Assister à un match de tennis professionnel est un vrai spectacle. Il y a la performance athlétique qui est exceptionnelle ; la bataille psychologique qui est aussi impressionnante que cruelle, dépendant de quel côté du filet on se trouve ; l'ambiance qui devient parfois très chaude. Tellement de petits détails qui font que c'est toujours un régal de regarder du tennis. Sauf... quand on ne peut pas !
En effet, le tennis est l'un des seuls sports pour lequel vous pouvez venir au stade, sans avoir droit à votre match. Vous pouvez très bien avoir les meilleures places pour la finale de Wimbledon et assister à 0 minutes de tennis. Si, pour une raison X ou Y, l'un des deux joueurs n'est pas en condition de jouer, alors le match n'aura pas lieu. Sport individuel oblige. Pas de remplaçant. Vous êtes tout seul dans l'arène.
La liste est sans fin
Sauf que pas vraiment. Oui, sur le court, il n'y a que vous, mais dans les tribunes, ils sont 15 000. Et derrière leur poste de télévision, ils sont des centaines de millions. Si Roger Federer a chopé une gastro dans la nuit ou si Novak Djokovic a mal digéré son plat de pâtes, c'est foutu. Et tant pis pour les spectateurs. Tout le monde s'excuse, tout le monde râle et on passe à autre chose.
Je peux vous citer des exemples récents qui ont laissé des spectateurs (vous savez, ceux qui paient !) sur le carreau. Le dernier en date, le forfait de Rafael Nadal en demi-finale à Bercy. Roger Federer, lui, avait été forfait en finale du Masters en 2014. L'été dernier, à Montréal, Gaël Monfils avait déclaré forfait avant sa demi-finale face à Rafa. Marin Cilic était forfait en quart de finale à Madrid, en mai dernier. Wawrinka, quant à lui, n'a pas pu jouer son quart face à Federer à Bâle, en octobre. La liste est sans fin.
Attention, il est crucial que vous ne déformiez pas mes propos. Je n'incrimine en aucun cas les joueurs qui ont déclaré forfait. S'ils ne pouvaient pas jouer, c'est qu'ils n'étaient pas en état. Et à ce niveau d'exigence physique, il faut être à 100 %, sans quoi cela peut être dangereux pour la santé du joueur. Mais comment se fait-il qu'on accepte ça ? Comment peut-on, dans ce monde d'« entertainment » dans lequel évolue le tennis d'élite, se satisfaire d'une annulation de match ? Imaginez-vous au Parc des Princes, une annonce faite au micro quelques minutes avant le coup d'envoi : « Mesdames et messieurs, nous sommes au regret de vous informer que le match entre le PSG et le Barça n'aura pas lieu. »
IMPOSSIBLE !
C'est du gagnant-gagnant pour tout le monde
Alors comment faire ? Comment résoudre cet énorme point noir du tennis professionnel ? La réponse est très simple. Il existe une règle au tennis qui permet de repêcher des joueurs de qualifs lorsqu'un forfait est annoncé suffisamment à l'avance. Il s'agit du « lucky loser ». Les perdants de derniers tours de qualifs ont ainsi le choix de rester sur un tournoi jusqu'à la fin du premier tour, au cas où une place se libérerait.
Pourquoi ne pas étendre ce point de règlement au tableau final ? Exemple : Gilles Simon et Andy Murray s'affrontent en quart de finale d'un tournoi. Murray l'emporte et affrontera Rafael Nadal en demie. Gilles Simon a le choix de rester sur place jusqu'au début de la dite demi-finale. Si Murray n'est pas en capacité d'honorer sa place pour une raison médicale justifiée, alors Gilles Simon est repêché. Murray conserve les points de sa victoire en quart, mais perd son prize money qui, lui, va dans la poche de Gillou car c'est bien lui qui affrontera Rafa. C'est du gagnant-gagnant pour tout le monde.
Je ne pense pas que ma proposition soit totalement folle, je la soumets donc officiellement au monde du tennis. Et ce dont je suis certain, c'est que les spectateurs seront d'accord !
