TOP 5 de Roland-Garros 2021

Voilà. C’est fini. Rafael Nadal ne remportera pas son 14e Roland-Garros en 2021. Le fera-t-il un jour d’ailleurs ? Rien n’est moins sûr. Aujourd’hui, lundi 14 juin, c’est bel et bien Novak Djokovic qu’il faut féliciter. Le Serbe a soulevé pour la deuxième fois la Coupe des Mousquetaires, après avoir dominé le Grec Stefanos Tsitsipas en 5 sets, alors qu’il était mené deux sets à rien.

Je vous propose un Top 5 de ce qui m’a le plus plu durant cette quinzaine.

1. Comment ne pas saluer l’immense exploit de Novak Djokovic. Le parcours du Serbe est à l’opposé des tournois remportés par Rafael Nadal sans perdre un set, mettant des doudounes à tout le monde. Lui a dû batailler pendant 26 sets et demi (Lorenzo Musetti a abandonné alors qu’il était mené 4-0 au 5e) pour une durée totale de 20h53 sur le court. Si son début de tournoi n’a pas été compliqué, le scénario s’est durci dès les huitièmes de finale et ce match face à Lorenzo Musetti où il s'est retrouvé, pour la première fois de la quinzaine, mené deux sets à rien. On se souvient ensuite de cette bataille physique face au puissant Matteo Berrettini, dans une night session interrompue par le couvre-feu et qui s’est donc terminée dans un silence limite morbide, ponctué d'un cri dans la nuit qui n’a pas fait peur qu’aux enfants. 

Un mini parfum de libération d’après-guerre.

Ensuite est arrivé le match que certains considèrent comme l’un des plus beaux à Roland-Garros ces dix dernières années. Au vu de ce qu’a accompli Nadal sur la terre battue parisienne par le passé, ce match était déjà pour Novak Djokovic comme une sorte de finale. Après être redescendu de cet exploit, il a donc fallu en disputer une deuxième en l’espace de 48 heures. Mené deux sets à rien, encore une fois, Novak Djokovic a réussi à renverser le match pour devenir le seul joueur de l’ère Open ayant soulevé au moins deux fois chaque trophée du Grand Chelem. Respect absolu. Le Grand Chelem calendaire, voire doré, est toujours réalisable. Et c'est bien évidemment l’objectif que s’est fixé celui qu’il faudra, s’il y parvient, dès lors appeler le GOAT.

2. J’ai beaucoup apprécié la performance de Stefanos Tsitsipas durant ce Roland-Garros. Le Grec a montré qu’il se rapproche de plus en plus des grands titres. Rappelons qu’il n’a que 22 ans. Avec la longévité que connaissent désormais les joueurs de tennis, Stef peut espérer jouer encore une quinzaine d’années et c’est donc naturellement qu’on peut s’imaginer le voir soulever la Coupe des Mousquetaires, peut-être pour la 4e ou 5e fois en 2035 ! Je voudrais souligner sa classe et son élégance de ne pas avoir dit le moindre mot sur le fait qu’il avait appris le décès de sa grand-mère paternelle cinq minutes avant de faire son entrée sur le court Philippe-Chatrier. Malgré cette terrible nouvelle - je ne comprends d'ailleurs toujours pas pourquoi on lui a annoncé avant le match -, il a failli renverser le mur serbe. Nul doute qu’il y arrivera très bientôt.

3. Ma proximité avec Nicolas Mahut n'est un secret pour personne. Nicolas et moi bossons ensemble sur de nombreux projets et nous avons appris à mieux nous connaître ces derniers mois. Et je m’en réjouis car, comme dirait l’autre, c’est vraiment « un chic type ». Mais ce qu’il a fait aux côtés de son partenaire préféré, Pierre-Hugues Herbert, est tout simplement immense. En arrivant à Roland-Garros, ils manquaient de certitudes. Il leur manquait une victoire de référence sur une grosse équipe de double cette saison. Il leur manquait un titre. Leur niveau de jeu durant la quinzaine n’était pas au mieux de ce qu’il pouvait être, mais avec le soutien indéfectible du public, la paire Mahut-Herbert est parvenue, pour la deuxième fois, à soulever la Coupe Jacques Brugnon. Ils ont aussi réussi à faire pleurer tout le stade, ainsi que tous ceux qui étaient devant leur télé à l’occasion d’une Marseillaise improvisée, a capella, qui avait comme un mini parfum de libération d’après-guerre. Covid oblige.

Des débuts fracassants.

4. Quatre bleus en demi-finales, une paire bleue vainqueur du double garçons et un membre de la Team BNP Paribas Jeunes Talents vainqueur du simple garçons : comment ne pas inclure ces juniors dans mon Top 5 ? Luca Van Assche a battu Arthur Fils pour succéder à Geoffrey Blancaneaux, dernier Français sacré avant lui en 2016. Il était accompagné en demi-finales de Sean Cuenin (qu’il a battu) et donc d’Arthur Fils qui, lui, a dominé son pote et partenaire du double Giovanni Mpetshi Perricard. Ces deux derniers, quelques heures après s’être affrontés en demi-finale, ont disputé (sur le même court) la finale du double qu’il ont remportée avec brio.

5. Comment ne pas finir par le public ? Il a été la clef du succès de l’édition 2021. On se souvient lorsque, il y a quelques semaines, avait été annoncé que le tournoi était repoussé de 7 jours... Certain et certaines s'étaient alors étonnés de cette décision, critiquant ouvertement le choix de la direction du tournoi. Aujourd’hui, on peut le dire, ce n’était autre qu’un coup de génie de la part de la nouvelle équipe dirigeante. Le président de la Fédération Française de Tennis, Gilles Moretton, et la directrice générale, Amélie Oudéa-Castéra, ont fait des débuts fracassants. La fin du tournoi, qui s’est disputée avec une jauge aux alentours de 13 000 personnes dans le stade, dont 5000 sur le court Philippe-Chatrier, a tout changé pour tout le monde. Les joueurs, en premier lieu, n’ont cessé d’exprimer leur joie de pouvoir évoluer devant un public, qu’il soit pour ou contre eux. Les diffuseurs ont, bien sûr, pu offrir un meilleur produit à leurs téléspectateurs. Les partenaires ont pu rouvrir leurs salons et accueillir leurs guests. Et bien entendu, les amoureux du tennis ont pu vibrer, en vrai, devant des matchs totalement dingos et se sont procuré des émotions qui n’existent nulle part ailleurs.