A J-10 du début du tableau final de Wimbledon, l’organisation du tournoi a communiqué ses wild cards.
La présence des joueuses et joueurs britanniques en majorité dans cette liste est ultra compréhensible. En effet, ces tournois, qui sont la vitrine mondiale du tennis, sont également d’incroyables rampes de lancement pour des jeunes joueurs qui, habituellement, ne pourraient avoir accès, ne serait-ce qu’aux qualifications. Avec le coup de pouce des « fédés », qu’ils s’agissent de la FFT, l’USTA, Tennis Australia ou la LTA (même si elle n’organise pas Wimbledon), ces athlètes ont la chance d’affronter des très grands, pourquoi pas de les battre et, surtout, d’empocher au minimum la somme qui revient au perdant du premier tour d’un Grand Chelem, soit environ 60 000 $.
L’autre option, que peuvent choisir les différentes organisations de ces tournois, est d’offrir un coup de pouce à un joueur qui revient de blessure ou une joueuse qui évolue habituellement au top niveau, mais qui aurait perdu des places au classement en raison d’un congé maternité.
Au début du tournoi de Strasbourg, elle était classée 508e
C’est le cas précis d’Elina Svitolina. Madame « la Monf », qui a donc été obligée de se mettre sur la touche pour la venue au monde de la petite Skaï, est de retour aux affaires, comme on a pu s’en apercevoir à Roland-Garros, où elle a atteint les quarts de finale. Au début du tournoi de Strasbourg, qu'elle a remporté juste avant, elle était classée 508e, mais a pu bénéficier pour le Grand Chelem parisien d’un classement protégé. A l’issue du tournoi, elle a grimpé à la 73e place. Un classement largement suffisant pour passer le « cut » londonien. Malheureusement, ce dernier est déterminé six semaines avant une épreuve. A ce moment-là, « Svito » n’était que 192e et donc pas assez bien classée pour entrer directement dans le tableau.
Le deuxième effet « Kiss cool », si je puis me permettre, est que Svitolina est, comme tout le monde le sait, Ukrainienne. On sait aussi que Wimbledon, à tort ou à raison, avait été le seul tournoi à refuser les joueurs et joueuses russes l’an passé. Ce geste a donc clairement des ficelles politiques qui y sont attachées. Enfin, la troisième bonne raison est qu’Elina avait atteint le dernier carré en 2019 et qu’elle a de réelles chances d’aller loin, grâce à ce bracelet VVIP.
Venons-en maintenant au cas de Venus Williams. Le tournoi souhaite très clairement rendre hommage à cette immense championne, qui ne disputera certainement pas encore 20 Wimbledon (même pas certain qu’elle en ait deux dans les pattes, voire un). Alors pour celle qui a soulevé à cinq reprises le trophée et qui a été quatre fois finaliste, le All England Lawn Tennis and Croquet club a décidé de faire quelque chose. Je comprends.
Venus Williams vient d’avoir 43 ans
Et en même temps, je ne comprends pas du tout. Venus Williams vient d’avoir 43 ans (le 17 juin dernier). Depuis janvier 2021 et jusqu'à cette semaine, elle n'avait gagné en tout et pour tout que quatre petits matches, le dernier en date en début d’année à Auckland. La plus âgée des soeurs Williams (du moins de celles qui ont gagné des Grand Chelem au tennis), s’était alors défaite de sa compatriote Katie Volynets, alors 113e mondiale (121 aujourd’hui). Et cette semaine, elle vient de battre difficilement à Birmingham Camila Giorgi. Sinon rien. Il faut dire qu’elle n’a pas beaucoup joué tout court avec, depuis début janvier 2021 et jusqu'à cette semaine, un total de dix-neuf matches disputés.
S’il s’agit bien d’un adieu à Wimbledon, alors OK, je peux comprendre ... éventuellement. Mais ce qui me dérange, c'est le fait qu’elle n’a quasiment aucun espoir de passer plusieurs tours. Et ce qui me gêne encore plus, c'est qu’elle prend la place d’une, sans doute, jeune Britannique prometteuse, qui ne rêve que d’une chose depuis qu’elle est en capacité de s’en souvenir : jouer Wimbledon.
Je souhaite une belle sortie à Venus. Je veux voir Svitolina faire aussi bien qu’à Roland-Garros, voire mieux. Rappelons que le dernier qui a bénéficié d’une wild-card et qui, à la fin, a soulevé le putain d'bout de bo———, euh pardon - et encore bravo au Stade Toulousain ! -, le trophée de Wimbledon est Goran Ivansevic qui, en 2001, avait battu Pat Rafter en finale. Soit dit en passant, il s’agit de l’unique titre en Grand Chelem remporté par le Croate.
