Roger Federer hors des courts : huit anecdotes révélatrices de sa personnalité si appréciée

16 sept. 2022 à 20:24:00 | par Mathieu Canac

Roger Federer est une légende du tennis, et bien plus que ça. Il a dépassé le cadre de son sport pour devenir une icône mondiale, adulée aussi bien pour son jeu et ses records que pour sa personnalité.

 

Mirka et Roger Federer ont quatre enfants : des jumelles et des jumeaux. La sœur aînée du surnommé “Rodgeur”, Diana, a elle aussi des jumeaux. Mais le Suisse aux 20 titres du Grand Chelem et sa frangine, eux, ne sont pas jumeaux. Comme si, malgré les prédispositions génétiques de leur arbre généalogique, il était écrit que personne ne ressemblerait comme deux gouttes d’eau à “RF”. Danseur des courts au pas aérien et au coup de raquette enchanteur, il a développé un style unique souvent imité mais jamais égalé. Par personne. Grâce à son tennis envoûtant, il a fasciné et conquis les amoureux de ce sport. Au point d’avoir reçu chaque année depuis 2004 le prix du “Joueur préféré des fans” remis par l’ATP. Même en 2020 et 2021, alors qu’il n’a quasiment pas joué. Parce que s’il est adulé - et bien qu'il a évidemment des défauts, même lui ne peut être parfait - c’est aussi pour sa personnalité.

“Il pense toujours aux autres. (...) C’est plus important que les titres” - Severin Lüthi

Au fil de sa légende débutée en 1998 sur le circuit principal, son patronyme est devenu synonyme de classe. Non seulement par l’impression dégagée sur le terrain - après un gros travail sur lui-même pour canaliser ses émotions et ne plus fracasser ses raquettes en guise d’exutoire -, mais aussi en dehors. Il s’est toujours soucié des autres, en faisant preuve d’empathie. Même dans les situations où, a priori, il était le principal concerné. Le plus touché dans sa chair. Comme lors de l’annonce de ses adieux à sa carrière de joueur. “Roger m’a appelé deux ou trois fois aujourd’hui (jeudi 15 septembre), a confié Severin Lüthi, son ami et entraîneur depuis 2007, à Simon Graf, auteur de la Biographie du Bâlois. Il voulait savoir comment j’allais. Il pense toujours aux autres. (...) Je crois que beaucoup se souviendront d’abord de lui comme d’une belle personne. C’est plus important que d'avoir gagné un titre de plus ou de moins. Avec sa gentillesse envers les autres joueurs sur le circuit, il a contribué au fait que ceux-ci se traitent avec beaucoup plus de respect.

Ce bon camarade

L’époque des poignées de main glaciales et des joueurs - comme Ivan Lendl, Jimmy Connors et John McEnroe - qui se haïssaient ouvertement en se balançant autant de missiles raquettes en mains que devant les micros a en effet fait son temps. “Depuis que je suis arrivé sur le circuit, il a toujours pris le temps de me parler, de me demander comment je vais, a par exemple révélé Denis Shapovalov, 19 ans à l’époque, lors de l’Open d’Australie 2019. Juste par gentillesse, parce qu’il est comme ça.” Un autre Canadien, Félix Auger-Aliassime, a pu le constater. Fin 2017, alors qu’il n’avait que 17 ans, il a été invité à s’entraîner avec le monument pour poser les fondations de la saison suivante. “À la fin, je me suis malheureusement blessé, et je n’avais pas encore de physio qui voyageait avec moi, a-t-il raconté pour le podcast Sans restriction en avril 2020. Roger m’a prêté le sien. Il m’a invité chez lui pour que je puisse être traité, massé. Il est vraiment très humain, très relax.

Federer a tout de suite tendu la main à Nadal

Même lorsqu’il a senti un futur très grand rival poindre le bout de son nez, il lui a tendu la main. Pour ouvrir le livre Fedal, les auteurs - Rémi Bourrières et Christophe Perron -, ont rappelé un fait méconnu. Le premier duel entre Roger Federer et Rafael Nadal a eu lieu en double, à Indian Wells en 2004. Associé à son compatriote Yves Allegro, l’Helvète s’était incliné face au duo espagnol formé par Nadal, alors 17 printemps, et Tommy Robredo. “Roger dit rarement qu’un joueur va être très fort avant de l’avoir affronté en simple, mais là, il m’a tout de suite dit : ‘Celui-là, il va être très, très fort. Et pas seulement sur terre battue’”, s’est souvenu Allegro. Le lendemain, le gaucher des Baléares assistait au match de celui qui était alors numéro 1 mondial. Dans son box, tout proche de Mirka.

“Il est humble, (...) très simple”

Cette façon d’être, Federer ne s’est pas contenté de l’appliquer avec ses collègues, il l’a montrée avec tout le monde. Parce qu’il a été éduqué ainsi. À rester ouvert, sans prendre personne de haut. “C’était fun (de travailler pour Roger et Mirka Federer), a détaillé Hussain Shahzad, ancien chef-cuisinier personnel de la famille Federer. Je n’avais jamais rencontré des gens aussi prestigieux, et ils sont géniaux, humbles. Ils vous respectent, vous et votre travail. Ils vous parlent d’égal à égal.” Lors de son passage à Dubaï, Auger-Aliassime a également pu vérifier ce trait de caractère, n’étant malheureusement pas commun à tous ceux qui sont devenus des stars planétaires. “Il est très simple, ça se voyait dans sa façon de parler à ma sœur et mon père”, n’a pas oublié FAA, toujours dans le podcast Sans restriction. C’est vraiment la vérité. Je ne dis pas ça pour faire beau dans les journaux.

