Pour Caroline Garcia : un grand pouvoir implique de grandes responsabilités !

24 mars 2023 à 14:49:42 | par Eli Weinstein

Caroline Garcia entame, ce vendredi 24 mars, son tournoi WTA 1000 de Miami. La Française, de retour à la 4e place mondiale, le meilleur classement de sa carrière, va pouvoir, grâce au sort, prendre sa revanche sur celle qui l’a dominée il y a une grosse semaine au BNP Paribas Open : Sorana Cirstea. Ce match doit être le début d’une marche en avant qui pourrait, pourquoi pas, s’achever par un grand Roland-Garros.

Au tout début, lorsque Peter Parker obtient ses super-pouvoirs en se faisant mordre par l’araignée radioactive, il ne sait pas trop ce qu’il doit en faire. Il les aime, mais ne saisit pas l’ampleur de ce que représente cette opportunité. C’est son oncle Ben qui lui rappelle qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités (1:33 de la vidéo ci-dessous). Et c’est grâce à cette conversation qu’il décide de devenir « Spiderman » et de sauver la ville de New-York.

Les super-pouvoirs de Caroline Garcia.

Pour Caroline Garcia, la situation est similaire. Tout d’abord, il est évident qu’elle est en possession de super-pouvoirs. Celui de servir très fort et d’enchaîner les aces. En 2022, elle en a servi 394 et en 2023, alors qu’on en est à peine au quart de l'année, la Lyonnaise a déjà emmagasiné 170 aces. A ce rythme-là, elle pourrait dépasser le fameux 530 aces en une saison, performance réussie par Karolina Pliskova en 2016. 

Son super-pouvoir de retour reste, lui, encore perfectible. Mais associé aux 80,3 % de jeux de service gagnés en 2022, ça reste quand même plus que très intéressant.

Mais ces pouvoirs-là ne relèvent que du technique. Or, là où la tenante du titre du Masters se distingue, c'est bien dans cette volonté permanente d’aller vers l’avant, d’être agressive (quel que soit l'endroit où elle se trouve sur le court) et de chercher à terminer les points avec des grosses frappes qui font mal à l’adversaire, d'un point de vue comptable, mais aussi et surtout mental. Même si parfois, en la voyant jouer, on se dit « Tiens, peut-être devrait-elle prendre un peu plus de marge de sécurité sur son placement en retour de service », elle n’en démord pas et reste fidèle à son schéma. Prenons l’exemple de sa demi-finale perdue à l’US Open, l’an dernier, face à Ons Jabeur. La Tunisienne servait très bien, et pour autant « Caro » ne s'est pas reculée pour retourner. 

Il s’agit de « mind games ». Si elle se met à reculer lorsque les services d’en face rentrent bien, les filles qui l’affrontent n’auront alors qu'à bien servir et elles sauront que la Française sera moins menaçante sur le retour. En restant fidèle à son plan de jeu, elle envoie un signal à son adversaire, qui est : « T’as intérêt à bien servir, car moi je ne bougerai pas d’un micromillimètre, et si tu te loupes, je te transperce avec mon retour. ». Ce n’est pas simple à gérer lorsqu’on est au service. A cela, il faut ajouter que les joueuses qui l’affrontent savent aussi qu’elle gagne 8 jeux de service sur 10. Elles sont donc déjà sous une immense pression lorsqu’elles servent.

Ce mental de guerrière est sans doute son super-pouvoir le plus important, car c’est celui qui conditionne tout le reste. Il n’est pas venu tout seul. Il été bossé, modifié, alterné, comme l’explique son ex-entraîneur, Bertrand Perret, celui qui la coachait en 2022 et qui a quitté le Team Garcia juste avant le Masters : « On a dû faire un gros travail au niveau technique, par rapport à son jeu, et surtout au niveau de l'aspect mental. Il fallait lui redonner confiance. C'était vraiment un travail de longue haleine, parce qu'avec le jeu qu'elle a, sans confiance, ça devient très dur ». Il poursuit : « Elle n'acceptait pas de faire des fautes. Avec son jeu à risques, si tu n'acceptes pas de faire des fautes, tu te frustres. Ce n'est pas un jeu à la Sorribes Tormo ou à la Halep, c'est un jeu où elle prend beaucoup de risques. Si elle voulait progresser à l'entraînement et ne pas se frustrer en match, il fallait que Caroline accepte de faire des fautes. Ce n'était pas évident au début, j'ai vraiment eu du mal à lui faire comprendre, parce qu'elle est tellement perfectionniste... »

De Miami à Roland-Garros.

Aujourd’hui, elle va donc disputer son premier match à Miami, à l’occasion du 2e tour du tableau (elle a obtenu un bye au premier grâce à son statut de tête de série numéro 5), face à la Roumaine Sorana Cirstea. La même qui, le 15 mars dernier, en huitième de finale du BNP Paribas Open, l’avait dominée au cours d’un match où Garcia n’avait jamais vraiment réussi à trouver ses meilleures sensations : 

« C'était un match difficile pour moi, je n'avais pas de très bonnes sensations. Je n'arrivais pas à trouver mon rythme, sur mes jambes, dans mes frappes de balle, ni à m'adapter aux conditions et à ce qu'elle me proposait. Il y a des jours où le corps est moins en connexion, ça se passe moins bien et il faut faire avec. Il faut essayer de trouver des solutions, continuer à se battre, être positive, c'est ce que j'ai essayé de faire. C'est la vie d'un sportif, il faut gérer le mieux possible ces jours moins bien pour réussir à passer. Et aujourd'hui, malheureusement, ce n'est pas passé. C'est difficile après autant d'efforts, et après avoir quasiment basculé le truc, de perdre sur quelques points. »

Mais même après un match décevant, la 4e meilleure joueuse de tennis sur la planète a su rester positive, ce qui continue à mettre en avant cette force mentale dont je vous parlais un peu plus haut.

L’opportunité que lui offre ce tirage au sort est fantastique. Elle va pouvoir gommer sa mauvaise performance d’Indian Wells en rejouant la même joueuse. Elle sait ce qu’elle a mal fait et ce que l’autre a fait de bien. En termes de préparation de match, il n’y a pas meilleure situation.

Et ce n’est que le début de la route. Réussir un bon tournoi à Miami est la première étape. Il faut que Caroline Garcia soit au moins demi-finaliste pour montrer qu’elle mérite son classement. Elle a besoin d’être redoutée, comme peut l’être Iga Swiatek, à chaque fois qu’elle joue, peu importe l’adversaire, la surface, les conditions. Elle doit toujours être favorite, sauf contre les trois premières mondiales que sont Swiatek, Sabalenka et Pegula. 

Le prochain gros tronçon de la saison approche avec la tournée de terre battue de printemps. On sait tous comment celle-ci se termine. Dire aujourd’hui que Caroline Garcia est armée pour remporter Roland-Garros n’est pas du tout une aberration. Elle fait partie des favorites, c’est certain. Maintenant, il faut performer. De par son classement et le niveau de son jeu, c’est ce qu’on attend d’elle. Tout comme Spiderman est toujours attendu pour « save the day ».

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