Caroline Garcia au Masters

21 oct. 2022 à 14:18:32 | par eli weinstein

La défaite d’Aryna Sabalenka à Guadalajara a définitivement garanti une place au Masters de Fort Worth au Texas pour Caroline Garcia. Les joueuses tricolores sont présentes dans cette compétition depuis le tout début. Petit tour d’horizon des Françaises au Masters.

Caroline Garcia s’est inclinée hier en huitième de finale du WTA 1000 de Guadalajara face à l’Américaine Sloane Stephens, 7-6 7-5. Un résultat forcément décevant pour la Française, mais pas si illogique que ça. Garcia, depuis sa défaite en demi-finale de l’US Open face à Ons Jabeur, a quelque peu perdu de sa superbe. Depuis, elle n’a gagné qu’un match, son match d’entrée à Guadalajara justement, sur quatre disputés. 

Mais la défaite face à Stephens n’est sans doute pas tant dû à un manque de niveau qu’à, peut-être, une légère décompression. En effet, la veille, sans jouer, Caroline Garcia s’était qualifiée pour le Masters de fin d’année pour la deuxième fois de sa carrière. C’est la défaite de la Biélorusse Aryna Sabalenka face à la Russe Liudmila Samsonova qui a sécurisé la participation de Garcia au Masters. 

Ipso facto, la Française n’avait plus besoin de performer au Mexique, en tout cas pas sous la pression de devoir gagner le tournoi pour se qualifier par exemple. Attention, je ne dis pas du tout qu’elle n’a pas joué son match. D’ailleurs, elle l’a joué à fond, je l’ai regardé en direct à 2 heures du matin (et vous ?). Mais peut-être que son subconscient l’a empêchée d’être à 100%. En plus, elle a visiblement été gênée par un petit quelque chose à la cuisse qui l’a forcée à faire régulièrement des mouvements d’étirement. On imagine bien qu’elle n’avait pas envie de se blesser avant Fort Worth et que cela a peut-être joué aussi sur le degré d’intensité qu’elle s’est infligé.

Premier match du tennis féminin depuis l’ère Open à s’être disputé en cinq sets

« Whatever » comme ils disent. L’info, la vraie, est que Caroline Garcia va offrir à la France une 23e représentation au Masters de fin d’année. La première à avoir montré le chemin est Françoise Dürr, qui a disputé le tout premier Masters en 1972, sur une terre battue floridienne. Elle atteint les demies avant de chuter sur Kerry Melville, qui s’inclinera à son tour en finale face à une teenager de 17 ans : Christ Evert. Pour la petite histoire, Evert ne pourra pas, en raison de son statut d’amateur, toucher les 25 000 dollars promis à la gagnante. Dürr fera trois autres apparitions, sans jamais réussi à faire mieux qu’une demi-finale.

S’en est suivie une traversée du désert longue de près de 15 ans pour les joueuses françaises. Aucune représentante tricolore n’est parvenue à se qualifier pour cette épreuve si spéciale de 1977 à 1989. Le retour d’une Française parmi les meilleures a eu lieu en 1990 avec Nathalie Tauziat. « Fun fact », la finale du Masters de 1990, remportée par Monica Seles face à Gabriela Sabatini, est le premier match du tennis féminin depuis l’ère Open à s’être disputé en cinq sets (ce format en 3 sets gagnants a été conservé au Masters jusqu’en 1998 inclus). La native de Bangui, en République Centrafricaine, se qualifiera pour huit autres éditions, pour devenir, avec neuf ses qualifications, la recordwoman des participations françaises au Masters. Comme son aînée, elle ne parviendra pas à dépasser le stade des demi-finales qu’elle atteindra à deux reprises (1997 et 1999). 

