« Si je dois choisir, cette année, je préfère gagner l'or olympique plutôt que Roland-Garros. » Voilà ce qu’a répondu Carlos Alcaraz aux journalistes sud-américains, en marge du tournoi de Buenos Aires, lorsqu’ils lui ont posé la question.
Tant de choses à dire concernant cette réponse ! En premier lieu, il faut saluer l’honnêteté du jeune Espagnol, car bon nombre de joueurs auraient évité de répondre, en noyant le poisson dans un gloubi-boulga d’eau tiède qui, au final, ne serait ni intéressant, ni exploitable, ni rien du tout. Néanmoins, pas surprenant pour Alcaraz qui transpire l’authenticité (pourvu que ça dure !).
« J'attends avec impatience les Jeux de Paris 2024 »
Deuxième enseignement : l’importance qu’accorde Carlos Alcaraz aux Jeux Olympiques. Il n’est d’ailleurs pas le seul dans ce cas de figure. Mis à part quelques noms comme Casper Ruud ou John Isner, qui avaient sacrifié une participation aux JO pour disputer des « 250 » orphelins des meilleurs mondiaux, la grande majorité des joueurs de tennis ont un grand attachement pour l’épreuve olympique. Il y a un an, le numéro un mondial, Novak Djokovic, avait déclaré : « J'attends avec impatience cette échéance (les Jeux de Paris 2024). J'espère que je pourrai jouer en bonne santé. Ça va se jouer sur terre battue à Roland Garros et je connais bien ces courts (où il a gagné en 2016, 2021 et 2023, NDLR). J'espère donc que le meilleur résultat olympique pour moi arrivera là-bas. »
Le choix de l’Espagnol en a choqué plus d’un, au point que les journalistes de l’émission de grande écoute « Les Grandes Gueules du sport » sur RMC en ont fait un débat. Des phrases du type « Mais comment peut-il dire ça ?!! » ont été prononcées. Je ne comprends pas du tout cet étonnement. Combien de fois, dans la carrière de Carlos Alcaraz, et même s’il joue jusqu’à 40 ans, aura-t-il l’occasion de remporter la médaille d’or olympique à Roland-Garros ? Une seule. Pour être médaillé d’or aux Jeux de Paris, c’est cette année ou jamais. Et ça, Carlitos le sait. Quant aux journalistes de RMC, ils pensent peut-être qu’il y aura des JO à Paris encore trois ou quatre fois lors des vingt prochaines années…
On a affaire à la population la plus compétitive de la planète
Ce qui me fait doucement rigoler est que si, par malheur, Carlos Alcaraz avait répondu l’inverse, il aurait tout autant provoqué un tollé : « Quoi, mais comment peut-il ne pas choisir la médaille olympique ? Ce n’est qu’une fois tous les quatre ans ! »
Soyons honnêtes. La question posée à Alcaraz est un piège. Vous vous doutez bien qu’aucun joueur de tennis, Carlos Alcaraz y compris, ne sacrifierait ne serait-ce qu’un match d’entraînement. On a affaire à la population la plus compétitive de la planète. Si le ou la journaliste qui a posé cette question à « Charly » lui avait demandé quels tournois il souhaitait gagner cette année, il est évident qu’il aurait répondu « Tous ceux auxquels je participe ».
Après avoir été honnête, soyons sérieux. Il ne faut pas prendre cette réponse au premier degré. Non, Alcaraz ne va pas balancer pendant la quinzaine de « Roland », de manière à s’économiser pour les JO. Il a juste joué le jeu de cette question légèrement « choix de Sophiesque ». Il ne faudra pas se plaindre, dans quelques années, quand Carlos Alcaraz, pour éviter des effets boomerang du même genre, ne répondra plus à ce type de questions.
Carlos Alcaraz a une opinion. Ne faut-il pas la respecter ? Et si non, alors peut-être ne faut-il tout simplement pas lui poser la question. Et rien que pour ça, j’adorerais qu’il gagne les deux. Sachant qu’il n’a pas répondu ça. Normal, ce n’était pas la question.