On sait que la presse anglaise n'est pas tendre. La première question de la conférence de presse d'après-match de Nick Kyrgios en est la preuve vivante : « Nick, regrettes-tu d’être allé au pub hier soir ? »
On sait que Nick Kyrgios est sentencieux, sa réponse en est la preuve vivante : « Non, et tu sembles beaucoup trop excité à l'idée de poser cette question. Ta vie doit être ennuyante ».
Ambiance. A sa décharge, il est vrai que c'est un peu rude comme première question. En général, en conférence de presse, ça démarre doucement pour bien monter dans les tours ensuite s'il le faut. Mais là, il s'agit de la conférence de presse de Nick Kyrgios. Il est donc normal qu'elle ne se déroule pas comme les autres.
aiguisé comme une lame
Le deuxième tour de Wimbledon entre Rafael Nadal et l'Australien a bien tenu toutes ses promesses, ou presque. Kyrgios a clairement montré qu'il voulait gagner ce match. Son attitude tout le long, ou presque, était celle d'un joueur impliqué, concentré, stressé. La preuve qu'il est capable de le faire. Le souci est qu'en temps normal, il est déjà compliqué de battre Rafael Nadal... Mais lorsque vous n'êtes pas au niveau physiquement, alors l'illusion ne dure qu'un moment. D'où le : ou presque.
La veille de ce match, Rafael Nadal a dîné avec son équipe, peut-être regardé un épisode ou deux de sa série du moment. Puis il s'est couché comme un professionnel qui sait qu'un gros combat l'attend le lendemain, qui sait aussi qu'il va devoir être aiguisé comme une lame sur le Center Court de Wimbledon de manière à pouvoir disputer chaque point avec le même niveau d'implication, de concentration, de détermination, de combativité, de volonté de gagner, d’agressivité, de lucidité. Bref, la routine d'un champion qui s'impose une exigence lui permettant d'atteindre des sommets inatteignables.
La veille de ce match, Nick Kyrgios était au pub ! Tout est dit. L'arrogance de ce joueur va trop loin. Lui qui se permet de donner des leçons de vie aux autres devrait bien prendre un cours ou deux à son tour. C'est bien beau de vouloir faire le rebelle, mais lorsque vous allez affronter le numéro 2 mondial qui a déjà remporté 18 Grands Chelems, vous ne sortez pas la veille jusqu'à pas d'heure - une photo de lui a été postée après minuit en train d'embrasser une fille sur la joue -, à boire des coups avec les poteaux !
son bras droit fait de lui un X-Men
Je rejoins Nadal qui, après sa défaite face au même Kyrgios à Acapulco, reprochait à l'Australien de « manquer de respect ». Il ne respecte rien, Nick. Ni son sport, ni ses adversaires, ni ses sponsors, ni le public, ni personne. Et j'espère que son manque de professionnalisme sera au moins sanctionné par ses sponsors. Si j'étais à la place de Nike, je ne serais pas content du tout en apprenant que le joueur à qui je donne une grosse somme d'argent ne joue pas le jeu à ce point. Il s'agit presque d'auto-sabotage !
Pendant le match, il a donc fait tout ce qu'il a pu pour déstabiliser Rafa. Il criait sur l'arbitre qui, à mon sens, a été trop clément avec lui. Il bougeait de manière ostentatoire au retour de service pour déconcentrer son adversaire. Il envoyait des « Come on ! » totalement injustifiés sur des fautes au filet de Nadal. Vous me direz, mais c'est bien sûr, car il ne pouvait pas jouer à armes égales avec l'Espagnol. Et pourtant, si, et c'est là tout le paradoxe. Si ce joueur acceptait de travailler, il serait numéro 1 mondial. J'en suis persuadé. La quantité de talent qui se trouve dans son bras droit fait de lui un X-Men. Malheureusement pour lui, il en faut plus pour vaincre. Ça, visiblement, il ne l'a pas encore compris et je crains qu'il soit bien trop tard pour inverser la tendance.
J'admire ce joueur. J'adore ses services (gagnants) à la cuillère. Je suis fan du fait qu'il ait visé Rafa sur un coup droit. Son toucher de balle, sa volée, tout ! Tout est « amazing ». Mais quel gâchis !