Qu’ont en commun Novak Djokovic, Carlos Alcaraz, Daniil Medvedev, Jannik Sinner, Andrey Rublev, Stefanos Tsitsipas, Alexander Zverev et Holger Rune ? Ils sont tous à Turin pour disputer l’épreuve mythique du tennis qu’est le Masters, rebaptisé depuis un moment, même si je ne suis pas fan, les « ATP Tour Finals ».
Dans le groupe « Green » (ils ne se sont pas cassé la tête pour trouver les noms des groupes), on retrouve le taulier Novak Djokovic, le jeune qui monte Jannick Sinner, le perché Stefanos Tsitsipas et l’effronté Holger Rune. Dans le groupe « Red » (quand je vous dis qu’ils ne se sont pas fait violence pour nommer les groupes...), on retrouve le crack Carlos Alcaraz, le poulpe Daniil Medvedev, l’émotionnel Andrey Rublev et le beau gosse Alexander Zverev.
Petite revue d’effectif :
Le taulier - Novak Djokovic
Le numéro 1 mondial mérite le surnom de taulier, non pas parce qu’il est le plus vieux de la bande - le deuxième plus vieux est Daniil Medvedev (27 ans) avec neuf ans de moins que le Serbe ! -, mais bel et bien parce qu’il a remporté l’épreuve à six reprises (corecordman avec Roger Federer) et en est le tenant du titre. Djokovic est, comme depuis tant d’années, dans la forme de sa vie. Il adore jouer en indoor, il est reposé, il vient de gagner le Rolex Paris Masters et, avant cela, il n’avait pas joué sur le circuit depuis l’US Open. D’ailleurs, entre Roland-Garros, qu'il avait remporté, et l'US Open (pareil !), il n’avait joué que Wimbledon (finaliste) et Cincinnati (vainqueur). Il est l’ultra favori pour remporter un septième trophée de maître absolu et fait figure, sans aucun doute, de patron des lieux. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’ATP lui a donné la main sur le jeu qu’ils ont organisé avec les joueurs avant le début de l’épreuve.
Le crack - Carlos Alcaraz
Il n’y a aucun doute dans l’esprit de qui que ce soit, et certainement pas dans celui des participants au Masters, que le futur GOAT, si tant est qu’il dépasse Djokovic un jour, sera Carlos Alcaraz. La subtilité dans la phrase que je viens d’écrire est le mot « futur ». Même s’il a déjà prouvé énormément de choses, il est loin d’avoir mis tout le monde d’accord. Cette saison, il a montré des failles, notamment en demi-finale à Roland-Garros, mais aussi dès son premier match au Rolex Paris Masters, lors de sa finale à Rio face à Cameron Norrie, pendant sa tournée asiatique… Lorsqu’Alcaraz joue un match, on ne s’attend pas à ce qu’il gagne obligatoirement. Il s’agit, cette année, de sa première participation aux « ATP finals ». Il n’est pas favori et pourrait même ne pas sortir du groupe rouge dont il est la tête de série numéro 1.
Le poulpe - Daniil Medvedev
Je suis fan absolu de Daniil Medvedev. Bien évidemment, j’adore ses phrases choc sur et dehors du court. Je me régale également lorsqu’il pète les plombs sur le terrain. Mais surtout, comment ne pas être en totale admiration devant son jeu tellement peu académique et pourtant si efficace ? Avec ses longs bras et ses jambes encore plus longues, Daniil Medvedev est quasiment indébordable. C’est la raison pour laquelle il est surnommé le poulpe. Je précise que ce n’est pas moi qui le dis, mais son pote Andrey Rublev. Comme Djokovic, Medvedev adore jouer en indoor. Il est frais, n’ayant pas joué depuis sa défaite d’entrée à Bercy face à Grigor Dimitrov. C’est sa cinquième participation au Masters. En 2020, il s’y était imposé pour la der de l’épreuve à Londres. Il peut le faire.
Le jeune qui monte - Jannick Sinner
J’ai l’impression que Jannik Sinner va être là pour un bon moment. L’Italien avait fait irruption sur la scène mondiale du tennis à l’occasion de Roland-Garros 2020 (édition covid). Il avait atteint les quarts de finale et poussé, autant que faire se peut, dans ses retranchements Rafael Nadal, même s’il avait fini par s’incliner en trois sets. On s’attendait à ce qu’il explose suite à ça, mais le plus germanophone des Italiens a pris son temps. Il a pourtant atteint sa première finale en Masters 1000 en 2021, à Miami, mais a dû attendre cette année pour soulever à Toronto son premier trophée dans la catégorie qui vient juste après les Grands Chelems. Certains disent qu’il n’est pas tout à fait prêt pour dominer, qu’il lui manque encore un peu de régularité pour performer dans les majeurs. « Ils » n’ont pas tout à fait tort, car en regardant son palmarès en Grand Chelem, on s’aperçoit qu’il n’a qu’une demie en seize participations. Mais le Masters n’est pas un Chelem. On joue en deux sets gagnants et on peut rafler la mise en ne gagnant que quatre matches. Chez lui, avec le soutien du public, pas certain qu’il n’ait pas un gros sourire dimanche soir.
