Une information très intéressante est sortie lors d'une interview qu'Andre Sa, ancien joueur professionnel brésilien et aujourd'hui responsable des relations joueurs à l'Open d'Australie, a accordé à Eurosport. Il y explique que le genou de Roger Federer n'est pas la raison de son futur no-show à Melbourne.
Voici un extrait :
« Si Federer ne vient pas, c'est à cause de la quarantaine. Quand j'en ai parlé avec lui il y a un mois, il avait deux options. Venir en famille et observer la quarantaine ou venir seul. Dans le premier cas, Mirka et les quatre enfants n'auraient pas pu quitter leur chambre durant la quarantaine. La seule exception concerne les joueurs. Mirka n'approuvait pas cette option. Federer pouvait alors venir seul. Mais il m'a répondu ceci : "Mec, j'ai 39 ans, 4 enfants et 20 Grands Chelems. J'ai passé l'âge d'être séparé de ma famille pendant cinq semaines". »
Balancer du « off » ne se fait pas
J'imagine que l'Open d'Australie n'est pas très satisfait de la décision de l'homme aux 20 Grands Chelems. C'est même certain car, dans le cas contraire, cette information ne serait jamais sortie. Or là, il s'agit bien d'un choix délibéré pour mettre Federer dans la panade.
Il y a plusieurs manières d'analyser la situation.
La première est de se mettre dans la peau de Roger Federer. Comme il le dit si bien, il a passé l'âge de tout ça. Il n'a clairement plus sa motivation de 18 ans. Son objectif n'est pas juste de retrouver les courts. Il souhaite le faire là où il veut et dans les conditions qu'il veut. Après tout, il a suffisamment prouvé et donné de son temps/de sa vie pour pouvoir être libre. Dans ce cas de figure, on est en droit de se dire que ce qu'a fait l'Open d'Australie, via Andre Sa qu'ils ont clairement envoyé au carton, n'est vraiment pas sympa, ni respectueux. Ils ont brisé la confiance que le Suisse leur avait accordée pour, publiquement, annoncer qu'il a menti. Franchement, balancer du « off » ne se fait pas.
L'autre analyse est celle que l'on peut faire en se mettant dans la peau de l'organisateur. La présence de Roger Federer à l'Open d'Australie, ça change tout ! Le Suisse fait partie de ces joueurs qui font vendre des billets. Beaucoup de billets. Mais ce n'est pas tout. En plus de ça, « Rodge » est l'un des rares joueurs qui a également le pouvoir de vous pousser à vous réveiller au milieu de la nuit, de manière à suivre en direct ses matches lorsqu'ils ont lieu à l'autre bout du monde. En bref, si Federer dispute l'Open d'Australie, les audiences télé ne sont pas les mêmes. Il est l'un des 2 produits phares du tennis masculin.
Quelques heures de Federer à la télé agiraient comme un anti-dépresseur
En s'appuyant sur cette analyse, il est juste de trouver l'attitude du champion un soupçon égoïste. Quoi ? Il a osé dire un truc négatif sur Roger Federer ?!!! Ben oui, et alors ? S'il n'est réellement pas blessé et que la seule raison qui fait qu'il ne dispute pas le tournoi est que sa famille doit impérativement l'accompagner mais aussi bénéficier des mêmes avantages que les joueurs (sortir 5 heures par jour), alors oui, je le dis et je le répète, c'est de l’égoïsme. Il y a tellement de gens, actuellement dans la mouise profonde en raison de cette crise mondiale et inédite, et pour lesquels quelques heures de Federer à la télé agiraient comme un anti-dépresseur ! Je serais curieux de savoir si lui et Mirka y ont pensé lorsqu'ils ont pris leur décision.
De plus, si la saison 2021 est la dernière de Roger Federer, ne pas jouer l'Open Australie est à mon avis une énorme faute dans sa programmation de sortie. Pour soigner celle-ci, et dieu sait que c'est un gros, gros détail non négligeable, il doit faire de vrais adieux lors de tous les rendez-vous majeurs du tennis professionnel, comme les Grands Chelems, les JO, la Coupe Davis et le Masters. A cela, il doit ajouter des rendez-vous qui lui tiennent à cœur, comme le BNP Paribas Open à Indian Wells, son tournoi de Bale, Halle, l'Open 13 Provence à Marseille et quelques autres.
Mais il ne s'agit pas des seules raisons pour lesquelles ne pas disputer l'Open d'Australie est une erreur. Toujours dans un scénario de la dernière saison, Melbourne pourrait être l'unique occasion pour Roger Federer de jouer devant du public. Alors oui, il y a la contrainte de la quarantaine, la bulle et tout ça, mais ce n'est tout de même pas un effort surhumain. Le pour et le contre sont vite vus.
Si cette affaire est réelle, alors je suis tout d'abord extrêmement déçu du comportement du clan Federer, mais également surpris des méthodes de l'Open d'Australie. Le « happy slam » prend là plutôt des allures de « nasty slam ».