J’ai bien vu que mon favori pour s’imposer à Roland-Garros, en l’occurrence Stefanos Tsitsipas, en a fait réagir plus d’un et pas forcément dans mon sens. D’ailleurs, certains me l’ont bien fait comprendre et je leur en suis reconnaissant. C'est pourquoi plutôt que de vous redonner mon avis, qui ne vous convient pas du tout, je vais cette fois vous dire qui sont les favoris, pour cette édition du simple messieurs de Roland-Garros, de Nicolas Mahut, David Goffin, Bastien Fazincani (coach WTA), Eric Salliot (RMC), Julien Reboullet (L’Equipe) et Quentin Moynet (L’Equipe).
Nicolas Mahut : « Dire Rafa est suffisant »
« Pour moi, le favori est Rafael Nadal. Quant à l’explication, je n’en ai pas besoin. Dire « Rafa » est suffisant. C’est sûr qu’il a montré des signes pas très positifs à Rome avec son souci au pied, mais avec lui, on ne peut pas savoir. S’il sent qu’il a une chance, il sera à Paris. Et à partir du moment où il est présent à Roland-Garros, alors il en devient naturellement le favori. Le problème va être de savoir jusqu’à quel point il va pouvoir supporter la douleur. On voit bien qu’il y a un seuil au-delà duquel ce n’est pas tenable pour lui. Va-t-il le dépasser ? Si oui, alors il ne pourra pas défendre ses chances correctement. En revanche, si la douleur est surmontable, il est mon favori pour remporter Roland-Garros. »
Ce qui s’est passé à Rome m’a refroidi
Julien Reboullet (L’Equipe) : « Novak est sur une trajectoire ascendante »
« Si Novak Djokovic remporte le Masters 1000 de Rome, j’en ferais bien mon favori, parce qu’il est sur une trajectoire ascendante, en train d’écrire l’histoire folle d’une saison qui n’existera plus jamais pour personne, en ayant touché le fond en janvier en Australie, en ayant vu Nadal lui passer devant aux nombres de Majeurs dans l’histoire du tennis... Il y aurait là une trajectoire complètement folle. Il a quand même très, très bien joué contre Alcaraz à Madrid, avec pourtant une vraie faiblesse en retour de revers. Mais il a été très impressionnant en coup droit, ce qui est rare chez lui. Donc s’il règle la mire de son revers et qu’en plus il n’est pas gêné par le « kick » au service d’Alcaraz, comme à Madrid où avec l’altitude la balle prend beaucoup plus d’effet, il peut espérer beaucoup. D’ailleurs, ce serait très intéressant de le revoir jouer contre Alcaraz. Ce dernier est la fusée du moment, mais il est en train de soigner une entorse à la cheville ce qui n’est pas anodin. Et à ce jour, il n’a jamais rencontré suffisamment de succès pour atteindre les demi-finales en Grand Chelem. Il ne connaît pas encore la rythmique d’un match tous les deux jours pendant 15 jours. C’est quelque chose que, malgré son talent il va devoir apprivoiser. C’est pour ça que si là, maintenant, il fallait établir un favori pour Roland-Garros, étant donné que Rafael Nadal a quitté Rome en boitant très, très bas et en souffrant énormément, ce serait Novak Djokovic, mais à condition qu’il s’impose à Rome ! »
Eric Salliot (RMC) : « Tsitsipas a beaucoup appris de sa finale de l’an passé »
« Ce Roland-Garros s’annonçait super excitant. Il y a une semaine j’étais comme un gamin, mais ce qui s’est passé à Rome m’a refroidi, car je n’ai qu’une trouille, c’est que Novak Djokovic et Carlos Alcaraz, qui sont mes deux favoris, se retrouvent dans la même partie de tableau, ce qui gâcherait tout. Si jamais ils se jouent en demi-finale, il n’est pas impossible que celui qui se sera extrait de l’autre partie de tableau récupère le magot. Je pense que Stefanos Tsitsipas a beaucoup appris de sa finale de l’an passé et je me dis qu’il ne sera pas loin du compte. »
J’ai deux pronostics. Novak Djokovic est le premier.
Quentin Moynet (L'Equipe) : « Nole connaît ça par cœur »
« Si on met Nadal de côté, vu les doutes qui entourent sa condition physique depuis hier, je dirais Djokovic, devant Alcaraz et Tsitsipas. Le Serbe a connu des débuts laborieux sur terre, liés à son début de saison (très) perturbé et à un manque évident de rythme. Mais depuis Belgrade, où c'était encore sacrément poussif, il monte en puissance. Physiquement et mentalement, il a prouvé contre Alcaraz à Madrid qu'il avait presque retrouvé ses qualités djokosmiques. On a encensé (à juste titre) l'époustouflant Alcaraz, mais il ne bat Djokovic que 7-6 au troisième set, dans des conditions parfaites pour le service kické de l'Espagnol dans la diagonale des avantages. Ce coup fera moins mal à Roland-Garros. Et Djokovic sera bien meilleur à la relance. La gestion d'une quinzaine, de sept matches en trois sets gagnants, "Nole" connaît ça par cœur. Alcaraz, malgré sa progression hallucinante, pas encore. »
Bastien Fazincani (coach WTA, a coaché, entre autres, Alize Cornet) : « Rafa s'il est opérationnel, sinon Alcaraz »
« Favori numéro 1 : Rafa. Si, bien sûr, il peut jouer et s'il n’est pas trop diminué. Même si Alcaraz est dans une forme lunaire et que Djokovic revient bien, je dirais que l’expérience du tournoi, du terrain, des matches en 5 sets, sans oublier les conditions qui lui sont tellement favorables, et surtout le fait qu’il sait gagner, regagner et reregagner à Roland-Garros, font de Rafael Nadal mon favori. Dans le cas où Rafa ne serait pas opérationnel, mon choix se porterait sur Carlos Alcaraz, tout simplement parce que ça me fait un peu rêver qu’il s’agisse d’un petit jeune qui n’a jamais gagné. La belle histoire. En même temps, je ne prends pas le risque du siècle en le pronostiquant ! »
David Goffin : « J’ai deux pronostics »
« J’ai deux pronostics. Novak Djokovic est le premier. Il revient bien en forme sur terre battue, où il commence à avoir des matches. A Roland-Garros, en avançant dans le tournoi, il va être de mieux en mieux. Est-ce que ce sera suffisant ? Je ne sais pas. C’est pour cela que j’en ai un deuxième : Stefanos Tsitsipas. Il est très à l’aise sur terre et il devrait, à nouveau, aller très loin dans le tournoi. Il est bien à Roland, il a déjà gagné un paquet de match et il a remporté le Masters 1000 de Monaco. Il ne perd jamais avant les demies en 1000. Il risque donc d’aller très loin à Roland-Garros. »
