Le Hall of Fame de mars

4 avr. 2023 à 06:00:00 | par Steven Oliveira

Daniil Medvedev
Des larmes, des ramasseurs de balle attaqués par une raquette, un Daniil Medvedev qui cartonne et un classement ATP chamboulé. Retour sur une dernière trentaine qui s’est jouée du côté des États-Unis, mais pas que.

Le MVP du mois : Daniil Medvedev

Trois tournois, deux finales, deux trophées remportés. Voici le bilan de Daniil Medvedev sur ce mois de mars. Un mois qu’il a débuté par un sacre à l’ATP 500 de Dubaï, où il a notamment infligé à Novak Djokovic sa première défaite de la saison, qu'il a poursuivi par un revers face à Carlos Alcaraz en finale d'Indian Wells, et qu'il a conclu en s’emparant du Masters 1000 de Miami. Grâce à ce gros tour de force, le Russe en est désormais à dix-neuf titres remportés dans dix-neuf tournois différents. Cela tombe bien : les prochains gros rendez-vous s’appellent Monte-Carlo, Madrid et Rome, que des tournois où il n’a jamais gagné. Pour cela, il faudra qu’il se réconcilie avec une surface qu’il n’apprécie guère comme il l’a rappelé en conférence de presse : « C'est dommage que ce soit la saison sur terre battue qui arrive, mais je vais essayer. » Elena Rybakina, qui aurait pu obtenir le titre de MVP du mois si elle ne s’était pas inclinée en finale de Miami après avoir pris sa revanche du dernier Open d’Australie face à Aryna Sabalenka en finale à Indian Wells, va avoir le même objectif. 

 

Le chiffre du mois : 2005

Contrairement à Daniil Medvedev, Rafael Nadal, blessé à la jambe gauche et absent des courts depuis la mi-janvier, attend avec impatience le début de la saison sur terre battue. Une saison qu’il débutera à la 14e place mondiale, lui qui n’était plus sorti du top 10 à l’ATP depuis avril 2005. Carlos Alcaraz n’avait pas encore soufflé sa deuxième bougie. Pas de quoi pour autant déboussoler Rafa, qui estime même que « c’est presque un miracle » que cela ne soit pas arrivé avant « avec toutes les blessures que j’ai eues au cours des 18 dernières années » avant de se projeter sur son objectif de l’année : « L'important pour moi, c'est avant tout d'essayer d'être en bonne santé quand je reviendrai, parce que ce que je veux me battre pour l'objectif ultime, qui est Roland-Garros. »  Et il n’aura pas besoin de débarquer en étant dans le top 10 pour effrayer tous ses adversaires. 

 

Le français du mois : Luca Van Assche

Oui, Benoît Paire a gagné le challenger de Puerto Vallarta avant de se qualifier pour le tournoi principal à Miami. Oui, Édouard Roger-Vasselin a remporté le tournoi de Miami en double. Oui, Quentin Halys et Grégoire Barrère ont battu leur premier top 20. Oui, Caroline Garcia a atteint les huitièmes à Indian Wells après avoir fait finaliste à Monterrey. Mais il n’y avait pas besoin de jouer des Masters 1000 de l’autre côté de l’Atlantique pour briller. La preuve avec Lucas Van Assche qui a remporté le challenger de Pau en dominant Ugo Humbert au terme de la finale la plus longue de l’histoire en challenger (3h56) avant de s’offrir le challenger de Sanremo dans la foulée. Un doublé qui permet au gamin de 18 ans et 10 mois de se faire une place dans le Top 100 du classement ATP où il est le plus jeune français à passer cette barre depuis Gaël Monfils en 2005. On lui souhaite la même carrière. Avec un Grand Chelem en plus ? 

 

Le geste du mois 

Pour Paula Badosa, la tournée américaine s’est arrêtée dès le troisième tour à Indian Wells comme à Miami. Il faut dire que l’Espagnole n’a pas été gâtée par le tirage au sort puisqu’elle est tombée à deux reprises face à Elena Rybakina. Sauf qu’il lui en faut plus pour lui faire perdre son sourire et sa gentillesse. Et ça, le ramasseur de balle de son match à Miami face à Laura Siegemund l’a bien compris puisqu’il a été invité par Paula Badosa a tapé la balle avec elle pendant un temps-mort médical de l’Allemande. En plus, elle lui a laissé gagner le point. Queen. 

