Świątek : une seule défaite en carrière à Rome, une défaite fondatrice

17 mai 2023 à 12:08:27 | par Mathieu Canac

À Rome, Iga Świątek est devenue invincible. Qualifiée pour les quarts de finale cette année - pour défier, ce mercredi soir, une Elena Rybakina l’ayant vaincue deux fois sur dur depuis janvier - la Polonaise n’y a plus connu la défaite depuis qu’elle y a joué son tout premier match, en 2020. Un revers qui a agi comme un véritable déclencheur dans sa carrière.

Colisée, Panthéon, Chapelle Sixtine, Basilique Saint-Pierre, Fontaine de Trévi… Parmi les nombreux monuments qui font la gloire de Rome, la légende raconte que le plus visité par les adversaires d’Iga Świątek est le dernier cité. Pour y jeter une piécette par-dessus l’épaule et faire un vœu. Pas celui de réussir à battre la Polonaise, non ; bien trop irréalisable. Mais seulement de parvenir à lui prendre quelques jeux. Car, quand la numéro 1 mondiale met les pieds sur la terre battue de la "Ville éternelle", on n’y trouve plus le moindre faux rebond. Rouleau-compresseur muni d’une raquette, elle aplanit le terrain en écrabouillant toutes celles qui se trouvent sur son passage.

Double tenante du titre, la numéro 1 mondiale, qualifiée pour les quarts de finale de l’édition 2023, reste sur 14 victoires de suite dans la capitale italienne, et 24 sets gagnés consécutivement. Le dernier perdu : lors de son succès 3-6, 7-6⁵ 7-5 face à Barbora Krejčíková au troisième tour en 2021. Depuis ce match, non inclus, elle aligne les démonstrations : seulement 2,1 jeux perdus par manche en moyenne. En infligeant au passage deux 6-0, 6-0. L’un pour son entrée en lice face à Anastasia Pavlyuchenkova cette année, l’autre contre Karolína Plíšková lors de la finale de 2021.

“Deviendra champion celui qui sera le plus fort mentalement”

Pendant les changements de côté, je me suis visualisée en train de recommencer le match à partir de zéro, à chaque fois, avait-elle alors expliqué en conférence de presse. Je l’ai tellement bien fait, je ne savais même pas que j’avais gagné le premier set 6-0. Quand j’ai demandé le score à mon coach à la fin, il m’a dit 6-0, 6-0, et j’ai réagi dans ce genre : ‘Vraiment ? Tu ne te trompes pas (sourire) ? Je crois que j’étais en très bonne forme mentalement aujourd’hui. (...) Comme Djokovic l’a dit une fois : tous les joueurs sont très bons en coups droit et revers, sont solides physiquement ; mais deviendra champion celui qui sera le plus fort mentalement.

Cet aspect mental, dont elle a régulièrement parlé et qui est travaillé avec Daria Abramowicz, psychologue du sport, a connu l’un des moments les plus décisifs de sa carrière après le tournoi de Rome 2020. Cette saison-là, pour sa première participation à cet évènement, la native de Varsovie, alors 52e au classement WTA, s’était inclinée d’entrée devant Arantxa Rus, 71e et issue des qualifications. Sa dernière - et unique - défaite en date sur la brique pilée romaine. Un revers 7-6⁵, 6-3 face à la grande gauchère néerlandaise qui est resté gravé dans sa mémoire. Notamment pour ce qui en a découlé dans les semaines suivantes.

Je me souviens de ce match, il a été assez traumatisant, s’est-elle remémorée devant les journalistes après son succès contre Pavlyuchenkova vendredi. Elle (Rus) me faisait des balles hautes, et je n’avais pas réussi à gérer ça. Après, j’ai eu une discussion sérieuse avec mon équipe à propos de ce qu’il fallait changer, comment repartir un peu de zéro, ce que je devais faire pour me sentir mieux. J’étais dans un moment difficile de ma carrière, même si elle ne faisait que débuter. En arrivant à Paris avant Roland-Garros, j’ai même eu une discussion avec Daria (Abramowicz). Je me demandais si ça valait vraiment le coup de continuer, parce que je me sentais vraiment très mal.

Son unique défaite à Rome : le point de départ de son ascension jusqu’au sommet

J’avais l’impression que mes attentes étaient peut-être trop élevées, a-t-elle poursuivi. J’étais tout le temps tendue et stressée sur le court, même à l’entraînement. Alors nous avons fait un pari, qui consistait à ce que je fasse un entraînement sans drame, en restant calme. Dès lors, j’ai réussi à me détacher de tout ça, à être plus relâchée. (...) Je suis heureuse d’avoir vécu cette expérience, d’avoir compris que la clef était de diminuer mes attentes, de m’en détacher. Depuis, au fil des ans, j’ai essayé de garder cet état d’esprit." Dans la foulée de ce déclic, elle avait remporté son premier titre sur le circuit principal. Roland-Garros. À la surprise générale, en tant que 57e de la hiérarchie planétaire, à 19 ans.

Depuis, elle en a ajouté douze de plus à son palmarès, dont trois en Grand Chelem, et est devenue numéro 1 mondiale. Aux Internationaux d’Italie, Chris Evert (5 titres), Gabriela Sabatini (4), Conchita Martínez (4), Serena Williams (3) et Maria Sharapova (3) ont toutes soulevé le trophée au moins trois fois dans l’ère Open. Mais seules deux d’entre elles l’ont fait consécutivement. Evert (1980, 1981, 1982) et Martínez, qui est même allée jusqu’au quadruplé (de 1993 à 1996). En cas de nouveau sacre cette année, Iga Świątek rejoindrait l’Américaine et l’Espagnole au panthéon de Rome.

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