Roger Federer a remporté son 20e Grand Chelem ! Il n'y a pas de mot. Ce qu'a (encore) réussi le Suisse est hors du temps. Gagner un Grand Chelem à 36 ans va au-delà de l'exploit.
Heureusement, il y a eu match en finale, car au vu du premier set, on pouvait craindre une fessée aussi colossale que l'exploit de Federer. Mais Marin Cilic a su revenir dans la partie et pousser son adversaire du jour au cinquième set. Pas suffisamment pour gagner, mais assez pour faire plaisir aux organisateurs et aux diffuseurs.
Je pourrais revenir sur cette finale, ou sur cette quinzaine, en retraçant et analysant les moments clefs pour comprendre pourquoi et comment le roi s'est encore imposé. Mais je préfère laissez faire les autres. Pour ma part, je voudrais pousser un dernier coup de gueule australien.
Si je vous dis 17:01:40, ça vous parle ? Peut-être pas. C'est le temps qui s'est écoulé entre le moment où s'est achevé le dernier point du match et celui où Roger Federer a soulevé la coupe !
17 minutes ! Presque la durée du premier set. En ce temps, Usain Bolt peut courir 102 fois le 100 mètres, Michael Phelps peut nager 20 fois le 100 mètres papillon, vous pouvez préparer des oeufs à la coq six fois etc... Bref, c'est une éternité pour attendre un 20e trophée du Grand Chelem. Pourquoi aussi long ? Très simple. En Australie, les champions viennent après l'argent. Donc avant de permettre au meilleur joueur de tennis de tous les temps de soulever son bien, il est plus important d'entendre parler le patron d'une marque de voiture. Et heureusement qu'on donne la parole à cette personne, car ses mots étaient juste bouleversants et, surtout, dits avec tant d'émotion ...
Alors pourquoi faire parler quelqu'un qui n'en a pas envie et, surtout, pour dire quelque chose dont tout le monde se moque ? Car c'est le sponsor principal. So what ?!? Merde à la fin ! Qui met-on à l'honneur durant cette cérémonie ? Un type qui a fait des études et qui a un gros salaire, ou bien l'un des plus grands sportifs de tous les temps, tous sports confondus ?
Mais comme ça ne suffit pas, l'Open d'Australie a décidé qu'avant de laisser parler les joueurs, il valait mieux attendre encore et laisser parler la patronne de la Fédération australienne de tennis. Et rebelote, avec discours "sopo" dont la terre entière (exceptés sa famille et ses amis) se fout complètement.
Je n'oublierai jamais cette finale de folie entre Rafael Nadal et Novak Djokovic en 2012, qui s'était prolongée jusqu'au bout de la nuit à travers un combat inoubliable. A l'issue de ce match avait eu lieu, comme ce soir mais en pire, une cérémonie interminable durant laquelle Rafa et Novak étaient affalés sur le filet, attendant leur moment, car ils ne tenaient plus debout. Je trouve que ce protocole est ni plus ni moins un manque de respect total envers les joueurs.
Le paradoxe final est qu'au cours de la quinzaine australienne, les spectateurs et téléspectateurs ont droit, à la fin des matches sur la Rod Laver Arena, à une interview très sympathique, effectuée par Jim Courrier. Un exercice dans lequel l'ex-numéro1 mondial est particulièrement à l'aise, jonglant entre analyse technique et humour avec grande facilité. Mais lorsque arrive "ZE" interview de la quinzaine, les organisateurs préfèrent donner la parole à un vendeur de voitures.
CQFD.