"On ne s'habitue jamais à gagner des titres" - Fiona Ferro

14 août 2020 à 10:35:00

A Palerme, la semaine dernière, Fiona Ferro a remporté le 2e titre de sa jeune carrière. Ce trophée lui permet d'intégrer le Top 50, de devenir n°2 française et de voir bien plus loin, en ne se fixant aucune limite de progression. 

J'imagine que ce titre fait plaisir, même si ce n'est pas le premier et que tu dois commencer à t'habituer.
On ne prend jamais vraiment l'habitude de gagner des titres ! Ça fait très plaisir. J'étais déjà très contente, rien que d'être de retour sur le court. Donc finir la semaine de cette manière, c'est encore plus beau. J'ai pris énormément de plaisir durant la semaine et notamment en finale, où je suis arrivée sur le court étonnamment relâchée. Souvent en finale, on ressent beaucoup de pression mais là, le seul plaisir de jouer a fait que j'étais bien.

Tu as réalisé un beau match en finale, mais toute la semaine a été accomplie...
C'est vrai que j'ai réalisé une grosse semaine. Mon match du premier tour était vraiment solide. Au 2e tour, Alexandrova est typiquement le genre de joueuse qui me pose problème, car elle sert très bien et est assez puissante. Mais pour le coup, je m'en suis vraiment bien sortie. En quart de finale, j'ai battu Sara Errani. Il y a eu un gros combat au 1er set, puis j'ai retrouvé ma régularité et mon intensité et c'est devenu plus compliqué pour elle. En demie, j'ai joué Camila Giorgi. C'est un enfer de la jouer parce qu'elle joue toute seule ! Elle tente des "winners" sur presque tous les coups. Au début, j'ai eu beaucoup de mal à gérer ça, car j'étais focalisée sur son jeu et pas du tout sur moi-même. Puis au 2e set, je me suis dit que ça ne pouvait pas continuer comme ça. J'ai réussi à me plus concentrer sur moi, à mettre plus d'intensité et à imposer mon jeu. Ce n'est pas anodin. Pour moi, c'est une réelle avancée car auparavant, contre ce genre de joueuse, je subissais. Et là, j'ai réussi, avec mon coup droit, à dicter le jeu. Du coup, ce match est pour moi le meilleur de la semaine, pas forcément en termes de niveau de jeu, mais par rapport aux choses que je me suis prouvées. Avec la qualité de mon coup droit, qui gicle un peu plus que les autres filles, je sentais que j'arrivais vraiment à les gêner et, en finale ensuite, cela a vraiment fait la différence.

Il ne sert à rien de se mettre des limites

Ton adversaire en finale, Anett Kontaveit, a-t-elle eu des mots sympas pour toi  après le match  ?
Pas spécialement. Mais ensuite, elle a dit qu'elle n'avait pas l'impression d'avoir fait un mauvais match, mais que ça allait trop vite pour elle. Ça fait plaisir d'entendre ça, car c'est une joueuse qui est bien installée   dans le Top 20.

Ce titre te permet d'intégrer le Top 50. Une satisfaction sans doute, mais j'imagine que ce n'est pas une fin en soi...
Non, c'est juste une étape de plus sur mon chemin. Je ne me mets plus trop de limites. Auparavant, j'avais l'habitude de dire que mon objectif à long terme était d'être dans le Top 20. Mais si je peux aller plus loin, je travaillerai dur pour cela. Plus j'avance et plus je me rends compte qu'il ne sert à rien de se mettre des limites et de se focaliser sur le classement. Pour mon évolution personnelle, il est bien plus intéressant de me concentrer sur des objectifs de niveau de jeu. C'est plus excitant de voir des évolutions tennistiques car ça ne dépend que de moi, ce qui n'est pas le cas pour les résultats vu qu'il y a une autre fille de l'autre côté du filet.

Tu n'es pas loin de devenir numéro 1 française, as-tu l'impression de franchir un cap  ?
Je suis autant en concurrence avec les Françaises qu'avec les autres joueuses. Cela dit, devenir numéro 1 française fait évidemment partie de mes objectifs, tout comme devenir titulaire en équipe de France. Je suis contente d'être où je suis aujourd'hui, mais je n'oublie pas que j'ai passé près de 3 ans à la 250e place mondiale. Rien ne se fait rapidement.

Et les sollicitations médiatiques  ? Ça aussi c'est un peu plus nouveau, non  ? Sincèrement, est-ce que ça te saoule  ?
Oui, j'en ai plus que d'habitude, là ! Ça ne me saoule pas, mais c'est un peu nouveau. Il faut apprendre à gérer ça. C'est intéressant, mais il ne faut pas y dépenser trop d'énergie. Le principal est que je fasse mon job sur le court. 

J'ai adoré jouer pendant le confinement

On a vraiment l'impression que tu es très posée, les deux pieds bien sur terre, la tête bien vissée sur les épaules...
C'est possible, mais je suis surtout quelqu'un d’extrême. Si je décide de progresser en endurance, je suis capable de courir deux heures par jour. Mais sinon, oui, je suis assez calme. C'est vraiment intéressant sur le court depuis que je travaille avec Manu (Emmanuel Planque). C'est un point sur lequel il insiste beaucoup. Je me rends compte que ça m'apporte énormément de positif et que ça me permet de faire la différence face à certaines filles. Notamment les jours où mon tennis n'est pas top, ça m'a vraiment permis de ne pas couler.

Pour finir, le fait d'avoir eu accès à un court de tennis pendant le confinement t'a clairement été bénéfique, malgré ce que pouvaient dire certains sur le fait d'avoir trop joué pendant cette période étrange...
Je ne comprends pas trop les gens qui disaient ça. Pour moi, ce n'est pas une contrainte d'aller m'entraîner, plutôt un plaisir. Pendant deux mois, je n'avais pas grand-chose à faire si ce n'est passer du temps avec ma famille et m'entraîner, ce qui m'a permis de débloquer certaines choses. J'ai adoré jouer pendant le confinement. Du coup, c'était clairement un avantage par rapport à ceux qui n'avaient pas accès à un court. Ces cinq mois ont été tout sauf une perte de temps pour moi.

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