Salut David, ça va ?
Salut Eli ! Oui ça va, merci. Je viens d'arriver à Rotterdam. Un voyage pénible, mais bon…
Ah bon ? Pourquoi pénible ?
J'ai dû faire 4 tests en 12 heures ! Il a fallu que je fasse un test le dernier jour à Montpellier, puis un test antigénique pour pouvoir rentrer aux Pays-Bas. Et là, en arrivant à l’hôtel, je viens de refaire un test antigénique et un PCR, de manière à pouvoir aller m'entraîner le plus rapidement possible.
Revenons à Montpellier. Quelles sont les premières pensées qui te passent par la tête à l'issue de la balle de match ?
Je suis super content. C'est une délivrance d'avoir gagné le match et le tournoi. J'étais très fier d'avoir réussi à sortir un match de ce niveau en finale, c'était mon meilleur match de la semaine. Ça n'a pas été facile car je suis en recherche de confiance en ce moment. Mais en m'accrochant, la semaine dernière, c'est bien revenu. Comme quoi, ça peut aller vite dans les deux sens.
Pour gagner la finale, c'était la bonne tactique.
As-tu pensé au fait que tu courais après un titre depuis 3 ans et demi ?
Non pas du tout. Même durant ces 3 ans et demi, je ne me suis jamais dit qu'il me fallait un titre. Il y avait d'autres beaux résultats. L'important était de reprendre du plaisir sur le court, du plaisir dans la bagarre et de gagner de plus en plus. Et ça, c'était vraiment bien la semaine dernière.
En te regardant jouer contre Bautista, j'ai eu l'impression de voir jouer un nouveau joueur. Tu m'as l'air plus agressif, cherchant à réussir plus de points gagnants, plus d'aces. C'est quelque chose que tu essaies de mettre en place ou c'était dû à ton adversaire du jour qui est un véritable mur ?
Un peu des deux. Dès que je viens au filet ou que j'ai des balles d'attaque, c'est que je me sens bien. Ça veut dire que j'ai confiance en mes frappes, que je n'ai pas peur d'aller vers l'avant. Du coup, je n'hésite pas à suivre au filet que ce soit à contretemps ou autre. En plus, contre Roberto, je devais vraiment y aller car c'est un joueur qui ne lâche rien, qui est très solide, très physique, qui ne donne aucun point. J'étais donc obligé d'en faire un peu plus que lui, de jouer un peu plus tôt pour le déborder. Pour gagner la finale, c'était la bonne tactique.
Ton service a été également bon.
Tout à fait. J'ai servi pas mal d'aces toute la semaine. Comme je savais que je pouvais compter sur mon service, cela a contribué à me mettre encore plus en confiance. D'ailleurs, ça s'est vu en finale : au premier set, je ne servais pas très bien, puis je me suis relâché. Et là, les premières reviennent et je mène tout de suite 2-0 au 2e set.
Après être revenu à 5-5 dans le premier, tu perds le set 7-5. As-tu douté à ce moment-là ?
J'étais très satisfait de mon jeu et de la manière dont je suis revenu à 5-5. D'ailleurs, j'ai même des occasions pour le breaker et passer devant. Je me dis donc que ce n'est pas grave. Dans l'échange, je me sentais vraiment bien, je ne ressentais aucune frustration bien qu'ayant perdu le premier set, alors je me suis dit de continuer. Je savais que du fond du court j'étais un peu au-dessus de lui. Puis j'ai mieux servi, c'est ce qui a fait la différence.
C'est vrai que si on fait tout dans un même endroit ...
Je voudrais revenir sur la 2e partie de la saison 2020 et jusqu'à l'Open d'Australie 2021. Tu gagnes très peu de matches, que s'est-il passé ?
Il n'y a pas de raison particulière. C'est une ambiance générale. J'avais sans doute aussi besoin de souffler. Ce manque de fraîcheur mentale était sans doute lié au fait qu'il y avait toutes ces nouvelles mesures avec les bulles, les quarantaines... Il fallait un temps d'adaptation. J'étais un peu en manque de confiance en fin de saison et je sentais qu'on arrivait à la fin d'un cycle avec Thomas Johansson. Tout ça fait que ça tournait un peu dans ma tête ! Dans ces cas-là, on n'est pas vraiment épanoui, ni en pleine possession de ses moyens pour bien performer. Et moi, avec mon jeu, ça se remarque très fort : je bouge moins vite, je suis mon tonique, moins agressif, ça un impact sur tout mon jeu. Les joueurs sont tellement forts maintenant que ça se voit direct en termes de résultats.
La défaite à l'Open d'Australie, elle fait mal ?
Oui car je fais le job, en 4 sets avec des balles de matches, et là bêtement, ça m'échappe. J'ai même eu des crampes à la fin, car j'ai joué tendu tout le match. C'est dommage car ça aurait parfaitement lancé ma saison avec un premier tour un peu difficile. Mais bon, je l'ai fait à Montpellier, avec aussi un premier tour pas simple, pour finir en force. Je savais que ça allait venir, car je jouais très bien à l'entraînement. Il suffisait d'être patient.
Il y a des rumeurs comme quoi certains joueurs souhaiteraient que tous les tournois aient lieu sur un même site pour éviter les bulles, les quarantaines… Es-tu au courant de ça et qu'en penses-tu ?
Je ne suis pas au courant, mais c'est vrai que ce n'est pas simple. Là, j'aurais pu faire un vol d'une heure et à la place, j'ai dû prendre deux vols, faire 4 tests, courir entre les vols. En plus dans chaque pays, les protocoles sont différents. C'est ça qui n'est pas facile. C'est vrai que si on fait tout dans un même endroit, on se prépare pour la tournée et on est tranquille. Bon, pour le moment, on arrive encore à établir un programme, on arrive à jouer. Je suis content d'avoir joué à Montpellier, sans quoi je n'aurais pas rapporté mon 5e trophée.
Du coup, ton programme maintenant, c'est quoi ?
Rotterdam, Doha, Dubaï et Miami.
Pour finir, avec ta compagne, vous avez dû repousser votre mariage. Finalement, il est prévu quand ?
On a déplacé d'un an, on espère donc pouvoir le faire en septembre. Mais vu comme c'est parti, ça va être tendu. Ce sera dans le sud de la France, près de chez toi !
Parfait, ça m'évitera de trop voyager.
Ok, je t'enverrai une voiture !
