Evidemment, comme tout le monde, j'ai sauté de joie lorsque Yannick Noah a battu Mats Wilander en finale de Roland-Garros. J'ai également dansé la Saga Africa devant ma télé quand la France a battu les Etats-Unis en Coupe Davis. Leconte, revenu du diable au Vauvert. Forget qui s'écroule sur le sol en battant Sampras le dimanche.
Je me souviens encore de Yann qui porte Edberg sur ses épaules, après la victoire d'Arnaud Boetsch sur Niklas Kulti en 1996. Ça, c'est pour mes souvenirs personnels.
Je suis tombé sous son charme
Puis, il y a eu le rendez-vous manqué par l'équipe de France en 2014, face à la Suisse de Roger Federer et de Stan Wawrinka. Vous me direz que Yannick Noah n'a rien à voir avec ça, ce qui est vrai, mais pas complètement. En effet, ce n'était pas lui sur la chaise de capitaine et d'ailleurs, il n'avait aucun lien avec l'équipe. Mais à la suite de cette cruelle défaite, il avait accordé une interview durant laquelle il avait été très dur avec Arnaud Clément et ses troupes. J'avais très mal pris cette interview. Je ne l'avais pas trouvé sympa du tout et je ne m'étais pas gêné pour le dire.
Puis 20 mois plus tard, j'ai eu affaire à lui pour la première fois à l'occasion du quart de finale face à la République Tchèque, à Trinec. C'était au même moment que les attentats sur la Promenade des Anglais à Nice, le 14 juillet 2016. Durant cette semaine, j'ai découvert le personnage, que j'ai ensuite côtoyé quasiment à chaque rencontre qui a suivi, et ce jusqu'à la finale de 2018, perdue face à la Croatie à Lille.
A l'image de tous ceux qui l'abordent de près ou de loin, je suis tombé sous son charme. Ce ne sont pas tous les capitaines, et dieu sait que j'en ai côtoyé, qui s'arrêtent pour discuter avec les chauffeurs, les ramasseurs, le personnel de la sécurité, les cuistots, le personnel hôtelier. Tous ont droit à leur photo, leur petit mot sympa, certains ont partagé une clope avec lui dans un parking. D'autres ont dansé avec lui en boîte. On est à des années-lumière d'un Lleyton Hewitt ou d'un Sergi Bruguera.
J'aime bien Cilic, mais pour le coup je l'ai haï !
En Fed Cup, c'était bien évidemment la même. J'ai d'ailleurs été témoin de ses adieux à l'équipe, à l'issue de la défaite face aux Etats-Unis, à Aix-en-Provence. Noah avait convoqué tout le monde dans le vestiaire, juste avant la conférence de presse de fin de rencontre. Il n'y a pas eu une seule personne qui soit sortie de ce vestiaire avec les yeux secs. Ils ont tous pleuré. Je ne sais pas quels étaient ses mots, mais ils n'étaient visiblement pas vide de sens.
Au fil des années, notre relation est devenue de plus en plus sympa. Lorsqu'il venait dans notre studio pour faire l'interview de fin de journée, on avait toujours une bière fraîche pour lui. Ils nous invitaient à venir boire un coup après des dîners officiels. Et si la France, en Coupe Davis, avait retourné la situation face à la Croatie alors qu'elle était menée 0-2, j'avais (avec ma famille) une invitation à venir passer du temps sur son bateau ! J'aime bien Cilic, mais pour le coup je l'ai haï !
Dernière petite anecdote qui illustre bien le personnage. Suite à la défaite face à la Croatie en demi-finale en 2016 à Zadar, on a tous pris un vol pour Zagreb. Puis toute la délégation est partie pour Paris, tandis que je prenais un vol direction Nice. En attendant nos correspondances, j'étais attablé avec un ami qui faisait partie du staff, Cédric Pioline, Fabrice Santoro et Yannick Noah. Mon ami a dû partir, Santoro et Pioline ont fait de même, sans me calculer du tout. Yannick, que je ne connaissais pas encore très bien, a, lui, pris le temps de me demander où j'allais, m'a souhaité un bon voyage et m'a donné rendez-vous à la prochaine rencontre. Ce n'est pas grand chose mais c'est sympa, et Yannick, il est comme ça.
Alors bon anniversaire Cap et merci pour tout !