Sans aucun doute, la meilleure partie de l'année est arrivée : la saison sur terre battue. Ce moment de l'année où l'on fait la différence entre les enfants de choeur et les adultes. Ce moment de l'année où l'on ne peut pas tricher. Si t'as pas bossé correctement, alors ça va se voir. J'aime particulièrement cette période, car elle est une succession de tournois plus beaux les uns que les autres et, surtout, parce qu'elle s'achève en apothéose sur, ce qui est de loin le plus beau Grand Chelem de tous, Roland-Garros.
Alors que va-t-il se passer pendant les 8 prochaines semaines ?
Enormément de choses bien évidemment, mais je vais me concentrer sur les 5 grosses échéances du printemps terrien, à savoir Monte-Carlo, Barcelone, Madrid, Rome et Roland-Garros.
12e titre de Rafa à Monte-Carlo
Dans 3 jours démarre le 113e Masters 1000 de Monte-Carlo. Une des plus anciens tournois sur le calendrier. Depuis 2005, Rafael Nadal a remporté ce tournoi 11 fois !!!!!!!!!!! (ça fait beaucoup 11 points d'exclamations, alors imaginez 11 trophées !). Rafa est autant chez lui à Monaco qu'il ne l'est à Paris. Les 3 fois où il ne s'est pas imposé ont eu lieu en 2013 (défaite en finale face à Novak Djokovic), en 2014 (défaite en quart de finale face à David Ferrer) et 2015 (défaite en demi-finale face à Novak Djokovic). Pas vraiment de quoi rougir, sauf, peut-être, la défaite sur David Ferrer. Pour la petite histoire, ils s'étaient rejoués en quart de finale à Roland Garros, 7 semaines plus tard, et Rafa avait gagné 4-6 6-4 6-0 6-1...
A Monte-Carlo, Nadal va lancer sa campagne de terre battue avec autorité. Il a faim. Rappelons qu'il n'a plus joué depuis sa victoire en quart de finale au BNP Paribas Open à Indian Wells. Dans la foulée, il avait été obligé de déclarer forfait face à Roger Federer. Depuis près de deux semaines, il s'entraîne chez lui sur terre battue, la bave aux lèvres avec l'envie de tout casser, tel un taureau prêt à entrer dans l'arène. Il va vouloir marquer le coup et envoyer un message très clair à l'assistance : « C'est toujours moi l'patron sur terre battue ! ». Allez, 12e titre de Rafa à Monte-Carlo, sans perdre un set s'il vous plait !
A Barcelone, Rafa va poursuivre sur sa lancée. Il ne peut pas entrevoir une semaine catalane qui ne s'achève pas par un saut tout habillé dans la piscine de l'historique club du "Real Club de Tenis Barcelona". Ce tournoi n'est pas aussi vieux que Monte-Carlo, mais il remonte tout de même à 1953. En revanche, comme à Monte-Carlo, Rafael Nadal s'y est imposé à 11 reprises depuis 2005 !!!!!!!!!!! Il s'y imposera à nouveau cette année, toujours sans concéder le moindre set.. L'enchaînement Monte-Carlo/ Barcelone est pour Nadal une simulation de la quinzaine de Roland-Garros. Un réel baromètre pour le Majorcain.
102e titre pour le Suisse
Après avoir remporté ces deux épreuves, le meilleur joueur de tous les temps va pouvoir rentrer chez lui et décompresser un chouia avant de se rendre au tournoi sur terre qu'il apprécie le moins : Madrid. Mais il n'y restera pas longtemps. Car il ira pour des obligations médiatiques et pour saluer le public madrilène qui sera très déçu de ne pas voir jouer son chouchou. Malheureusement, Rafa ne rajeunit pas et il est le premier à le savoir. Il ne peut plus enchaîner comme avant et il doit faire des sacrifices. Alors lorsqu'il faut zapper un des grands rendez-vous sur terre, c'est logiquement Madrid, avec sa terre rapide et sa balle volante en raison de l'altitude, qui est sacrifié. Mais la vie est bien faite, car devinez qui vient jouer à Madrid cette année ? Un certain… Roger Federer. Après un mois de repos, le Suisse va reprendre la compétition. Mais surtout, il va rejouer sur terre dans un match officiel pour la première fois depuis sa défaite 7-6 6-4 en huitième de finale du tournoi de Rome, face à Dominic Thiem, en… 2016.
