Les spectateurs du Foro Italico à Rome n’étaient pas contents, lorsqu'au moment clé du match entre le numéro 3 mondial Dominic Thiem et le chouchou du public Lorenzo Sonego, les organisateurs ont dû évacuer le court en raison du couvre-feu ! Comment cela est-il possible ? On parle d’un match de tennis professionnel tout de même ! Et pas n'importe lequel. Un match avec le 33e mondial, qui plus est Italien, et potentiellement en train de réaliser l’exploit de sa vie face au numéro 4, double finaliste à Roland-Garros et vainqueur de l’US Open. Je veux dire par là qu’on n’est pas en train d’interrompre un Opelka-Delbonis, dont la terre entière se contrefiche, à l'exception de la famille proche et de quelques amis, et encore, même pas tous...
Revenons sur les faits.
Dominic Thiem et Lorenzo Sonego étaient programmés hier, pas avant 19 heures, sur le Grand Stand, le 2e grand court du site. Vous me direz, jusque-là tout va bien. Sauf que non. Car tout le monde sait que le couvre-feu est à 22 heures à Rome. Les organisateurs qui, je le précise, prennent la décision de la programmation conjointement avec l’ATP, savent également parfaitement que ni l’Italien, ni l’Autrichien ne sont adeptes du service-volée et des points en deux frappes. Il n'était donc pas compliqué d’anticiper que ce match allait durer. Certes, peut-être pas 3h45 comme ce fut le cas, mais les 2h30 n’étaient pas à exclure. Ils ont d’ailleurs dû y penser.
Le fait qu’aucun des spectateurs ne pourrait être chez lui avant 22 heures ne leur a posé aucun souci
Alors que se sont-ils dit ensuite ? Que tous les spectateurs présents sur ce match habiteraient à moins de 30 minutes de leur place dans le stade ? C’est quand même du grand n’importe quoi. Imaginons une seule seconde que le match se soit terminé à 21h30, comme ils ont dû l’imaginer. Pour ceux qui ne connaissent pas le complexe à Rome, on ne quitte pas son siège du court pour être au métro dans les 5 minutes qui suivent. C’est un grand parc duquel il faut d’abord sortir. Comptez au moins 10 minutes. Puis pour se rendre dans le centre en transports en commun à 21h30 - ou plutôt 21h40 -, il faut prévoir 41 minutes d’après les sites spécialisés.
Le match a débuté à 19h15. Les spectateurs ont été invités à quitter les lieux au bout de 2h15. C’est donc à 30 minutes du couvre-feu que les organisateurs se sont dit : « Vite, il faut les sortir, sinon nous serons hors-la-loi ». Par contre, le fait qu’aucun des spectateurs ne pourrait être chez lui avant 22 heures ne leur a posé aucun souci. Après tout, ils avaient pu vendre leurs billets, c'était bien là le plus important...
Ils auraient sans doute crié au scandale
Les spectateurs n’ont donc clairement pas été respectés. Quant aux joueurs, je ne vous en parle même pas. Enfin si, je vous en parle. Ils ont disputé deux sets intenses, en mode Coupe Davis, puis ils se sont arrêtés 20 minutes !!!! Car je vous parlais de 3h45, mais la durée de jeu effectif sur laquelle communique l’ATP est de 3h24. Au terme du 2e set, ils ont ainsi dû quitter le court pendant pas loin d’une demi-heure, pour ensuite revenir et démarrer un 3e set dans les conditions d’un match d’entraînement sans public, à part une vingtaine de personnes du clan Sonego qui, je vous rassure, étaient tous les uns sur les autres. Logique. Honteux.
Il y avait des moyens très simples d’éviter cette situation. Premièrement, le match aurait pu démarrer dans la foulée de celui entre Ostapenko et Kerber qui, pour info, s’est terminé à 18h20.
Il était également possible de refuser l’accès aux spectateurs dès le départ. Certes, ils auraient sans doute crié au scandale, mais au moins, ils n’auraient pas eu la frustration de quitter un match passionnant en cours de route. Et ils auraient surtout, avec le recul, eu la satisfaction de voir que la décision prise avait été sage au vu de l’heure de fin de match. Une troisième option aurait été de négocier une dérogation concernant le couvre-feu pour les spectateurs munis de billets.
Espérons que cela serve de leçon, car après l’Australie et Rome, ça suffit.
