En 2012, David Goffin s'était incliné au 3e tour des qualifications de Roland-Garros, 6-3 7-6, face au Portugais Joao Sousa. Malgré cette défaite, le Belge, une semaine plus tard, disputait les huitièmes de finale du Grand Chelem parisien face à son idole Roger Federer. Pour la petite histoire, c’est à l’occasion de ce tournoi que le monde avait réellement découvert David Goffin.
Comment, me direz-vous ? Comment a-t-il pu perdre deux fois dans le même tournoi ? Grâce au statut de lucky loser, bien entendu ! Ce repêchage qui permet aux joueurs participant à l’épreuve des qualifications, et ayant perdu au dernier tour, d’intégrer tout de même le tableau final.
Le mode d’emploi est assez simple : dès lors qu'un joueur s’est incliné au dernier tour des « qualifs », il est invité à patienter jusqu’à la fin du premier tour du tableau final - ce dernier peut courir jusqu’au mercredi - pour éventuellement prendre la place d’un joueur qui aurait déclaré forfait avant son premier match. Ce n’est pas un cas de figure rare. Il y a des lucky losers chaque semaine. Et fort heureusement, sans quoi on se retrouverait avec des joueurs qui seraient qualifiés pour le deuxième tour sans avoir joué le moindre match. Avec un bye, je comprends, mais là, ce serait injustifié. Cela créerait un déséquilibre sportif et, en prime, aurait un impact sur la billetterie du tournoi en question qui se retrouverait, pour le coup, avec un match en moins à offrir.
Pas d’étincelles. Pas de match du tout.
Cela étant dit, je voudrais vous parler de Jannik Sinner. Non pas que j’ai quoi que ce soit contre ce talentueux et gentil garçon, seulement voilà, au BNP Paribas Open d'Indian Wells, Sinner a disputé un troisième tour compliqué face à Benjamin Bonzi, le Français ayant actuellement le vent en poupe. C’était un beau match, j’y étais, et c’est le cœur lourd, pas autant que « Bonz » mais quand même, que j’ai quitté le court après la défaite du Nîmois. Le lendemain, en huitième de finale, Sinner était programmé pour affronter Nick Kyrgios, dans un match qui aurait sans aucun doute fait des étincelles. Je le sais, car il n’y a pas de match « normal » avec l’Australien. Et bien souvent, lorsque sa raquette est jetée avec violence sur le sol, elle crée des parcelles incandescentes. Mais pas là. Pas d’étincelles. Pas de match du tout. Sinner était souffrant et a déclaré forfait. Résultat, les spectateurs qui attendaient, la bave aux lèvres, dans le Stadium 2, ce match plein de promesses, ont eu droit à rien, nada !
Je n'en tiens pas du tout rigueur à Sinner, qui était sans doute dans l’impossibilité physique de disputer ce match. En revanche, je trouve cela regrettable pour les spectateurs, le tournoi, les téléspectateurs et tous les fans de tennis.
Quelques jours plus tard, Jannik Sinner, à Miami cette fois, a dû abandonner face à Francisco Cerundolo, alors qu’il était mené 1-4 dans le premier set et après seulement 22 minutes. Encore une fois, tous ceux que j’ai cités précédemment ont eu un grand manque à gagner. Alors certes, il ne s’agissait pas de Kyrgios de l’autre côté du filet, en revanche il s’agissait cette fois-ci d’un quart de finale. 25 % des quarts de finale sont donc partis en fumée.
A priori, cet abandon est survenu en raison d’une ampoule au pied. Encore une fois, je n’en doute pas du tout, mais je pense que Sinner n’aurait jamais dû entrer sur le court. Cependant, suite à son forfait en Californie, l’Italien n’a pas voulu réitérer et il a tenté sa chance. Mais autant dire que s’il n’y avait pas eu de match du tout, c’était la même.
Je ne comprends pas pourquoi rien n’est fait pour empêcher ce genre de situation. Plutôt que de trouver une solution, le fatalisme prend le dessus et un simple « C’est comme ça » vient clore le sujet.
Novak Djokovic s’est imposé sans transpirer
Mais non ! Ce n’est pas « comme ça ». Je ne suis pas du tout d’accord. Surtout lorsque la solution est aussi simple et limpide.
Lorsqu’un joueur perd un match dans un tableau, il doit être invité à patienter jusqu’au début du match suivant que va disputer le joueur qui vient de le battre. Si ce dernier est dans l’incapacité de jouer, il est remplacé, poste pour poste, par le perdant de la veille. Contrairement aux Lucky Losers, les forfaits en cours de tournoi n’arrivent pas si souvent. Il s’agirait donc d’un épiphénomène, mais qui aurait l’avantage d’empêcher les trous dans la programmation. Vous me direz, un deuxième tour en Grand Chelem, ça passe inaperçu. Certes, mais à l’occasion d’une finale, ça se voit beaucoup plus.
Un exemple précis me vient en tête : la finale du Masters en 2014. Roger Federer avait disputé une demi-finale très compliquée face à son compatriote Stan Wawrinka. Le lendemain, en finale, du Masters donc, en raison d’une douleur au dos, le Suisse n'a pu disputer le moindre point et Novak Djokovic s’est imposé sans transpirer. Ne pensez-vous pas que Stan aurait aimé avoir l’occasion de disputer ce match ? Et ne pensez-vous pas que le public du monde entier aurait préféré voir un Djokovic-Wawrinka (repêché), plutôt que de se cogner une redif' quelconque d’un énième match historique ?
Peut-être que je me trompe, mais je ne pense pas. Du coup, je fais officiellement cette proposition de l'instauration du repêchage dans le tableau final et pas uniquement en qualifications. Je lance donc une consultation.
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