 

La décla du mois : « Pour ma santé mentale, il fallait arrêter »

Aujourd’hui 454eme mondial et de retour sur les courts, Lucas Pouille a confié dans une interview poignante à L’Équipe les démons qu’il a traversé après trois ans passés à enchaîner les défaites et les blessures : « J’ai commencé à avoir un côté plus sombre et à entrer dans une dépression qui m’a amené, après Roland, en Angleterre, à dormir une heure par nuit et à boire seul. Je rentrais dans ma chambre et je regardais le plafond. Je m’enfonçais dans un truc glauque. Pour ma santé mentale, il fallait arrêter. » Un break qui a fait du bien au Nordiste qui revient avec un objectif en tête : les JO de Paris. « À Bercy, je croise la presse, on m’interroge sur les Jeux Olympiques, que je n’ai jamais disputés. Ça me travaille et en partant de Bercy, je dis à ma femme : “Je reprends le tennis”. Si je décide de ne pas aller à Bercy et que je reste chez moi, je n’aurais jamais repris ». Un come-back qui reste toutefois sur un fil puisque Lucas Pouille a avoué qu’une nouvelle blessure pourrait lui faire définitivement ranger la raquette : « Ce sera sans doute la blessure de trop. Je ne sais pas si j’aurai le courage et la force de repartir au charbon. »

 

L’embrouille du mois : 

Lors de leur dernier affrontement au Masters de Paris-Bercy, Holger Rune et Stan Wawrinka ne s’étaient pas quittés bons amis puisque le Suisse avait glissé à l’oreille du Danois au moment de la poignée de main : « Mon conseil est que tu arrêtes d’agir comme un bébé sur le court ». 4 mois plus tard, les deux hommes se sont retrouvés à Indian Wells et cette fois-ci c’est Stan Wawrinka qui s’est imposé et qui a eu le droit à quelques mots du cadet : « Tu n'as rien à dire maintenant ? » Et si la belle se faisait sur un ring de boxe ? 

 

Le coup mal placé du mois : 

En plus d’être un bon joueur de tennis, Frances Tiafoe est un garçon fort sympathique qui a toujours le sourire. Sauf peut-être lorsqu’il se fait breaker par Daniil Medvedev sur une balle qui touche le filet. Pour se venger, l’Américain a alors envoyé la balle en direction des parties génitales du Russe. Mais, même ça, il le fait avec le sourire. 

 

La panne de victoires du mois : 

Finaliste malheureuse à Wimbledon et à l’US Open en 2022, Ons Jabeur avait terminé la saison on fire avec notamment une place de numéro 2 au classement WTA. De quoi attaquer 2023 sur les mêmes bases ? Raté, puisque la Tunisienne s’est inclinée au deuxième tour de l’Open d’Australie avant de répéter la même expérience à Indian Wells. À Miami, Jabeur a fait encore pire puisqu’elle a quitté le tournoi dès le premier tour. Il faut dire qu’entre-temps, il y a eu une petite opération du genou et que le meilleur est donc possiblement à venir pour elle. Ons Jabeur peut toujours se rassurer en se disant qu’elle n’avait pas fait beaucoup mieux en 2022 sur ce début de saison. Et que cela ne l’avait pas empêché de gagner Madrid dans la foulée. La concurrence est prévenue. 

 

Les larmes du mois : Bianca Andreescu 

La vie est parfois cruelle. Après 3 ans de galère suite à son titre à l’US Open 2019, Bianca Andreescu semblait revenir en forme lors de cette tournée américaine avec une défaite encourageante contre Iga Świątek à Indian Wells (3-6, 6-7) et des victoires sur Emma Raducanu, Maria Sakkari et Sofia Kenin à Miami. Sauf que tout s’est écroulé en 8es de finale lorsqu’elle a dû quitter le court en pleurs et sur une chaise roulante après une blessure à la cheville. Si elle a confié n’avoir « jamais ressenti ce genre de douleur auparavant », Bianca Andreescu a voulu se montrer rassurante après l’annonce de sa déchirure de deux ligaments de la cheville gauche : « Il est difficile de dire exactement combien de temps cela prendra, mais disons que cela aurait pu être bien pire. Je vais prendre les choses au jour le jour et j'ai bon espoir qu'avec le travail, la rééducation et la préparation nécessaires, je serai bientôt de retour sur le court. » Avec des larmes de joie cette fois-ci ? 

 

Le point du mois : 

C’est écrit, la décennie qui arrive sera marquée par le duel entre Carlos Alcaraz (19 ans) et Jannik Sinner (21 ans). Pour le plus grand plaisir des amateurs de tennis puisque les deux hommes ont montré lors de leurs deux duels du mois - victoire de l’Espagnol en demies à Indian Wells et de l’Italien au même stade à Miami - que leurs matchs sont toujours spectaculaires. À l’image de ce point totalement fou remporté par Sinner. 

 

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