swiatek et Sabalenka, à moins d’un non match de l’une ou de l’autre, l’affiche tiendra ses promesses, c’est certain.
Les deux joueuses vont maintenant prendre la direction de Rome pour, pourquoi pas, remettre ça le samedi 18 mai (jour de la finale du simple dames à l'Internazionali BNL d’Italia), pour un second « 1000 » d’affilé. Mais rien n’est moins sûr, car depuis que le « 1000 » de Madrid est revenu sur le circuit féminin, soit en 2009, il n’y a jamais eu la même affiche « back to back » en finale de Madrid puis Rome. Il n’y a d’ailleurs eu que deux doublés Madrid-Rome : Dinara Safina en 2009 et Serena Williams en 2013. Peu de chances donc, statistiquement, de retrouver Swiatek et Sabalenka à nouveau opposées en finale à Rome.
En revanche, il est évident que pour Roland-Garros, ce serait la finale de rêve. Il faut remonter à 2013 pour trouver trace d’une finale entre les deux premières têtes de série au Grand Chelem parisien, avec la victoire de Serena Williams (1) face à Maria Sharapova (2). L’Américaine s’était imposée en deux sets (6-4 6-4) en 1h46. Il ne s’agissait pas de la finale du siècle, même si l’affiche était tellement prometteuse ! En même temps, on n'était pas non plus en présence des deux meilleures joueuses sur terre battue. Pour Swiatek et Sabalenka, à moins d’un non match de l’une ou de l’autre, l’affiche tiendra ses promesses, c’est certain. L’une, Swiatek, est sans doute la meilleure joueuse sur terre battue aujourd’hui. Et l’autre, Sabalenka, sa dauphine sur la surface. Aucune raison pour qu’elles ne se battent pas comme des chiffonnières, jusqu’à ce que l’une d’entre elles ne soit obligée de poser un genou à terre. La preuve est la qualité du match qu’elles viennent de nous offrir à l’occasion de la finale madrilène.
Vive la rivalité Swiatek-Sabalenka et espérons qu’elle atteigne ses sommets en finale à Roland !