Il y a quelques semaines - c’était un mardi -, Alexander Zverev rencontrait Roman Safiulin à Chengdu. Je me revois, regardant ce match et réalisant tout à coup qu’il s’agissait en réalité de la finale de ce tournoi. J’avoue avoir eu un peu de mal à comprendre ce qui se passait. Avais-je bien compris ce que je venais d’entendre ? Un peu comme votre réaction, pendant une fraction de seconde, lorsque vous regardez l’heure sur votre réveil en vous apercevant que vous avez dormi deux heures de trop. D’abord vient l’incompréhension, puis la panique. En l’occurrence, je n’ai quand même pas trop paniqué, faut pas déconner, mais j’étais très surpris.
Tout ceci n’est pas une surprise, loin de là. Le calendrier 2023 est connu depuis longtemps et on était prévenu qu’il allait y avoir du changement. Mais c’est une chose de l’apprendre et une autre de le vivre.
C’était l’occasion pour le tournoi d’évoluer, comme les Jeux Olympiques, sur trois fins de semaine.
Tout d’abord, j’avoue ne pas très bien comprendre. Pourquoi, par exemple, le tournoi de Chengdu a-t-il débuté un mercredi pour finir un mardi ?? En étudiant le calendrier, on s’aperçoit que la semaine précédente, du 12 au 17 septembre, se disputait la Coupe Davis. La seule explication logique serait donc qu’un délai a été prévu pour que les joueurs puissent faire le déplacement d’Europe en Asie, de manière à pouvoir disputer les tournois chinois. Mon explication est néanmoins un peu tirée par les cheveux, je vous l’accorde. En effet, par le passé, les rencontres de Coupe Davis se terminaient toujours le dimanche et je n’ai pas souvenir de tournois retardés de deux jours pour que les joueurs de tennis, « peuchère », aient le temps de prendre l’avion et de faire le déplacement. Et qu’on ne me parle pas du fait de devoir s’adapter à des Masters 1000 sur dix jours, car cela existe depuis longtemps avec le BNP Paribas Open à Indian Wells ou avec Miami, ce qui n’a jamais affecté le calendrier qui les précède.
Dans le cas précis de cette année, je soupçonne plutôt une faveur faite aux joueurs pour les encourager à participer à la Coupe Davis, tout en leur laissant le temps de regagner leur destination suivante. Et une fois ce décalage-là créé, soit on attend cinq jours pour les tournois qui suivent de manière à repartir sur un lundi, soit, comme ça s’est fait, on enchaîne directement. Le problème est qu’au bout d’un moment, il faut retrouver une finale durant un week-end. Pas juste pour me faire plaisir, mais surtout pour les directeurs de tournois, pour lesquels les week-ends sont cruciaux. C’est bien durant ces moments que les chiffres sont au plus haut. C’est juste logique. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que Roland-Garros avait lancé un « sunday start » il y a quelques années. C’était l’occasion pour le tournoi d’évoluer, comme les Jeux Olympiques, sur trois fins de semaine.
Du coup, comme ils disent, ce qui devait arriver arriva. La finale du superbe tournoi de Pékin, avec un plateau « de ouf », entre Jannik Sinner et Daniil Medvedev (quand même !!) s’est jouée un mercredi ! Je suis certain que les organisateurs étaient tout sauf ravis de devoir se plier à cette programmation « claquée » (encore une fois, comme ils disent). Mais ce n’est pas tout. Comme si disputer une finale en pleine semaine ne suffisait pas pour réduire l’intérêt qui lui est porté, le calendrier avait prévu de simultanément démarrer le - revenant - Masters 1000 de Shanghai. Deux tournois se disputaient donc au même moment…
Le rugby est souvent moqué, à juste titre, pour le maintien des matches de Top 14 alors qu’a lieu le Tournoi des Six Nations.
Souvent, les commentateurs du sport ont tendance à se moquer de certaines disciplines dont la compréhension est totalement opaque, comme la boxe qui propose un nombre incalculable de catégories et des combats à droite à gauche entre invaincus et challengers. Le rugby est souvent moqué, à juste titre, pour le maintien des matches de Top 14 alors qu’a lieu le Tournoi des Six Nations. Le tennis n'a désormais plus rien à leur envier. Disputer des premiers tours au même moment qu’une finale est juste un cauchemar commercial. Non seulement cette double programmation jette comme un voile de brouillard sur le calendrier et sa compréhension, mais en plus, elle oblige les deux tournois, fatalement, à se cannibaliser. Le fan de tennis est obligé de choisir entre un Sinner-Medvedev et seize autres matches comptant pour le premier tour du Masters 1000 de Shanghai.
J’espère que, comme moi, les décideurs responsables de l’édition du calendrier vont se rendre compte que leur innovation n’est autre qu’un majestueux fail. Et surtout que cela sera corrigé au plus vite, de manière à faciliter la compréhension du bon déroulement du circuit et, bien sûr, pour que les tournois ne soient pas en concurrence durant la même semaine, alors qu’ils sont en réalité programmés sur des semaines différentes.
Ah oui j’oubliais ! Dans tout cela est venue se glisser, comme par magie, la Laver Cup… A n'y plus rien comprendre !