Malgré les maladies, Danielle Collins a, déjà, réussi sa dernière danse

10 avr. 2024 à 14:54:38 | par Mathieu Canac

Alors qu’elle vit ses derniers mois en tant que joueuse de tennis professionnelle, Danielle Collins, gagnante de deux titres consécutifs – un WTA 1000 puis un WTA 500 – retrouve son meilleur niveau. Malgré un corps frappé par deux maladies très handicapantes.

« Vraiment ? »

Telle avait été la réaction du journaliste, en conférence de presse, quand Danielle Collins, sans faire de grande déclaration, au détour d’une question, avait fait l’annonce de sa future retraite. Après son élimination au deuxième tour de l’Open d’Australie contre Iga Świątek, l’Américaine avait révélé vivre sa dernière année en tant que joueuse de tennis professionnelle. Une surprise, étant donné un âge, 30 ans, qui lui laissait encore de belles années devant elle, et sa fraîcheur au plus haut niveau : elle a joué sa première saison complète sur le circuit principal en 2018.

« Je ne sais pas exactement quand je vais arrêter, mais oui, ça va être ma dernière saison, avait-elle répondu. En dehors du tennis, il y a certaines choses que j’ai envie d’accomplir dans ma vie, et j’aimerais avoir le temps de m’en donner les moyens. Et avoir des enfants est une grande priorité pour moi, donc… » Depuis qu’elle a officialisé sa dernière danse, l’Américaine a retrouvé le rythme pour faire valser les adversaires plus coriaces. Alors qu’elle n’avait plus joué de finale depuis la plus importante de sa carrière, son apogée, lors de l’Open d’Australie 2022 – perdu contre la numéro 1 mondiale Ashleigh Barty –, la Floridienne a empoché deux titres WTA consécutifs, ses troisième et quatrième en simple.

Miami, le plus beau titre de sa carrière

Femme invincible depuis 13 matchs, elle a remporté le tournoi de Charleston, dans la foulée de celui de Miami, son premier sacre en WTA 1000. Le tout en ne lâchant que deux sets, et en terrassant des concurrentes comme Elena Rybakina (4e mondiale), Ons Jabeur (6e), María Sákkari (7e), Daria Kasatkina (11e), Ekaterina Alexandrova (16e), Sorana Cirstea (24e), Caroline Garcia (27e), Sloane Stephens (gagnante de l’US Open 2017) ou encore Paula Badosa (ancienne numéro 2 mondiale). De quoi faire son retour au sein du top 15, deux mois après être tombée au 71e rang, son plus mauvais classement depuis mars 2018.

« J’ai toujours débuté chaque tournoi auquel je participe avec l’ambition de gagner, mais sachant que c’est ma dernière année, j’avais vraiment envie de remporter un WTA 1000, a-t-elle confié devant la presse. C’était très important pour moi. J’en ai beaucoup parlé à mes proches. Je voulais vraiment me donner à fond afin d’être capable de produire mon meilleur tennis. Je suis tellement heureuse d’avoir réussi à trouver ce que je devais faire physiquement pour atteindre mon pic de forme au meilleur moment, et être prête à le faire. » Parce que ces dernières années, Collins n’a pas seulement dû ferrailler contre ses opposantes. Il lui a également fallu lutter contre son corps.

Polyarthrite rhumatoïde et endométriose

Compétitrice féroce, acharnée sur le court où elle peut faire tonitruer des « COME ON! » plus puissants qu’une torgnole d’Obélix, l'ancienne 7e de la hiérarchie planétaire est aussi une battante hors du commun au quotidien. Elle doit faire face à deux problèmes sévères et incompatibles – bien que sa force de caractère a prouvé le contraire – avec l’exigence et l’intensité du sport à très haut niveau. En 2019, on lui a diagnostiqué une polyarthrite rhumatoïde ; une maladie auto-immune qui frappe les articulations. Impactée par ce même mal, Caroline Wozniacki s’était résolue à se retirer des terrains début 2020, avant de faire son retour à la compétition durant l’été 2023.

En avril 2021, Collins a été opérée d’un kyste, situé dans l’abdomen, de la taille d’une balle de tennis, comme elle l’a révélé dans Player’s Voice pour Eurosport. Une situation d’urgence provoquée par l’endométriose, une affection gynécologique provoquant des douleurs puissantes, dont elle est frappée et pour laquelle elle doit prendre des médicaments à vie en plus de devoir endurer des souffrances chroniques. « Est-ce que je vais reconsidérer ma retraite après ce titre (à Miami) ? Non (sourire), s’est-elle exprimée après avoir soulevé son plus beau trophée. J’ai des problèmes de santé qui rendent les choses un peu plus difficiles pour moi hors du terrain. J’espère que chacun pourra respecter ça. Ce sont des choses très lourdes émotionnellement, et personnelles. »

« Je veux profiter de la moindre minute »

« Je vis avec une maladie inflammatoire chronique qui affecte la capacité à être enceinte, donc c’est une situation profondément personnelle », avait-elle expliqué quelques jours plus tôt, après sa victoire contre Caroline Garcia en quart de finale. De quoi saisir encore davantage son besoin de quitter le tennis professionnel afin de pouvoir se concentrer sur sa volonté d’avoir un enfant. En attendant, elle savoure chaque instant de sa vie de joueuse. « Je veux profiter de la moindre minute, ce sont mes derniers tournois, je veux me souvenir de ces moments, a-t-elle déclaré après son triomphe à Miami. Je pense que ça fait partie des raisons pour lesquelles je joue si bien actuellement. »

« Quand je me tourne vers le passé, les différentes étapes de ma carrière, c’est un peu flou, je ne m’en souviens pas tellement, a-t-elle ajouté. J’essaie de m’améliorer sur ce point, de vraiment embrasser les moments spéciaux. Maintenant, je vais fêter (le titre à Miami) avec mes proches. Tellement de membres de ma famille et d’amis qui ont traversé le pays, voire le monde, pour venir me voir jouer. On va passer un super week-end. (...) On va passer la nuit en ville. Je n’ai pas fait ça depuis un moment, j’espère pouvoir tenir le coup et rester debout (rires). Et je vais pouvoir mettre une tenue autre que celle pour le tennis. J’ai tellement hâte (rires). »

Sur le court, pour sa dernière danse, elle porte déjà un ensemble de reine du bal ces derniers temps.

 

 

 

 

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