L’émotionnel - Andrey Rublev
Andrey Rublev est mon chouchou. Je préfère le dire pour que les choses soient claires. Ayant dit cela, le deuxième meilleur Russe est victime de son ultra émotionnélisme (j’aime inventer des mots). C’est un grand sensible. Lorsqu’il joue, on sent qu’il est torturé de l’intérieur. Il est clairement une cocotte-minute qui peut exploser à tout moment. S’il parvient à canaliser ses émotions et à les utiliser à bon escient, alors il peut être vraiment dangereux. Le problème est que durant cette semaine, il va faire face à ses démons à chaque match. Même durant les moments de « RP » pré-tournoi, on sentait qu’il n’était pas tout à fait à l’aise. Il se sent obligé sans arrêt de justifier sa présence, malgré ses deux titres (14 depuis le début de sa carrière) et quatre finales cette saison. Je ne le vois pas sortir des poules, même si j’aimerais plus que tout le voir s’imposer à Turin. Mais bon…
Le perché - Stefanos Tsitsipas
Que dire de Stefanos Tsitsipas ? Premièrement, qu’il est loin d’avoir réalisé sa meilleure saison. En second, qu'il a trouvé l’amour avec Paula Badosa. Les deux infos seraient-elles liées ? Impossible que non. Mais il est possible qu’il y ait d’autres éléments dont on ignore l’existence. Par exemple, il se pourrait qu’Apostolos (son papa/coach de toujours) soit un peu trop présent dans la carrière de son fils, au point que les conseillers extérieurs demandés par « Stef » finissent par quitter le navire en overdose du papa. Jérôme Bianchi, Thomas Enqvist et Mark Philippoussis sont tous partis (presque en courant). Ah oui j’oubliais, en plus du père, il y a la mère, toujours là, toujours en train de parler (comme le père). Pas étonnant que « Stef » s’isole dans son monde et aille chercher de l’amour ailleurs. Il doit s’émanciper de ses parents pour se retrouver à nouveau sain de corps et d’esprit. En attendant, les résultats ne suivront pas et on aura plus droit à des moments comme celui ci-dessous :
Le beau gosse - Alexander Zverev
Et si c’était pour lui ? Ben quoi ? En premier lieu, je tiens à vous rappeler qu’il l’a déjà fait et, surtout, le type a la dalle ! N’oubliez pas que lorsque Zverev se tord la cheville horriblement, en demi-finale de Roland-Garros face à Rafael Nadal, il est dans la forme de sa vie. D’aucuns diront que s’il ne s’était pas blessé ce jour-là, il aurait pu battre l’Espagnol. Peut-être. On ne le saura jamais, mais ce dont on peut être certain, c'est qu’à force de travail et de détermination, il est parvenu à revenir là où il était avant le drame. Ok, pas tout à fait. Il est aujourd’hui 7e alors qu'avant, il gravitait plutôt autour des 3e et 4e places. La réalité, c'est que son arrêt forcé lui a permis de souffler. Certes, beaucoup plus qu’il ne l’aurait souhaité, mais ce break malgré lui lui permet aujourd’hui de bénéficier d’un capital fraîcheur bien plus élevé que tous les autres joueurs du tournoi, mis à part Novak Djokovic qui, lui, semble frais en permanence ! « Sacha » est mon outsider numéro 1 que personne ne voit venir. Moi oui.
L’effronté - Holger Rune
Le terme effronté pour désigner Holger Rune n’est en aucun cas péjoratif. Il s’agit juste de dire que le garçon s’invite à la table des grands alors qu’il est un peu le minot de la bande. Pas plus qu’Alcaraz me direz-vous, mais tennistiquement, il n’y a pas photo. L’un a déjà deux Grands Chelems dans son escarcelle, alors que l’autre n’a toujours pas atteint un dernier carré dans ce type de tournois. Néanmoins, après s’être un peu perdu cette année, sans trop savoir qui écouter, il a fini par se tourner vers un « sage », en la personne de Boris Becker. Evidemment que la sagesse n’est pas le mot qui vient naturellement à l’esprit pour décrire « Boom Boom », mais en l’occurrence l’Allemand semble être l’homme de la situation. Il joue pour le moment parfaitement son rôle de pompier pour éteindre l’incendie Rune. Malgré tout, je crains que le Danois ne parte de trop loin pour briller dans ce tournoi auquel il participe pour la première fois, lui qui, l’an passé, était le sparring de Novak Djokovic au même endroit ! Je maintiens mon pronostic sur la collaboration germano/danoise, mais je dois dire que je ne pensais pas qu’ils arriveraient jusque-là. Comme quoi, même moi, je peux me tromper !
En résumé, Novak Djokovic ultra favori. Alexander Zverev outsider. Et Daniil Medvedev et Jannik Sinner dans le dernier carré.