Durant cette décennie, Nathalie Tauziat sera régulièrement accompagnée au Masters, soit de Julie Halard (4 participations au total), Sandrine Testud (5 participations) mais surtout de Mary Pierce. La championne de Roland-Garros 2000 fait sa première apparition à l’édition de 1993 et démarre tambour battant par une demi-finale. Idem en 1994. En 1997, elle se défait, à l’occasion d’une demi-finale franco-française, de Nathalie Tauziat mais s’incline en finale face à la regrettée Jana Novotna. Elle rejouera une seconde finale en 2005, la plus belle de toutes pour nous, fans français, mais avant d'y revenir, il faut d’abord évoquer l’arrivée d’Amélie Mauresmo dans le paysage du Masters.

Elle ne s’était pas trompée en prononçant ces mots.

C’est en 1999 que le plus beau palmarès du tennis féminin français dispute le Masters pour la première fois (6 au total). Celle qu’on surnommera plus tard « Momo » s’incline au 1er tour, comme en 2001 lors de sa 2e participation. Mais deux ans plus tard, en 2003, elle revient et cette fois se hisse jusqu’en finale, avant de chuter lourdement face à l’autre jeune Belge, Kim Clijsters, 6-2 6-0. Ça reste à ce jour le score plus sévère subi en finale. Mais il en faut plus pour décourager celle qui, aujourd’hui, est la directrice de Roland-Garros. En 2004, elle se hisse dans le dernier carré et chute face à Serena Williams dans un match très accroché.

Ce qui nous amène à 2005. Cette année-là, deux Françaises se qualifient pour le Masters : Mary Pierce et Amélie Mauresmo. Les deux Bleues se retrouvent dans la même poule et se classent respectivement première et deuxième, synonyme de demi-finale pour les deux. Soit dit en passant, lors de leur match de poule, c’est Pierce qui sort vainqueur, tout comme elle était parvenu à le faire quelques semaines plus tôt, en quart de finale de l’US Open. Mais cela n’empêche en rien les deux de s’imposer ensuite en demie pour s’affronter en finale aux Staples Center de Los Angeles, la maison de Magic Johnson.

C’est bel et bien de la magie qui aura lieu ce soir-là. 3h06 de magie pour être précis, avant qu’Amélie Mauresmo n’ait le privilège de soulever ce trophée, son premier dans un « majeur ». Cette finale restera comme une des plus belles de l’histoire de l’épreuve et pas que pour les Français. A la fin du match, Mauresmo avait déclaré (au micro de l'un des trois journalistes français présents) : « Je pense vraiment que c'est un grand pas pour moi. Je ne sais pas où ça va me mener, mais c'est un pas. On le sait, quand c'est un moment important. » Elle ne s’était pas trompée en prononçant ces mots. L’année d’après, Mauresmo remportait l’Open d’Australie et Wimbledon et s’installait le 20 mars à la place de numéro 1 mondiale, qu’elle gardera jusqu’au 13 novembre, soit pendant 34 semaines. Durant cette finale 2005 entre les deux Françaises, il y a eu un nombre incroyable de beaux moments, mais le tie-break du 2e set restera comme l'un des plus beaux de l’histoire. Jugez plutôt : 

Pour Mauresmo, 2006 s’achèvera ensuite plus tristement par une défaite en finale du Masters face à Justine Hénin, et donc une perte de la première place mondiale à une semaine de la fin de la saison…

En 2007 et 2011, on apercevra brièvement Marion Bartoli au Masters. La première fois, qualifiée directement pour l'épreuve, elle n'avait pas réussi à sortir des poules. La seconde fois, c’est en guise de remplaçante qu’elle avait foulé, pour un match seulement, le court central à Istanbul.

Ont alors suivi cinq ans de disette avant que ne réapparaisse un drapeau bleu-blanc-rouge sur le panneau des scores du Masters. Le nom qui précédait le drapeau en question était le même que celui qu'on pourra voir à partir du 31 octobre prochain : Caroline Garcia !

Allez Caro ! Allez Caro !

 

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