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Arnaud Mahot poursuit son analyse des surfaces. Après la Terre-Battue (https://wearetennis.bnpparibas/fr_FR/article/2017/06/07/paroles-de-fans-les-cartes-de-la-terre-battue) et le gazon (https://wearetennis.bnpparibas/fr_FR/article/2017/07/05/paroles-de-fan-main-verte-ou-gazon-maudit),voici le Dur
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Aux Masters de l’ambiance, les américains seraient rois. L’organisation et les spectateurs raffolent des sessions nocturnes de l’US Open et des coups spectaculaires.
Ils se nourrissent, crient et chantent dans les tribunes, dansent à chaque changement de côté au bruit assourdissant mais si entrainant de la sono. Ils vivent le tennis comme un spectacle, le sport comme un show, cultivent leur démesure, et leur gout de l’exception.
Cause et conséquence de cet esprit, la dernière levée des tournois du
Grand Chelem est totalement à part. Elle possède avec le court Arthur Ashe et ses 22 000 places le plus grand court central au monde. Elle impose aussi aux participants un tie-break décisif au dernier set, et se régale de son « super saturday » où les deux demi-finales masculines et la finale féminine sont jouées le même jour, pour le bonheur des télévisions.
C’est d’ailleurs ce tournoi qui, en 1978, a pris tous les autres à contre-pied en décidant pour la toute première fois d’installer une surface dure, à l’occasion du déplacement dans le parc de Flushing Meadows.
Rentrée des classes : un cours d’histoire
Les deux premiers épisodes de notre « saga des surfaces » nous ont emmené à Roland-Garros et à Wimbledon, les deux seuls tournois du Grand Chelem qui n’ont jamais changé de surface.
Au début de l’ère Open, et jusqu’en 1975, l’Open d’Australie et l’US Open se jouaient eux aussi sur gazon naturel. Les Américains ont alors opté deux années pour une terre battue, un peu plus rapide qu’aux Internationaux de France, avant d’adopter définitivement une surface dure, de type « Decoturf ». Ils souhaitaient à ce moment, outre la volonté nette de différenciation, obtenir un rebond et une vitesse jugés bien plus intermédiaires. Les Australiens ont suivi cette tendance en 1988, abandonnant l’herbe et optant pour une surface en dur, cette fois-ci de type « Rebound Ace ».
Modernité et équilibre Joueuses et joueurs découvrent donc en 1978 une nouvelle surface dans la catégorie des Grand Chelem. Un revêtement désiré par les organisateurs pour avantager les joueurs offensifs, tout en augmentant le nombre d’échanges par rapport aux tournois joués sur gazon.
Un reportage publié par la chaîne américaine ESPN confirmait cette tendance au compromis. Les journalistes s’étaient ainsi penchés sur le coefficient de friction, soit le ralentissement de la balle après le rebond.
Les études ont montré que la terre battue ralentit la vitesse de la balle de 40% quand que le gazon la freine de seulement 30%. Le dur se pose alors en juste milieu, ralentissant la balle de 35%. Le rebond est un autre indicateur de la volonté d’équilibre de la surface en dur. Nous avions observé que la terre battue favorisait le lift par son rebond très haut, quand le gazon se prêtait à merveille aux coupés par son rebond bas. Le dur se place là encore entre les deux autre s revêtements, néanmoins plus proche du gazon.
Dur dur de les différencier
L’Open d’Australie et l’US Open ont ainsi choisi la même surface, mais dans la convergence, notons des divergences. Prenez une dalle en béton, apposez un tapis de caoutchouc (pensez aux pneus et aux balles de tennis usagées) et appliquez par-dessus ce mélange des couches successives de résines. Ce n’est pas un cours de cuisine mais la construction résumée des courts de tennis selon la méthode du Rebound Ace appliquée à l’Open d’Australie jusqu’en 2008. Les organisateurs ont alors pris position pour le Plexicushion à Melbourne, une nouvelle surface pour répondre aux attentes tant des joueurs que des téléspectateurs. Pour les premiers, le nouveau revêtement absorbe mieux les chocs, et donc minimise le risque de blessures. Pour les seconds, la couleur bleue intrinsèque à sa composition accentuerait leur confort visuel.
Vous êtes toujours là ?
Alors nous pouvons encore un peu plus entrer dans les détails. La résine, dernière épaisseur de la fabrication des courts, est composée d’une peinture acrylique à base de sable. Et c’est ici que nous pouvons trouver le coeur de la différence. Plus il y a de sable dans la composition de la peinture, et plus la surface est ralentie. L’US Open, et sa surface dure de type Decoturf, ont limité la quantité de sable par rapport à l’Open d’Australie, et le fait que les serveurs volleyeurs aient été plus en réussite à New York qu’à Melbourne n’est pas étranger à cela. Notons dans les deux cas que plus les années passent, et moins la surface est abrasive.
Le temps est donc un facteur naturel d’accélération des revêtements.
C’est le cas pour les Grand Chelem, comme pour n’importe quel club.
Le dur des lamentations
Joueuses et joueurs se plaignent parfois des conditions de jeu ou de la qualité des terrains, et notamment de différences trop marquées entre deux éditions du même tournoi, ou parfois encore entre leurs propres matches dans une seule édition du tournoi. C’est à ce moment là où nombres d’autres variables viennent s’ajouter au seul revêtement, et influencent réellement la rapidité des courts. En premier lieu les balles, alors que la Fédération internationale a homologué plus de 150 types de balles. Des joueurs comme Rafael Nadal se sont ainsi positionnés pour que les Grand Chelem et les Masters 1000 qui les précédent s’alignent sur un même choix de balles. La chaleur ensuite, plus il fait chaud, et plus le jeu est accéléré, car les balles volent et peuvent devenir rapidement incontrôlables. A Melbourne comme à New-York, jouer dans la canicule diurne ou jouer dans la douceur nocturne impliquent une préparation et un état d’esprit totalement différents.
Le dur quotidien des champions !
Arnaud Mahot @ArnaudMahot