Il se passe tellement de choses à Roland-Garros, mais il ne faut choisir qu'un seul sujet. J'aurais pu vous dire à quel point le coup droit de Rafael Nadal est puissant, ou que la couverture de terrain de Novak Djokovic est exceptionnelle. Mais bon, tout ça me semble assez bateau. La vérité est que je fais partie des « happy few » à pouvoir vivre ce tournoi de l’intérieur. Du coup, vous raconter l'ambiance de ce tournoi inédit me semble être le sujet le plus judicieux.
Evidemment, il faut tout d'abord aborder l'aspect du public. Oui, le stade est vide. Difficile de ne pas le voir. On circule comme on n'a jamais circulé dans les allées. En 3 minutes, je vais du court 14, qui se situe au bout du stade, au court Philippe-Chatrier. En temps normal, un tel chrono relève de la science-fiction. D'un point de vue égoïste, c'est top. Les conditions de travail sont optimales. En revanche, en prenant un peu de recul par rapport à son nombril, tout cela est triste. Pour ceux qui connaissent un peu les fins de chez fins de journées à Roland, c'est à peu près ça, mais du matin au soir.
Rafa qui se promène tout seul
La jauge a donc été baissée de 5000 à 1000. Coup dur, mais je peux vous dire que les 1000, qui sont souvent sur le court Philippe-Chatrier font vraiment la différence. Bien que pas très nombreux, ces personnes changent tout en tribune. Certes, c'est faible. Mais au moins, il y a de la vie. Je peux vous assurer qu'à l'US Open, s'ils avaient pu avoir une affluence similaire, ils auraient signé des deux mains (J'adore cette expression débile ! Qui signe des deux mains ?).
Le fait d'avoir si peu de monde dans les allées permet d'assister à des scènes totalement surréalistes, comme Rafa qui se promène tout seul, sans qu'il ne soit dérangé par la moindre personne. On voit aussi beaucoup de joueurs qui effectuent leur échauffement devant le court qu'ils vont fouler. Encore une fois, hors Covid, cela est juste impossible par manque de place.
Si vous suivez ce tournoi, vous savez que le temps est pourri depuis le 4e jour des qualifs. Néanmoins, le tournoi a, pour l'instant, réussi à ne pas prendre de retard. La facilité de circulation y est sans doute pour quelque chose. La chance, avec la bonne météo au bon moment, aussi. Mais surtout, ça joue plus que d'habitude sous le crachin, car on sait que la météo ne va pas vraiment s'améliorer et qu'il y a un tournoi à finir. Donc tout le monde, à part Victoria Azarenka, y met du sien.
Des conditions extraordinaires
Autre élément inédit cette année : le toit ! Et c'est canon ! Au-delà du fait qu'au moins 4 matches se joueront quoi qu'il arrive, qu'il vente ou qu'il pleuve, la réussite est esthétique. C'est tout simplement beau. La combinaison son et lumière, conjuguée à la beauté architecturale du bâtiment, font de ce court, sans aucun doute, l'un des plus beaux du monde. De plus, il n'y a pas eu le moindre couac depuis le début, du genre blocage à mi-fermeture ou encore ouverture impromptue. Encore heureux me direz-vous, mais ce sont des choses qui arrivent, que j'ai déjà vues de mes yeux vues !
Les matches sur le Chatrier n'ont donc jamais été interrompus par la pluie, ni par le manque de lumière. Onze autres courts sur le site sont désormais également éclairés, ce qui a permis de n'interrompre aucun match pour cause de nuit tombée. C'est d'ailleurs pourquoi Clara Burel a gagné son match après minuit. Des nouveautés associées à des conditions extraordinaires font de ce tournoi un Grand Chelem vraiment, mais alors vraiment pas comme les autres. Ce que je retiendrai par-dessus tout est la joie et la reconnaissance, de la part de tous, de pouvoir tout simplement être là, qu'il s'agisse des gens qui bossent, des spectateurs, mais aussi bien sûr des joueurs.