Jannik Sinner a accompli un exercice 2024 tout bonnement phénoménal, mais il n’a atteint aucun objectif. Parce qu’il ne s’en était pas fixé un seul. « Je n’avais pas de but particulier, que ce soit de gagner en Grand Chelem ou être numéro 1 », a-t-il expliqué après son titre aux ATP Finals. « Ma mentalité en abordant l’année était d’essayer d’élever mon niveau à des moments spécifiques, ce que j’ai réussi à faire. » Au point de s’affirmer comme un pionnier du tennis italien, et d’inscrire son nom en lettres d’or dans l’histoire de son sport.
Je n’avais pas de but particulier
En remportant l’Open d’Australie et l’US Open, il est devenu, à 23 ans, la personne la plus titrée de son pays en Grand Chelem en simple ; à égalité avec Nicola Pietrangeli (Roland-Garros 1959, 1960), devant Adriano Panatta (Roland-Garros 1976), Francesca Schiavone (Roland-Garros 2010) et Flavia Pennetta (US Open 2015). Le 10 juin 2024, Sinner a officiellement commencé à trôner sur le classement ATP. Avant lui, aucun Transalpin n’avait dépassé le 4e rang mondial, atteint par Panatta et Schiavone (puis par Jasmine Paolini fin octobre).
Sinner, troisième homme titré à l'Open d'Australie, l'US Open et au Masters en une saison
Dimanche soir, il a triomphé au Masters. Ce que nul être venu de « la Botte » n’avait réussi auparavant. Le tout sans jamais être dans ses petits souliers : zéro set lâché au cours du tournoi, performance qui n’avait plus été accomplie depuis I’agelaste Ivan Lendl en 1986 (la finale se jouant en trois manches gagnantes à l’époque). Surtout, il a érigé son patronyme aux côtés des monuments Roger Federer et Novak Djokovic, l'homme de tous les records. Les deux seuls autres (sur)hommes s’étant envoyé la triplette Open d’Australie-US Open-Masters en un an - 2004, 2006, 2005 pour le Suisse ; 2015, 2023 concernant le Serbe - afin d’être sacrés empereurs du dur.
L’an prochain, ce sera pareil (pas d’objectif)
Avant de ponctuer sa saison majuscule avec d’éventuelles nouvelles victoires en Coupe Davis, Jannik Sinner a cumulé 70 matchs gagnés pour six perdus - trois contre Carlos Alcaraz, les trois autres contre Daniil Medvedev et son nouvel état d'esprit, Andrey Rublev, Stéfanos Tsitsipás - pour afficher 92,1 % de succès. Soit le 11e pourcentage le plus élevé de l’ère Open chez ces messieurs sur une année. De quoi s’immiscer parmi les étoiles tout en continuant à ne pas chercher à les chasser : « L’an prochain, ce sera pareil (pas d’objectif) : on prendra ce qu’on pourra, et le reste du temps, on apprendra. »