A Madrid, Roger Federer n'est pas chez lui mais il y est vraiment bien. En 2009, le tournoi est passé sur terre et le premier vainqueur à la « Caja Magica » était Roger Federer. En tout, dans sa version "terre battue" il y compte 2 titres, 1 finale et une demie. C'est de loin le Masters 1000 sur terre battue qui lui réussit le plus. De plus, Roger Federer ne vient plus sur des tournois pour perdre, donc s'il est à Madrid, c'est bien pour s'imposer. 102e titre pour le Suisse et 29e Masters 1000. Prochain arrêt pour lui : Roland-Garros. Le circuit, quant à lui, se dirige vers Rome.
12e et dernier Roland-Garros
Rafael Nadal est attaché à la tradition et l'histoire de son sport. S'il y a bien un tournoi qui caractérise parfaitement cela, c'est le Masters 1000 romain. La première édition de ce tournoi s'est disputée en 1930. Figurent à son palmarès tous les plus grands tels que Drobny, Pietrangeli, Laver, Nastase, Borg, Vilas, Noah, Courier, Sampras, Rios, Agassi, Djokovic. Tous, sauf Roger en fait. Rafael Nadal s'y est imposé à 8 reprises. La terre et les conditions lui conviennent à merveille. Après ses 3 semaines de repos, Rafa sera totalement requinqué et prêt, de nouveau, à croiser le fer. Le tournoi de Rome représente pour lui le début du sprint final sur terre. C'est son moment. Là où il doit briller, pas seulement pour la gloire, mais aussi pour le bilan comptable. Sa réussite insolente sur terre battue fait que, chaque année, il a un nombre de point faramineux à défendre. A Rome, Rafael Nadal lâchera un seul set, ce sera face à Novak Djokovic. Mais surtout, il s'agira d'un avant-goût de la confrontation historique entre ces deux-là à laquelle on assistera à Roland-Garros. Rafa remportera en Italie son 9e titre et son 35e Masters 1000 et confortera ainsi son record de titres sur cette catégorie de tournoi.
Pour le 2e Grand Chelem de l'année, je vais faire une avance rapide jusqu'à la finale. Pourquoi perdre du temps sur les 6 victoires en 3 sets, toutes en dessous des 2 heures de jeu, de Rafael Nadal ? Aucune raison. Nous sommes donc le dimanche 9 juin et Rafael Nadal vient de dominer Novak Djokovic en finale de Roland Garros. Le match aura duré 6h01 devenant la plus longue finale de Grand Chelem de l'histoire. Le record était déjà détenu par ces deux joueurs pour leur finale à l'Open d'Australie en 2012 – 5h53. Mais cette fois-ci, c'est l'Espagnol qui s'impose. Score final : 7-5 6-7 7-6 5-7 10-8. Du jamais vu. Quand l'un mène, l'autre revient et vice et versa. Au fur et à mesure du match, de plus en plus de monde se connecte, allume la télé, monte le son de la radio. Ça deviendra un moment dont on se souvient, comme pour le premier homme sur la lune, comme quand la France a gagné les coupes du monde de foot (c'est toujours aussi bon), ou comme la chute du mur de Berlin. Le niveau de tennis offert sera lunaire. Que des points gagnants. Le public sera partagé, mais pas de manière égale. La majorité sera pour Rafa et ce soutien lui permettra d'empocher son 12e et dernier Roland-Garros.
Au moment de la cérémonie, il sera en larmes, comme on ne l'a jamais vu. Sait-il déjà qu'il ne pourra plus jamais reproduire une telle performance ? A-t-il trop mal ? La fatigue est-elle trop grande ? Qui sait. Mais c'est beau. D'ailleurs, le soleil brille de mille feux en cette soirée de printemps parisienne. L'été arrive. Et Rafael Nadal vient de remporter son 12e Roland-Garros !!!!!!!!!!!!