Amérique du Sud : terre de passion !

3 mars 2023 à 18:05:11 | par Eli Weinstein

Amérique du Sud : terre de passion !
Le mois de février est réputé dans le monde du tennis professionnel pour la fameuse tournée sud-américaine sur terre battue. C’est l’occasion de voir la passion qui anime les supporters, que ce soit en Argentine, au Chili ou même au Paraguay, comme cela avait été le cas lors d’une rencontre de Coupe Davis dont les Français se souviennent encore…

Il y a des stades où, comme sur le Centre Court de Wimbledon, l’on rit quand on se brûle. En effet, à Londres, ça ne se fait pas de crier trop fort. C’est tellement pas « so british » ! A contrario, il existe des régions du monde où les supporters sont légèrement plus passionnés. Aujourd’hui, je vais me concentrer sur l’Amérique du Sud, connue pour la passion de ses fans qu’ils soient chiliens, paraguayens ou argentins, pour ne citer qu’eux.

Schwartzman escorté hors du court par sept gardes du corps

A l’occasion du 250 de Santiago du Chili, Diego Schwartzman affrontait cette semaine au 2e tour un revenant dans le Top 100, le Chilien Nicolas Jarry, suspendu onze mois en 2020 en raison d’un contrôle positif au Stanozolol et au Ligandrol. Ce deuxième tour était particulièrement accroché. Pour vous faire un dessin, le match a duré 3h06 et s’est terminé 7-6 au 3e pour le Chilien. Il faut dire que les deux se connaissent bien. Il s'étaient déjà affrontés à quatre reprises auparavant et l’Argentin n’avait à ce jour jamais perdu un set face à Jarry. Déjà avant le match, ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde, mais depuis, il est certain qu’ils ne partiront pas en vacances ensemble. Le public a bien eu son rôle à jouer, car il « s’exprimait » entre chaque point, comme si c’était la balle de match de la finale de la Coupe Davis. Il faut dire qu’entre les Chiliens et les Argentins, historiquement, ça n’a jamais été une histoire d’amour. 

La sortie du court a même été un peu/beaucoup houleuse, au point qu'il a fallu qu’ « El Peque » (le petit comme il est surnommé) soit escorté. Schwartzman raconte : "La vérité, c'est que c’était un beau match à apprécier et à regarder, mais que ça a été brutal à un moment donné, surtout quand j’ai quitté le terrain. La quantité d’insultes que j’ai reçues était brutale. Brutale. C’est génial d’être sur le terrain, de jouer, de se faire crier dessus, mais il y a un moment où cela devient moche, surtout quand on quitte le court comme ça. Quand le match est terminé, les gens peuvent se calmer, mais ils ont dû me faire sortir avec six ou sept personnes de la sécurité autour de moi. Je trouve que ce n’est pas normal. » C’est vrai que c’est allé un peu loin ce coup-ci, mais c’est le risque quand il y a grosse passion en tribunes.

La France tombe dans le piège paraguayien

En 1985, l’équipe de France de Coupe Davis de Yannick Noah et Henri Leconte se rend à Asuncion au Paraguay pour défier Victor Pecci et les siens. Et quand je dis « les siens », c’est pas juste ses coéquipiers, mais bien tout le Paraguay. 

La rencontre avait lieu dans un gymnase sans aération. La surface était constituée de lattes de bois vitrifiées, ce qui s’apparentait à jouer sur une piste de bowling. Certes, la France a perdu la rencontre, et oui, on peut se poser la question sur l’homologation de la surface, la formation et le niveau de neutralité de l’arbitrage etc etc… En revanche, les 3500 personnes présentes, soit en gros 1750 personnes de trop par rapport à la salle, étaient à fond à chaque minute des trois jours de la rencontre. Tout comme l’orchestre de plus de 100 musiciens qui jouaient entre chaque point. Ça, c’est la passion ! Prenez-en de la graine le All England Lawn Tennis Club ! Bon, après la balle de match victorieuse de Pecci qui donnait la rencontre au Paraguay, la foule a envahi le court, Henri Leconte a dû se défendre avec sa raquette et Hervé Duthu a terminé KO. Mais au moins, il y avait de l’ambiance !

L’adieu de Del Potro

L’année passée, à l’occasion du tournoi de Buenos Aires, Juan Martin Del Potro a mis un terme à sa carrière, sur une défaite au premier tour face à son compatriote Federico Delbonis. Tout Buenos Aires, ainsi que toute l’Argentine, voulait être à se match, craignant qu’il s’agisse du dernier et souhaitant dire au revoir au phénomène Delpo, l'un des rares joueurs à avoir remporté un Grand Chelem durant la domination Federer-Nadal-Djokovic-Murray.

En regardant ce match, tout le monde avait mal pour « la Tour de Tandil ». Son adversaire l’avait bien compris et commença un enchaînement d’amorties inatteignables pour le géant d'1m98, même si elles n’étaient pourtant pas toutes touchées d'une main de maître.

Seulement voilà, Delbonis avait oublié qu’il affrontait l’idole de tout un peuple et le voir ainsi « maltraité » ne leur a pas plu du tout. Celui qui allait envoyer Del Potro à la retraite s’est mis à se faire siffler. Et pas des petits sifflets de moineau, non, il s’agissait d’une vraie bronca, et dirigée vers un Argentin s’il vous plaît ! A la poignée de main, Delbonis était en larmes et s’était excusé platement. Del Potro était lui aussi en larmes, submergé par l'émotion. Le public chantait et pleurait aussi. Tout le monde pleurait. Ça, c’est la passion ! 

 

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