Farceur…

Ce contact facile avec les gens s’est aussi manifesté par son sens de la farce. Boute-en-train depuis ses plus jeunes années, Federer n’a pas changé d’un iota en sur ce plan. Maria Sharapova et la WTA l’ont appris à leurs dépens à Miami en 2011. Attendant de jouer alors que "la tzarine" était lancée dans un marathon de 3h27 face à Alexandra Dulgheru, “Fed”, pour s’occuper, a semé la zizanie. “Elle (Maria Sharapova) a stoppé le match deux ou trois fois pour demander le physio, s’est rappelée Dulgheru pour le site roumain Fanatik.ro. À un moment, il a mis plus de 10 minutes pour arriver. C’était bizarre, parce qu’il était posté tout proche du court. Le lendemain, l’adversaire de Federer (Olivier Rochus) m’a dit que Roger, alors relax, jouant aux cartes, a pris le talkie-walkie en voyant ça, pour dire : ‘Le kiné n’est pas disponible, Maria ne peut plus recevoir son aide.’ Et ils (la WTA) ont cru que c’était l’annonce d’un officiel. C’était la panique totale ! Roger a joué avec eux pendant 10 minutes avant de leur dire : ‘C’était une blague. C’est moi, Roger !’

…et chambreur-chambré

Maître du canular, celui qui a fini par devoir ranger au placard ses espoirs de retour à cause d’un (foutu) genou trop grinçant s’est également posé comme un roi du chambrage. Amical. “Avec Roger Federer, je me comporte comme je le ferais avec mon meilleur ami, a répondu Diego Schwartzman pour ESPN Argentina fin 2020, tout en soulignant le côté accessible du Suisse. Je me permets de le chambrer. Parmi ses sponsors, il a une marque de pâtes. Je lui demande tout le temps quand est-ce qu’il va me faire la cuisine. Les jeunes (du circuit) qui voient ça, parfois, ça les surprend un peu, comme si c’était un manque de respect (rires) ! Pendant la Coupe du monde 2018, nous étions en plein Wimbledon. Quand l’Argentine a perdu contre la France, Roger ne m’a pas lâché avec cette défaite. Dès qu’il me croisait, il me chambrait. Il me charrie aussi sur ma façon de prononcer son nom, ‘Rocheur’ (avec l’accent argentin). À chaque fois que je le vois, il m’imite : ‘Rocheur, Rocheur’ (rires) !

Détendu en toutes circonstances sur le circuit…

Décrit comme l’un des joueurs les plus détendus du circuit, le monument a fait constater cette qualité à bien des occasions. Jusque dans celles pouvant sembler comme les plus embarrassantes. Dans le plus simple appareil, le “zigouigoui” à l’air. “Je voulais faire recorder mes raquettes, donc j’étais là (dans les vestiaires), la tête dans le casier en train de chercher du cordage, a relaté Dylan Alcott, champion multi-étoilé de tennis-fauteuil, pour le talk-show australien Andrew’s Denton Interview en juillet 2018. Et quand j’ai sorti ma tête du casier, l’un de mes héros tennistiques se tenait devant moi, complètement nu, avec, quasiment, son pénis sur mon épaule. C’était Roger Federer, je le rencontrais pour la première fois. Je ne pouvais pas y croire. J’étais assis là, stupéfait. Le maestro suisse m’a regardé et a dit : ‘Salut, je suis Roger Federer.’ ‘Salut, je suis Dylan’, ai-je répondu en n’arrêtant pas de penser : 'Regarde vers le haut ! Regarde vers le haut (rires) !’

…mais timide avec les femmes

Une assurance que l’homme de désormais 41 ans n’a pas toujours eue. Notamment pour “conclure”, comme dirait Jean-Claude Duss, avec celle qui est devenue la femme de sa vie. Mirka étant elle aussi ex-joueuse de tennis professionnelle, ils ont participé ensemble aux Jeux olympiques de Sydney en 2000. En partageant la même maison que les lutteurs de leur pays. “Tout le monde avait compris que Roger en pinçait pour Mirka, mais il était très timide, il a fallu l’aider, a expliqué Ludwig Küng, qui était alors coach de l’équipe de nationale suisse de lutte, en février 2001 au quotidien régional Wholer Anzeiger. On a ‘obligé’ Roger à rejoindre Mirka sur la terrasse, puis on a bloqué la porte en leur disant : ‘Maintenant, vous allez faire connaissance.’” Neuf ans plus tard, les deux tourtereaux se sont mariés. Devant 39 invités. Pour rester le plus fidèle possible aux valeurs de simplicité, et ne pas s’éloigner du vrai “RF”. Celui qui n’a pas toujours été une marque portée sur des casquettes. Même si pour son père, Robert Federer, il n’existe qu’un seul vrai “RF” : lui-même. “Je suis le vrai RF”, a toujours aimé répéter le paternel, qui a visiblement transmis son sens de l'humour au fiston. En plus de ses initiales.

 

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