Service à la cuillère, pour ou contre ?

11 janv. 2021 à 16:12:00 | par Eli Weinstein

Service-cuillere
En 1989, Michael Chang a marqué l'histoire du tennis avec son service à la cuillère, face à Ivan Lendl, à Roland-Garros. Dernièrement, ce coup est revenu au goût du jour.

 

La légende urbaine voulait qu'Ivan Lendl en veuille terriblement à Michael Chang, après le service à la cuillère tenté (et réussi) face à lui, en huitième de finale à Roland-Garros, en 1989. C'est faux. Le (alors) Tchèque n'avait rien contre ce coup. D'ailleurs, il aurait été hypocrite de sa part d'en dire du mal, vu que lui-même avait fait subir la même chose à John McEnroe, quelques années auparavant, en 1982 à Dallas.

Dernièrement, cette corde est de nouveau présente sur l'arc des joueurs. Nick Kyrgios, Alexander Bublik, Daniil Medvedev et bien d'autres y font appel lorsque leur adversaire, au retour de service, se place à des kilomètres derrière sa ligne de fond.

Ce coup divise.

De manière générale, les joueurs l'acceptent volontiers. Pour la grande majorité, il s'agit d'un coup comme les autres. Andy Murray, l'un des grands tacticiens du jeu, s'était exprimé sur le sujet il y a quelque temps :

« Je ne comprends pas ceux qui pensent que le service à la cuillère est un manque de respect. Désormais, chaque fois qu’on voit un joueur de tennis servir par le bas, les commentateurs sont scandalisés et se demandent s'il n'y a pas là un manque de respect. Je trouve ça incroyable, c’est une manière de jouer totalement légitime et plus encore maintenant, avec des joueurs qui sont loin derrière la ligne de fond de court. Vraiment, ça me semble très intelligent. Si vous perdez le point en le faisant, vous vous sentez sûrement comme un idiot, mais mon sentiment est que le pourcentage de points gagnés en servant à la cuillère est très élevé, car vous surprenez l’adversaire. »

Je ne peux pas être plus d'accord avec lui. Le service à la cuillère est l'équivalent d'une amortie sur la mise en jeu. Je ne comprends pas en quoi il s'agirait d'un manque de respect. Certes, c'est un peu humiliant pour le receveur s'il perd le point, qui plus est sur un ace, mais ça fait partie du jeu. Comme le dit si bien Andy, c'est un coup « très intelligent ». Il a la double fonction de surprendre - et donc souvent de faire gagner le point -, mais aussi de déstabiliser l'adversaire. C'est pour cela que les Kyrgios ou Bublik ont tendance à s'en servir à des moments-clés, comme sur une balle de break, de set ou au premier service du match pour annoncer la couleur.

Ce qui est un peu gênant est l'attitude que peut avoir un Nick Kyrgios lorsqu'il effectue ce coup. Il a une telle nonchalance que cela pourrait être interprété comme de la moquerie, mais ce n'est pas le cas. Et c'est tant mieux. Car à partir du moment où le respect perd sa place dans l'affrontement, c'est que quelque chose ne va pas.

Récemment, Daniil Medvedev, en demi-finale des ATP Finals à Londres, a tenté le coup face à Alexander Zverev. Le score était de 6-3 4-3 30-30 en faveur du Russe lorsqu'il a lâché cette petite balle qui a totalement pris son adversaire par surprise.

Le service à la cuillère, c'est un peu la panenka du tennis. Si c'est réussi, c'est magnifique et l'adversaire est forcément chamboulé par ce choix tactique. En revanche, si c'est manqué, vous passez vraiment pour un âne ! (voir à 1:04)

Voici ce qu'en pense Rafael Nadal, un puriste du jeu :

Je suis 100 % d'accord avec Rafa (étonnant !). Mais pour aller un peu plus loin, je suis fan de ce coup. J'adore voir à quel point la puissance n'est pas cruciale pour gagner un point. C'est pour cela aussi que le tennis est un sport incroyable.

Et vous, qu'en pensez-vous ?
 

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