Netflix s’invite dans le tennis

13 janv. 2023 à 16:05:57 | par Eli Weinstein

Netflix s’invite dans le tennis
Après le succès planétaire de la série documentaire « Drive to Survive », racontant la saison de Formule 1, Netflix a remis le couvert en s’invitant dans le monde fermé du tennis. Comme avec la F1, le but ultime est de redorer le blason du tennis en humanisant les athlètes. Encore faut il que ces derniers jouent vraiment le jeu.

Je ne sais pas si c’était une volonté de faire de la provoc en mode « Netflix », mais c’est donc aujourd’hui, vendredi 13 janvier, que la série « Break Point », produite par Netflix, a vu le jour. Après le succès planétaire de la série-docu « Drive to Survive », qui nous a plongés dans les coulisses de la F1 -  et qui, surtout, a (re)donné l’envie à beaucoup de suivre ce sport qui, il est vrai, avait perdu de sa superbe depuis les années Senna-Prost-Schumacher, la plateforme de streaming a donc décidé de reproduire son concept avec le tennis.

Vendredi 13 janvier - Jour de chance pour le lancement de Break Point

C’est donc avec une grande attente que les fans de tennis (moi y compris) attendaient ce vendredi 13 janvier 2023. Pour ma part, ayant la chance d’être sur pas mal de tournois dans l’année, j’ai pu voir les équipes de Netflix à l’oeuvre. Depuis l’Open d’Australie 2022, ils suivent un certain nombre de joueurs avec des équipes dédiées. L’idée étant, encore une fois, de nous montrer ce que l’on ne peut pas voir normalement. Bien entendu, l’envers du décor suscite énormément de curiosité.  

Et le moment est finalement arrivé. Dès que possible, j’ai lancé le premier épisode de « Break Point » qui s’intitule Maverick (non-conformiste). Pour la petite histoire, j’ai même essayé quelques minutes après minuit. Nous étions officiellement le 13 janvier, mais c’était trop tôt. Dommage, je trouve qu’ouvrir la diffusion dès 0h00 le vendredi 13 janvier aurait été classe. Peu importe, c’est finalement au réveil que j’ai visionné le premier épisode, dont le focus est sur Nick Kyrgios et son titre acquis en double il y a un an à Melbourne, aux côtés de son pote Thanasi Kokkinakis. Forcément, car l’histoire de NK alias « le dissident » en simple s’était arrêtée dès le 2e tour et une défaite assez sèche face au futur finaliste Daniil Medvedev.

Franchement, sachant que Kyrgios allait tenir un rôle important dans cette série, j’espérais qu’on allait avoir droit à du croustillant. Netflix étant un peu le nouvel « esprit canal », et avec un personnage haut en couleur comme « Kygz », on pouvait espérer de « l’action ». Mais c’est là que le tennis a une fois de plus montré ses limites, car la majorité de l’épisode est dominée par des résumés - beaux résumés certes mais résumés quand même - des matches, avec de magnifiques ralentis, du montage lissé synchronisant coups de raquettes et effets de percussions sonores. Tout ça est très bien, mais ce n’est pas ça que je voulais. Les matches, on les a vus. Les résumés aussi. Moi, je voulais voir autre chose. Je voulais voir Nick Kyrgios dans son intimité. Alors oui, il y a quelques petites saynètes hors court, mais cela reste très limité à mon goût. Le ratio images de jeu et images hors court est très déséquilibré.

Un manque de courage de l'ATP, la WTA et Netflix

Cela ne m’étonne pas du tout. Je pense que lorsque Netflix est arrivé avec ses grosses caméras et ses cadreurs tatoués et piercés qui ont tout vu, tout fait, ils ont dû être bien surpris quand on leur a dit : « Vous ne pouvez pas allez là, ni là, et là non plus. En revanche, vous pouvez filmer les clans en tribunes et faire une interview, 15 minutes max du joueur ou de la joueuse. » Le milieu du tennis est tellement protecteur de ses athlètes qu’il est impossible de s’introduire dans leur jardin secret. Et ce même si on est l'une des plus grandes productions au monde et même si on a déjà prouvé avec un autre sport, que lorsque les portes s’ouvrent, ça marche.

Très clairement, les portes sont restées fermées. Du coup, comme le processus était engagé, il a fallu faire avec ce qui était disponible pour raconter une pseudo-histoire. Compliqué.

Mon point de vue est que le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Les agents, l’ATP, la WTA, Netflix, je ne sais pas qui, mais clairement , on a manqué de courage pour aller comme on dit « au bout des choses ». Netflix avait l’occasion de créer une petite révolution dans le tennis. Malheureusement, ça ne s’est pas fait et tous les checkpoints qui existent dans ce sport sont restés bien en place et ont fait leur boulot pour bloquer les accès.

C’est dommage. En espérant qu’ils corrigeront pour la suite, si suite il doit y avoir… 

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